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Le Chemin de croix d’un réfugié Syrien

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Maher a porté la croix pendant l’une des stations de la “Via Crucis” hier. Un fardeau qu’il connaît bien.

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Près d’un million de jeunes se sont rassemblés dans la plaine de Blonia à Cracovie. Agenouillés. En silence. Les quatorze stations du chemin de croix du Christ s’égrainent en unissant les fidèles aux douleurs de Jésus, en les exhortant aux œuvres de miséricorde, piliers de la vie chrétienne, tout particulièrement cette année. S’unir aux épreuves qu’Il vécut devient limpide dans notre quotidien par la pratique d’une charité aimante, gratuite, désintéressée.

Les mises en scène artistiques et stylisées offrent de poser un regard nouveau sur la souffrance de Jésus, de l’appréhender d’une façon nouvelle, de s’en rapprocher un peu plus. Participer au chemin de croix lors de ces journées de la jeunesse prend une dimension toute autre : pendant ces journées de joie, de partage, de rencontre, cette étape rappelle que la croix, la souffrance sont au cœur de la vie. Que la douleur prend toute sa place dans la joie, qu’elles grandissent l’une avec l’autre, que la douleur est transfigurée par l’Amour et la joie.

Où est Dieu dans ce monde livré au mal ?

La densité de l’amour de Jésus pour les hommes se ressent fortement lors de ces stations si belles, que la beauté de la nature et l’intensité des morceaux musicaux ont accentué : “Où est Dieu si dans le monde il y a le mal ?” s’est interrogé le pape François ? Il n’est pas loin, Il est tout proche…

À la veille du week-end de clôture des Journées mondiales de la jeunesse, le Pape a exhorté les jeunes du monde entier à consacrer leur vie “au service gratuit des frères les plus pauvres et les plus faibles”, assurant avec insistance que c’est là que se jouait la “crédibilité” des chrétiens dans un monde qui se demande “où est Dieu”.

“Où est Dieu, si dans le monde il y a le mal, s’il y a des hommes qui ont faim, qui ont soif, sans toit, des déplacés, des réfugiés ?” Des “personnes innocentes victimes de la violence, du terrorisme, des guerres”, des enfants “exploités, humiliés”. “Dieu est en eux”! a répondu le Saint-Père.

Les “frères” syriens accueillis avec “affection”

“Si quelqu’un, qui se dit chrétien, ne vit pas pour servir, sa vie ne vaut pas la peine d’être vécue” a martelé le pape François, exhortant les jeunes “à devenir des protagonistes dans le service”, à devenir “une réponse concrète aux besoins et à la souffrance de l’humanité” et “un signe de son amour miséricordieux pour notre temps”.

Durant la Via crucis, de jeunes Syriens avaient notamment porté la grande croix des JMJ. “Frères syriens qui ont fui la guerre, nous les saluons et nous les accueillons, avait assuré le Pape, avec une affection fraternelle et avec sympathie”. Aleteia a rencontré l’un d’entre eux juste avant l’événement.

Ne jamais se résoudre à tuer

Maher est un réfugié syrien qui a dû fuir son pays il y a 6 ans. Lorsque son magasin a été incendié et brûlé, les malfaiteurs ont laissé une note : “Vous serez le prochain“, l’alternative était claire : prendre les armes et des mesures de rétorsion, ou s’échapper. Maher ne voulait pas tuer. Il ne pouvait s’imaginer priver une autre personne de ses rêves, ses aspirations et son avenir. Aujourd’hui, grâce à l’aide de la communauté Sant’Egidio, il vit en ltalie.

Aleteia : En collaboration avec la communauté Sant’Egidio, vous serez en charge de la première station du Chemin de Croix.
Maher : Je suis très reconnaissant à Sant’Egidio de m’avoir permi de venir en Pologne. Je n’aurais jamais osé rêver de visiter votre pays. Pas plus que d’être un jour en mesure de rencontrer François, d’ailleurs !
Je crois que la prière est la meilleure façon de garantir la paix. Par conséquent, je souhaite sincèrement que la prière de tous les fidèles réunis ici pour les Journées Mondiales de la Jeunesse contribuera à restaurer la paix en Syrie.

Qu’est-ce que le Chemin de la Croix signifie pour vous? Beaucoup de gens trouvent que c’est une prière difficile.
Le Chemin de Croix est précisément ce que je vis et ressens en tant que Syrien : beaucoup de sang coule, la souffrance et la mort sont omniprésents là-bas. Nous, les Syriens ne souhaitons à personne d’éprouver ce que nous devons subir. Quand je regarde ce qu’il s’est passé récemment en France, l’assassinat d’un prêtre, je pense à la Syrie qui subit ces crimes au quotidien. Voilà pourquoi j’ai apporté le drapeau de mon pays spécialement pour cet événement.

Vous demandez-vous parfois pourquoi votre peuple et votre pays subissent tant de souffrances ?
Je ne sais pas, peut-être que de telles choses se produisent dans la vie sans qu’on les veuille. Il est vrai que l’horreur dure depuis des années maintenant et nous n’en voyons pas la fin. Tout le monde est contre nous. Il n’y a personne pour parler en notre faveur. Seul Dieu est avec nous et peut nous protéger.

Avez-vous déjà blâmé Dieu pour le mal que vous avez vécu ?
Dieu n’est pas à blâmer pour ce qui se passe en Syrie ; les hommes sont à blâmer pour cela. Jésus-Christ n’est pas un Dieu criminel. Il est un Dieu d’amour et de paix.

 

Propos recueillis par Anna Sosnowska, rédactrice en chef de l’édition polonaise d’Aleteia.

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