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La seconde vie des églises et des chapelles

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Aurélien Tournier - published on 18/07/16
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Accueil de co-workers, centre d’affaires ou simple location, la destinée de certains lieux de culte peut parfois surprendre…“Exceptionnel et rare, La Côte-Saint-André, église à louer pouvant convenir à un brocanteur, dépôt, stockage, antiquaire, possibilité de garer plusieurs véhicules etc. Loyer mensuel 790 euros ; surface au sol environ 400 m², terrain 2000 m²”. Plusieurs sites Internet relayent cette annonce concernant l’église Saint-Camille située à La Côte-Saint-André, en Isère. Mais il ne s’agit point d’un canular. L’édifice construit au XIXsiècle appartient en effet à un particulier. Et ce dernier a choisi de le mettre en location.

“Camille Rocher avait légué 200 000 francs à la commune de La Côte-Saint-André en décembre 1878. Cette somme devait permettre la construction d’une église et d’un presbytère. Le maire a engagé les travaux trois ans plus tard. Puis les ouvriers avaient demandé de pouvoir l’utiliser. Il y a un peu plus d’une dizaine d’années, l’église a été rachetée par une association, soucieuse de la préserver”, raconte une habitante. Difficile d’en savoir plus. D’après l’agence en charge du bien, le propriétaire ne souhaite plus s’exprimer auprès des journalistes et refuserait par ailleurs tout reportage vidéo. L’agence a également coupé court à notre conversation.

Un centre d’affaires

Mais pour d’autres édifices religieux, l’avenir se dessine peu à peu. C’est notamment le cas de l’église – inachevée, désaffectée et désacralisée – Saint-Bernard. Elle avait été édifiée entre 1857 et 1866 à la demande des canuts. Après le rattachement de la colline de la Croix-Rousse à la ville de Lyon en 1852, ces derniers avaient réclamé une nouvelle église, l’église Saint-Polycarpe ne suffisant plus pour réunir à elle seule tous les fidèles du quartier. Le bâtiment n’avait toutefois pas été achevé, faute de moyens financiers. Saint-Bernard est bénie et consacrée en août 1866, sans parvis ni clocher. Le percement du tunnel du funiculaire, reliant la place Croix-Paquet à la place de la Croix-Rousse, viendra par la suite perturber la stabilité de l’édifice. Au fil des années, compte tenu des désordres structurels et géotechniques constatés, la pratique du culte ne peut s’exercer de manière régulière. Un arrêté préfectoral, en date du 3 mars 2008, prononce la désaffectation de l’église. Elle sera désacralisée le 8 juin 2016 par le cardinal Philippe Barbarin.

La ville de Lyon, qui en est propriétaire, a ainsi choisi de la transformer en un lieu “de vie sociale, d’échange et d’activité économique”. “Ce projet (…) s’inscrit dans une tendance de fond de la reconversion d’édifices dédiés au culte. En effet, la baisse de la pratique religieuse associée aux coûts financiers que représente pour les communes l’entretien des églises, nécessite de repenser leurs usages”, indique-t-elle d’ailleurs dans un communiqué.

L’église Saint-Bernard devrait accueillir un café, un restaurant ainsi qu’un centre d’affaires. S’y mêleront des espaces de bureaux privatifs, des espaces de travail partagés ainsi que des salles de réunion et des zones de détente. Et avec ce projet, Saint-Bernard aura enfin son parvis. Ouverture prévue fin 2019. Investissement : environ 10 millions d’euros.

Espace de coworking

C’est un tout autre projet qui verra le jour dans la Drôme à l’horizon 2017. Certains y auraient davantage vu un espace culturel. D’autres se posent d’ores et déjà la question du futur coût en terme de chauffage. L’annonce de la mise en place d’un espace de coworking dans l’ancienne chapelle de l’hôpital de Romans-sur-Isère a en tout cas fait réagir ces jours derniers.

C’est vers 1840 que la municipalité de Romans-sur-Isère décide de construire une chapelle en marge des bâtiments de soins. Il fallait que l’édifice soit accessible aux habitants du quartier. La chapelle est consacrée le dimanche 26 octobre 1845 par Mgr Chatrousse, évêque de Valence. Elle est dédiée à “l’Assomption de la Très Sainte Vierge”. D’après une notice de Laurent Jacquot, en date de février 2008, un texte de l’époque soulignait qu’elle abritait les reliques “de la Vraie Croix, du voile de la très Sainte Vierge, de saint Louis de Gonzague, de sainte Philomène, de saint Antoine, de saint Vincent de Paul”. En 1981, l’hôpital est transféré aux portes de la ville, route de Tain. La ville achète le tènement de l’ancien hôpital, avec la chapelle. Se pose alors la question de l’affectation. Le culte n’y est plus célébré. Ni la paroisse Saint-Bernard, ni même l’aumônier de l’hôpital ne demandent son maintien. En 1988, la ville demande officiellement à l’évêque de Valence la désaffectation de la chapelle. La réponse sera positive. Par la suite, la chapelle est dépouillée de son mobilier ; les vitraux, ni protégés ni déposés, sont brisés à coup de pierre, et la nef est transformée en dépôt. Plusieurs associations locales y ont d’ailleurs stocké ces dernières années des bouchons ou encore du mobilier.

Depuis son arrivée à la tête de la ville, le maire de Romans a présenté plusieurs biens à des investisseurs. Dont le tènement sur lequel trône l’ancienne usine Charles Jourdan, ou encore cette chapelle… qui a enfin trouvé preneur. Cédric Ceyte, fondateur d’une agence de communication basée à Valence, et deux autres chefs d’entreprise drômois, ont décidé de transformer le lieu en coworking. Il accueillera aussi quelques entreprises. Outre des bureaux, l’édifice accueillera également des espaces de vie. Des soirées à thème ainsi que des conférences devraient aussi y être organisées. Son nom : Archipel. Montant de l’investissement : au moins 600 000 euros. Livraison : fin 2017.

Les catholiques favorables à la réhabilitation des églises non entretenues

À l’occasion des 20 ans de la Fondation du patrimoine, un sondage sur “Les Français et le patrimoine de proximité” a été mené par la Caisse d’Épargne, avec le concours d’Opinion Way. Celui-ci a été publié en février dernier. On y apprend notamment que 71% des interviewés se déclarant de confession catholique étaient favorables à la réhabilitation des églises non entretenues en bâtiments civils (bibliothèques, librairies, cafés, habitations, salles de concerts, etc.).

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