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Dans un monde qui désespère, comment rester dans l’espérance ?

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Catherine Soudée - publié le 13/07/16
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Dans notre monde qui va mal, difficile d’en parler…

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L’auteur, Adrien Candiard, dominicain, est né en 1982. Il décrit notre monde qui désespère. En France, on rencontre quotidiennement des raisons de désespérer, et dans les pays pauvres, aussi… On serait aussi malheureux en France qu’ailleurs. Il semble que la France connaisse un malaise, une dépression généralisée. Et pourtant, il faut parler d’espérance ! Foi, espérance et charité sont les trois vertus théologales. Dans le pessimisme ambiant, il nous faut retrouver la vertu d’espérance. Pourtant, il serait plus rationnel d’être pessimiste, ainsi on ne risque pas d’être déçu !

Jérémie, un modèle d’espérance ?

L’auteur fait un parallèle avec le livre de Jérémie : en 587 avant Jésus-Christ,  Jérusalem va mal. Le peuple décide que Dieu les aidera et ils lancent une rébellion contre l’Empire de Babylone. Mais Jérémie prêche la défaite, la soumission au roi de Babylone. Il est plus réaliste. En fait il a raison d’être pessimiste : le roi de Babylone prend la ville, détruit le Temple. Mais Jérémie annonce alors que Dieu va tout recréer à partir de rien. Jérémie est donc un modèle d’espérance (mais pas dans un optimisme béat).

Il y a tant de raisons de désespérer…

Adrien Candiard commence par nous donner toutes les raisons que nous avons de désespérer. On ne parle que de crise économique, de chômage, d’angoisse, de stress. L’arrivée des immigrés nous fait peur. Les grands parents n’arrivent plus à transmettre la culture à leurs petits enfants. On rencontre une explosion de la violence. Au XVIIIe, XIXe et XXe siècle, on espérait dans le progrès, aujourd’hui, c’est fini. Le réchauffement climatique est une catastrophe écologique, etc.

Quant à l’Église, elle va mal, elle recule ; elle connaît un effondrement des vocations de prêtres : leur nombre a été divisé par deux en vingt ans. La pratique dominicale ne concerne plus que 5% des Français. Les chrétiens sont mélancoliques, désespérés, les fêtes chrétiennes disparaissent, les médias parlent de plus en plus de l’islam…

En lisant cette première partie, on plonge dans la tristesse et on désespère. On a envie de s’arrêter et de fermer le livre, quand on lit soudain la phrase suivante : “C’est dans ces ruines de notre Jérusalem que nous avons besoin de la leçon de Jérémie. Aujourd’hui nous sommes murs pour l’espérance”. Pour parler de l’espérance, il faut peut-être regarder d’abord le désespoir en face…

Peut-on finalement retrouver l’espérance ?

Dans la deuxième partie, l’auteur nous explique que l’espérance n’a rien à voir avec l’optimisme. Il cite Bernanos : “L’espérance chrétienne ne réclame pas d’optimisme, mais du courage”. Pour espérer vraiment, il faut renoncer à l’illusion. On lit dans le livre de Jérémie : “Maudit soit celui qui met son espérance dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair”. Où plaçons nous notre espérance ? Il faut mettre notre espoir en Dieu.

“Pour espérer en Dieu, il faut accepter d’abord de quitter toutes les autres espérances.” Comme au temps de Jérémie, nous devons accepter une purification. “Nous n’avons plus tellement d’autres choix que le désespoir devant la catastrophe ou l’espérance en Dieu.”

L’important, c’est la saveur du réel : “Il faut laisser les morts enterrer leurs morts, et regarder le monde en face”, nous dit Adrien Candiard. “Nous avons à renoncer à voir se réaliser, même partiellement, le triomphe de l’Église, pour accepter le paradoxal triomphe de la Croix.” Jésus Lui-même a prédit la persécution, c’est le cas dans beaucoup d’endroits de la planète. “Dieu nous a voulu ici en ce temps déroutant, où notre misère force son amour à se manifester avec plus de force ».

Une espérance qui passe par le don et l’amour

Dieu fait juste une promesse à Jérémie, toujours la même : “Je serai avec toi”. Pour l’auteur, cela exige de renoncer à toutes les consolations imaginaires, qui nous déçoivent toujours. Dieu n’existe que dans le monde réel. C’est le Dieu du présent. Il ne se rencontre que dans la vraie vie, le vrai monde.

L’espérance chrétienne nous dit que Dieu s’est donné en premier : “Nous n’espérons en Dieu que parce que nous le possédons déjà”. Saint Augustin nous dit que “le bonheur, c’est de continuer à désirer ce que l’on possède déjà”.

Le salut passe par la croix. Quand on parle de salut, on ne parle pas seulement de la vie après la mort : “La vie éternelle commence maintenant et se poursuit éternellement, nous dit l’auteur. Espérer, c’est croire que Dieu nous rend capables de poser des actes pour la vie éternelle”. Les actes d’amour que nous posons construisent, dans notre monde déjà, l’éternité, le Royaume de Dieu.

“Espérer, c’est croire que l’amour est plus solide que le reste.”  Il faut prendre l’occasion d’aimer dans toutes les contrariétés. En tant que chrétien, “il est normal que nous soyons nous aussi fixés à la croix”. “Nous n’emporterons au paradis que ce que nous avons su transformer en amour.” Le livre nous invite finalement à faire toute chose par amour, en nous appuyant sur l’Eucharistie, don suprême de Dieu pour nous sauver.

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Veilleurs, où en est la nuit ? Petit traité de l’espérance à l’usage des contemporains d’Adrien Candiard. Éditions du Cerf, 2006. 10 euros.

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