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Saint Paul affirme que tout le monde n’est pas en condition de recevoir la Communion : "On doit donc s’examiner soi-même avant de manger de ce pain et de boire à cette coupe. Celui qui mange et qui boit mange et boit son propre jugement s’il ne discerne pas le corps du Seigneur." (I Cor 11, 28-29). Ces paroles mettent en relief la gravité du sujet, mais elles ne fournissent pas de critère clair pour définir quand nous sommes dignes de communier au corps ou au sang du Christ et quand nous ne le sommes pas. Pour cette raison, comme tant d’autres affaires, celle-ci est toujours amplement débattue.
Qui peut bien affirmer qu’il est saint ?
Les Corinthiens semblent avoir eu leur petite idée sur le sujet. Il est donc important de se référer aux récits connus de la vie de l’Église primitive. Vers la fin du Ier siècle ou le début du IIe siècle, avait été écrite la Didachè ("l’Enseignement des douze Apôtres"), où l’Eucharistie occupe une large part. Après avoir indiqué que le sacrement est destiné aux seuls baptisés, il est écrit : "Si quelqu'un est saint qu'il s'avance ! S'il quelqu'un ne l'est pas, qu'il fasse pénitence". Bien qu’il nécessite une précision ultérieure, à la lumière de ce critère – demeurant toujours valide – tout le monde comprend de quoi il retourne.
Comme Ponce Pilate demandant à Jésus ce qu'était la vérité, nous pourrions répondre : qui peut bien affirmer qu’il est saint ? Libre de tout péché, personne. L’approche vers la Communion ne peut être que pénitentielle : elle nous appelle à nous purifier autant que nous le pouvons. Il s’agit de chercher à se rendre digne de recevoir la communion (corps et sang du Christ) et d'entretenir la communion d’âme avec le Seigneur (ne faire qu'un avec Lui).
La recherche du sacrement de Pénitence
Allons plus loin. Il existe des situations qui varient au même titre qu’il existe différents types de péchés. Le péché mortel anéantit totalement cette communion. Il nous prive d'accès à la communion eucharistique et rompt l'état de grâce, il nous prive de la grâce sanctifiante dont Dieu nous comble. Dans ce cas précis, la pénitence requise et la condition préalable à toute nouvelle communion eucharistique sera de rechercher le sacrement de Pénitence.
En effet, s'appuyant sur l'évangile dont nous vous donnions un court extrait plus haut, le Code de droit canonique (et le catéchisme de l'Église catholique) prévoit que celui qui a conscience d’être en état de péché grave ne célèbre pas la messe ni ne communie au Corps du Seigneur, sans avoir recouru auparavant à la confession sacramentelle (c. 916). Des exceptions reconnaissent un motif grave ou l’impossibilité de se confesser, auquel cas la personne est tenue de faire un acte de contrition parfaite, qui inclut la résolution de se confesser au plus tôt. Ce qui revient à dire qu’en toutes circonstances, la communion se reçoit avec la grâce de Dieu, et exige de s'en montrer digne grâce au sacrement de réconciliation.
Être dans la grâce de Dieu
Reste le péché véniel. Personne ne peut y échapper : se targuer d’être dépourvu de tout péché de ce type semble bien présomptueux. Dans l’histoire de l’Église, il existait un puritanisme catholique, appelé jansénisme (créé par Cornelius Jansen), qui avait restreint considérablement la communion. Interprétation scrupuleuse et extensive des écrits de Saint-Augustin, le jansénisme fut repoussé par le Roi (Louis XIV qui fit raser l'abbaye de Port-Royal) et l’Église. Il laissa pourtant de son empreinte jusqu’au siècle dernier, lorsque le Pape Pie X en effaça définitivement les vestiges. Assurément, la pénitence requise ne passait pas par ce chemin-là.
Quand on est en état de grâce, que l'on a simplement commis un ou plusieurs péchés véniels (que l'on s'en souvienne ou non), la pénitence est intérieure et se trouve incluse dans la liturgie. Le péché véniel n’empêche pas la Communion. Au contraire, la communion est l’aliment spirituel qui prodigue des forces pour le combattre. Seulement, il faut commencer par reconnaître nos péchés pour prendre part dignement aux mystères sacrés... Des paroles familières à ceux qui assistent à régulièrement la messe sont suivies d’un acte de contrition très complet. Ensuite, la liturgie nous rappelle que nous allons communier comme des "invités au banquet du Seigneur", que "nous ne sommes pas dignes de le recevoir". D’une certaine façon, cela aussi est une contrition ! Il est intéressant de constater qu’en dehors de la Messe du dimanche, la célébration de la Communion qui est bien plus brève, comporte elle aussi, ces deux actes de pénitence, les mêmes.
En résumé, il s’agit pour nous de ne pas quitter la grâce de Dieu. Même en état de grâce, nous ne sommes jamais entièrement dignes de recevoir le Seigneur. Cela n’est pas un obstacle pour communier, mais la dignité du sacrement nous exhorte à veiller à en demeurer le plus digne possible.