Selon le désir du pape François, la mémoire liturgique de Marie de Magdala a été élevée au rang de fête dans le calendrier romain, le 22 juillet.
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Marie Madeleine est la première à rencontrer le Christ ressuscité, la première à lui rendre témoignage devant les Apôtres. C’est pour cela qu’on l’a appelée “l’apôtre des Apôtres”. Je lui laisse la parole, à la suite de ma méditation des évangiles que l’on retrouve dans Jésus raconté par ses proches ( Éditions Parole et Silence-Novalis, 2015).
La rencontre avec le Christ
Je ne faisais pas partie du groupe des Douze, mais cela ne m’a pas empêché d’être très proche de Jésus. Il est venu me chercher loin, le Fils de l’Homme inespéré, pour me délivrer des démons et des passions qui m’enchaînaient à d’autres ports. Sa parole m’a soufflé le cœur à l’ombre des palmiers de Magdala. J’ai rejoint le groupe des femmes-disciples pour le suivre avec ses apôtres. J’ai pleuré sur son corps ensanglanté à la croix, à côté de la mère immaculée. De grand matin, j’ai enjambé l’aurore au tombeau. Je l’ai vu et reconnu quand il a prononcé mon nom. C’est ainsi que j’ai été la première à témoigner de sa résurrection aux disciples incrédules, devenant ainsi l’apôtre des Apôtres.
On m’appelait la Madeleine. Je vivais à l’extérieur de moi-même. Je m’engouffrais dans le plaisir éphémère de la chair pour échapper à mon âme qui s’affaissait avant le corps. C’est tellement délicat, imperceptible, une âme qui se meurt, comme une fleur flétrie au jardin, une source tarie dans la forêt, une flamme éteinte au bord du lit. Il fallait quelqu’un pour la ranimer.
Jésus ne m’a pas jugé. Il est venue me chercher par ses paroles de bonté, moi sa brebis perdue. Alors qu’il avait été invité à manger chez un pharisien, j’entrai dans la maison. Je me dirigeai vers Jésus et m’agenouillai près de ses pieds. Je posai par terre un flacon d’albâtre en forme d’amphore contenant un parfum. J’enlevai le voile de ma tête ainsi que les bagues de mes doigts et je pris dans mes mains les pieds de Jésus en délaçant ses sandales. Je les mouillai de mes larmes, les essuyai avec mes cheveux, les couvris de baisers et je répandis sur eux le parfum. Jésus tourna lentement la tête et fixa sur moi son regard de pardon. Je pleurai de repentir. Il dit au pharisien Simon :
Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour.” (Lc 7, 44-47).
Jésus a pardonné tous mes péchés. Il m’a dit : “Ta foi t’a sauvée. Va en paix !” (Lc 7, 50). Je n’étais plus une prostituée, mais une femme repentie, assoiffée d’amour vrai, une âme pardonnée que la grâce divine avait épousée. J’étais passée de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière.
En traversant les villages de la Galilée avec Jésus et ses disciples, je subissais les humiliations des gens qui m’avaient connue. J’affrontais le mépris de mes anciens amants, l’hostilité grandissante des pharisiens, l’incompréhension de quelques apôtres. Vêtue sobrement, j’endurais tout pour l’amour du Maître. Cela me fortifiait intérieurement. J’acceptais d’éclairer comme une petite lampe au lieu de briller comme une étoile, car c’était lui la lumière du monde qui chassait les ténèbres de ma vie.
Mon caractère passionné était le même, mais orienté pour le service du Bien-Aimé. J’étais aussi déterminée dans le bien que je l’avais été dans le mal. J’avais retrouvé ma nature profonde de fille du Père, ce que les autres ne voyaient pas. Ils critiquaient Jésus de me faire une place parmi ses intimes. J’avais choisi la meilleure part, faisant ma demeure dans sa Parole. Il avait apaisé la tempête qui déferlait jadis dans mon corps pour faire de ma vie une pêche miraculeuse.
Jésus dérangeait. Il était le Messie doux et humble de cœur; ce n’était pas ce que de nombreux Juifs attendaient. Il n’était pas venu nous délivrer des Romains mais du péché et de la mort. Son royaume n’était pas temporel mais spirituel. Quand à Jérusalem on l’a entendu dire : “Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai” ; les grands prêtres décidèrent de le tuer. Lui parlait du temple de son corps, mais avant sa résurrection, il y avait la croix.
Jésus a été trahi par son apôtre Judas. Il a été accusé en secret, torturé. Je l’ai suivi du mieux que j’ai pu durant sa Passion. J’étais là sur le Calvaire quand on l’a crucifié et qu’il rendit le dernier souffle. J’étais là avec Jean, soutenant Marie entre mes bras. J’ai ramassé les clous et la couronne d’épines avec les autres femmes. Nous sommes descendus vers le tombeau, laissant la croix nue, au milieu des deux larrons qui mouraient. J’étais là lorsqu’on a déposé Jésus dans le tombeau de Joseph d’Arimathie. J’ai communié à l’immense désolation de sa mère qui nettoyait le corps de ses larmes, ce corps de Dieu qui avait connu tout de l’homme, sauf la faute consommée. Les blessures du fils et de la mère ont guéri les nôtres. Lire la suite sur le blogue de Jacques Gauthier