Le corps ne laisse pas toujours voir le cœur !En puisant dans les dynamiques psychologiques liées à une relation amoureuse à ses débuts, on peut aider les jeunes à découvrir que la chasteté avant le mariage n’est pas une privation de leur liberté ou un joug imposé par l’Église. Au contraire, elle est une véritable richesse qui aide à la maturation de la relation, et leur permet d’entamer la construction d’un lien durable.
Connaître par l’acte sexuel : un leurre
Contrairement à ce que l’on entend souvent, l’intimité sexuelle laisse aux fiancés moins d’espace nécessaire pour mieux découvrir et valoriser chacun toutes les dimensions de l’autre – pas seulement son corps, mais davantage, ses valeurs, ses vertus, son intériorité. L’acte sexuel dans une relation encore appelée à se confirmer par le mariage peut en effet développer l’impression de “connaître” déjà totalement l’autre. De sorte que, ayant accès à son intimité corporelle, “le connaissant”, on pense désormais ne plus avoir grand-chose à explorer chez lui ou chez elle.
Or, ce sentiment est potentiellement porteur d’erreurs de jugement, selon que cette intimité sexuelle est satisfaisante ou non pour l’un ou l’autre. Dans le premier cas, on avance dans la relation en pensant que celle-ci fonctionnera parfaitement du fait de la “bonne entente sexuelle”, et dans l’autre par contre, on conclut rapidement qu’on s’est trompé parce qu’on n’en ressort pas “satisfait”. C’est en effet un leurre car on connaît sans doute le corps, mais certainement pas, à travers celui-ci, la personne dans son intériorité, et par conséquent, ce qu’elle est ou n’est pas, ce qu’elle a à nous offrir affectivement et spirituellement. Le corps ne laisse pas toujours voir le cœur !
Le risque de “lassitude du corps”
De plus, en établissant une intimité sexuelle, les fiancés peuvent en arriver à une fixation sur le corps au détriment du cœur avec lequel il est pourtant, au préalable, indispensable d’entrer en relation harmonieuse. Il pourrait alors s’en suivre une dérive passionnelle construite sur le sexe, potentiellement destructrice ainsi que le risque de “lassitude de ce corps” qui comporte lui-même celui de “passer” à une autre “expérience” mettant toujours un accent sur l’union corporelle.
Une relation ne sera durable que si elle repose avant tout sur le lien de cœur et d’esprit, l’union corporelle intervenant comme la concrétisation ou, pour parler comme les jeunes, la “conclusion” de l’élan affectif. Pendant le temps des fiançailles, ce lien de cœur peut se construire par des gestes de tendresse réciproques, d’attention et de délicatesse, lesquels sont, même pour les couples mariés, décisifs pour renforcer la relation.
Apprendre à se maîtriser
Sur un autre plan, la chasteté permet d’apprendre à se maîtriser. Cela forge le respect mutuel, qui irriguera pas seulement celui du corps mais aussi tous les autres aspects de la relation. La conscience de sa propre dignité et de celle de l’autre grandit dans le respect de son propre corps et ensuite celui de l’autre. C’est l’occasion de rappeler que le respect est toujours un critère de premier ordre de l’amour ; il n’y a pas d’amour sans respect (François Ossama, Comment parvenir à un mariage heureux, Éditions Mengue, p. 19).
Parler de chasteté avant le mariage, ce n’est pas s’inscrire dans une approche négative de la sexualité. Au contraire, il s’agit d’affirmer une vision de celle-ci qui n’est positive que dans la mesure où elle s’écarte des vices comme l’égoïsme qui recherche exclusivement le plaisir physique. Par une continence vécue positivement, les fiancés réalisent un tel exercice de purification. Ils entreront alors dans le mariage avec une conception de la sexualité qui intègre la dignité et la liberté de chacun, et qui, tout en participant du bien des époux, ouvre l’amour à la fécondité. Disons par conséquent aux jeunes que l’acte sexuel “ne fait pas l’amour”, mais il vient “manifester l’amour” lorsque celui-ci a acquis sa confirmation par un engagement d’union définitive.