Hier en début de soirée, une part de l’armée turque a fomenté un coup d’état contre le gouvernement d’Erdogan.
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Alors que de forts soupçons pesaient devant l’agitation inhabituelle de l’armée et que l’inquiétude croissait, le premier ministre turc Binali Yildrim a confirmé : la Turquie faisait face à une tentative de coup d’état émanant de l’armée.
Depuis la réélection contestée du Président, on a pu constater une certaine dérive totalitaire : fermeture des médias libres ou d’opposition, mainmise sur la liberté de la presse et de l’information… Et un Erdogan d’apparence de moins en moins hostile à un certain rigorisme islamique englué dans des affaires de corruption touchant toutes les strates du pouvoir.
Il est une chose qu’il faut savoir et comprendre concernant l’état turc moderne : fondé sur les valeurs de la laïcité, du populisme et de la démocratie, la Turquie de Kemal Ataturk accorde à l’armée un rôle central si ce n’est prioritaire, l’armée est en effet déclarée gardienne des principes kémalistes. Fonction qui faisait d’elle le dernier véritable contrepouvoir face à la toute puissance politique de l’actuel chef d’état turc. Un grand paradoxe pour Erdogan puisqu’il a été comparé de nombreuses fois à Kemal et c’est aujourd’hui l’armée, gardienne du kémalisme, qui tente de lui barrer la route.
Les faits
Dans la nuit du 15 au 16 juillet, les forces armées turques se sont déployées à Ankara et Istamboul. Elles ont arrêté leurs chef d’état-major, proche du pouvoir, verrouillé les ponts et les accès stratégiques et pris position dans les principales chaines d’information.
Décrétant la loi martiale et le couvre-feu, l’armée a ensuite déclaré tenir le pays. Information démentie par le président Erdogan qui, en direct à la télévision, via le smartphone de la présentatrice, a rappelé qu’il était le chef de l’état et que les traitres responsables de ce coup d’état seraient sévèrement punis.
La déclaration du Président est intervenue alors que le chef d’état-major est aux mains des putschistes et que son numéro deux, Umit Dündar s’est désolidarisé du coup d’état en cours. On ne sait donc pas encore de manière certaine qui est aux commandes. Mais tous les regards se tournent actuellement vers la Pennsylvanie, lieu d’exil de Fethullah Gulen, grand opposant à Erdogan, favorable à une démocratie intégrale et au dialogue interreligieux. Il est considéré comme un modéré. Jean-Paul II l’avait d’ailleurs rencontré. La piste Gulen n’est pas à exclure puisqu’il compte de nombreux soutiens dans l’armée.
Toutefois, à l’appel du Président Erdogan, des milliers de turcs le soutenant sont descendus dans la rue, certains chars et avions de combat ont ouvert le feu aux alentours du Parlement, et d’après des témoins locaux, des soldats auraient été lynché aux cris de “Allah Akhbar”. Erdogan bénéficie encore de nombreux soutiens, notamment dans le peuple. La police a également appelé à manifester contre le coup d’état, la partie semble donc chaude pour les militaires qui ont dû tirer à plusieurs reprises. Des rassemblements se multiplient sur tout le territoire turc. Depuis Washington le président Obama a appelé à soutenir le gouvernement turc « démocratiquement élu » et à « éviter les bains de sang ».
On a cette nuit du mal à entrevoir comment sans soutien populaire et sans s’être assurés de la personne d’Erdogan et maintenant que ce dernier bénéficie du soutien américain, les putschistes puissent réussir leur entreprise de prise de pouvoir.