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Le monde s’embrase. Les chaines d’information égrainent les faits, en France, en Allemagne, à Orlando, France de nouveau, Nice il y quelques semaines, hier, une église normande, demain en Irak, en Syrie, dans les Balkans, qui sait, puisque plus personne ne semble être à l’abri.
Nous vivons dans l’ère de la réaction, une réaction qui se veut immédiate, imperturbable, et partagée par tous. Logorrhée de bons sentiments sur les réseaux sociaux, condamnation "ferme" de nos politiques, qui n’ont rien d’autre à opposer aux ennemis de leurs peuples que des communiqués bancals servis entre deux flashs info.
On a dit à mi-mot que l’ennemi commençait à se découvrir. Salafisme, marginalité, frustration sont les excuses accordées à des hommes et des femmes désorientés qui égorgent, saignent, abattent, agressent, violent à tour de bras.
Que le bon peuple soit rassuré, le conflit a lieu loin de nos frontières, nous n’en percevons que quelques échos, et quels échos... Les cibles des terroristes ont toujours été les mêmes, lieux publics, boites de nuits, centres commerciaux, etc. C’est contre un occident consumériste, condamnable et condamné qu’ils veulent opposer un califat propre sur lui, shariatiquement correct, qui mettra fin à la pornographie généralisée qui gangrène l’occident moderne affublé d’une décadence le rendant haïssable.
Puis les choses changent. Dans leurs vidéos de propagande, les djihadistes appellent à une guerre sainte. Eux livrent une lutte acharnée, lutte qui se soldera par l’accomplissement d’une promesse faite à un dieu étranger, l’Oumma règnera sur le monde ou le monde ne sera plus.
Nos élites minimisent cet aspect du conflit "naissant" et pourtant bien entamé. Car de notre côté, à part compter les morts et enclencher quelques frappes aériennes de l’autre côté de la méditerranée, il est semble t-il impossible de penser cette lutte, et faire mention d’un choc de civilisation relève d’une lubie identitaire et basse du front. Nos ministres agiteront leurs pincettes, courbettes et langue de bois, larmes sèches, cœurs vides, réaction timides ou maladroites.
En ce triste jour, pourtant, la donne semble changer. Jusqu’à maintenant, les seuls martyrs qui nous étaient présentés portaient la barbe, ils actionnaient une ceinture d’explosifs, vidaient des chargeurs dans une salle de concert, dans la rédaction d’un journal, dans un club gay. Lieux en toute chose opposés à une paisible église de village, cloché centenaire comme il en existe des milliers en France. Aujourd’hui, la terreur a pris pour cible un sanctuaire, elle a enfin acté cette évidence volontairement ignorée depuis plusieurs années. Djihadiste, c’est à la France chrétienne que tu t’attaques, c’est la fille ainée de l’Église que tu veux mettre à genoux. En égorgeant un prêtre et l’un de ses paroissiens, c’est au berger et à ses brebis que tu t’attaques, c’est la victoire de l’Amour sur la mort, remportée par Notre Seigneur que tu veux profaner. Mais les chrétiens ont ces curieuses manies d’avoir la tête dure et de voir la souffrance comme une infection bénigne, supportable tant qu’il est possible de prier.
À vous, Monsieur l’abbé, priez pour le salut de nos âmes, et nous prierons, comme nous l’avons déjà fait, pour le salut des innocents enlevés à cette terre sans avoir eu la chance de se défendre. Avec plus de courage encore, nous tenterons de prier pour le salut de vos bourreaux. Nous prierons, et nous répèterons vos noms pour ne pas oublier, car notre foi chrétienne est faite de pureté et de courage, elle est planche de salut, elle est mère de bonté et de joie, d’une Grâce à jamais parfaite.
Prenons cet acte comme une provocation, provocation qui doit éveiller nos convictions chrétiennes, nous faire entendre leur force, nous en souligner la grandeur. Georges Bernanos l’avait dit en ces mots : "Amère ironie de prétendre persuader et convaincre alors que ma certitude profonde est que la part du monde encore susceptible de rachat n’appartient qu’aux enfants, aux héros et aux martyrs". Après les larmes et la colère, il sera peut-être temps de se dresser, toujours et en tous lieux contre les émissaires d’un ordre nouveau qui veut balayer nos vies, notre mémoire, notre Foi, et, comme le disait encore Bernanos, dans nos cœurs, "toute espèce de vie intérieure". L’attaque appelle une réponse ferme, qu’elle soit panache et intelligence, et que nos chers djihadistes le sachent ; nous, chrétiens, n’avons peur de rien, car à la suite de Léon Bloy, nous n’avons que faire de vos lâches affronts, et nous attendons, impatients, "Les cosaques (que vous êtes) et le Saint Esprit".