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Histoires de miracle (4/5). “Depuis ma guérison, je prie sans cesse”

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Famille Chrétienne - publié le 10/07/16
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“Ma vie était du toc”, pensait Suzanne qui se considérait comme une pécheresse, jusqu’à ce jour de mai 2003 où elle se rendit à Lourdes…

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Divorcée remariée, avec un enfant né hors mariage, Suzanne voyait sa sclérose en plaques comme une punition du Ciel…

“La Grotte, franchement, je ne voulais pas y aller. Cela faisait trois jours que j’étais à Lourdes et je n’avais qu’une hâte : rentrer chez moi. Je ne supportais plus le sourire permanent des hospitaliers, la gentillesse de ces dames en bleu qui passaient leur journée à pousser mon fauteuil roulant. Cela ne pouvait être que de la pitié. L’amour, ça n’est pas gratuit. La “SEP”, c’était la punition de Dieu ; je ne méritais rien d’autre. Je n’étais qu’une “pécheresse” : une divorcée remariée, avec un enfant né hors mariage, qui avait passé sa jeunesse à grimper les échelons d’une carrière en manipulant, et en écrasant les autres.

“Ma vie était du toc”

SEP, c’est la sclérose en plaques : une inflammation des gaines nerveuses qui vous paralyse plus ou moins vite. On n’en meurt pas, mais c’est presque pire. La maladie m’est tombée dessus à la fin 1996. J’y ai réagi en battante : grâce à mon mental, je serai plus forte que la maladie. Je me suis remariée en l’an 2000. En 2002, j’ai dû acheter une canne ; en 2003, je me suis retrouvée en fauteuil roulant. Au total, treize poussées de sclérose en sept ans et demi.

Cette maladie est une horreur, mais elle a permis de me révéler que ma vie, c’était du toc. Je l’avais construite sur les apparences, la quête du pouvoir et de l’argent, sur des pseudo-valeurs qui soudain sonnaient creux. Le décor s’écroulait sur du vide. À l’époque, il ne fallait pas me parler de Dieu. Quant à “Marie toujours vierge”, cela me faisait bien rigoler… Mais j’ai rencontré un vieux prêtre très bon qui m’a incitée à voir clair dans l’histoire de mon mariage (avec un séducteur escroc : mariage express et ses dettes à rembourser). J’ai donc entamé une procédure de reconnaissance de nullité. Par son amour et sa lumière, ce prêtre a contribué à me rendre plus humaine. Avec lui, j’ai commencé à pleurer. Lourdes n’était pas au programme ! Jusqu’à ce qu’une idée saugrenue s’impose à moi, le 11 février 2003, en pleine nuit : “Je veux aller à Lourdes”. Cela a recommencé deux fois. Je me suis même dit : “Que se passe-t- il ? Je ne crois ni en Jésus, ni en Marie, ni en l’Église. Et Lourdes, c’est du business et du folklore !”. Peu de temps après, je croise deux religieuses. Je leur raconte mes injonctions intérieures. Elles m’interrogent sur les dates, et sourient comme s’il s’agissait d’une évidence : “Ce sont les dates des apparitions de la Vierge à Bernadette. C’est un signe merveilleux, merci Seigneur ! ” Cela m’a énervée, mais j’étais de plus en plus troublée.

“Non merci, pas la Grotte”

Elles m’ont donné une documentation sur les apparitions, une vidéo, tout le tintouin ; puis elles ont missionné à la maison un hospitalier, un monsieur très gentil, qui m’a fait la pub. Toute ma famille m’a dit : “Vas-y, cela ne peut pas te faire de mal”. J’ai finalement cédé en songeant : “Je vais faire la BA de ma vie, cela fera plaisir à tous et ça ne prendra que cinq jours”. Le début du pèlerinage a été horrible. Se retrouver en fauteuil au milieu de personnes comme moi – autant de miroirs de mon impuissance –, entourées d’hospitaliers gentillets, m’était insupportable. Et puis, ils n’arrêtaient pas de me demander : “Vous ne voulez pas aller à la Grotte ? – Non merci, pas la Grotte”. C’était pour moi le cœur d’un spectacle incompréhensible, ces gens à genoux, les chants… Et puis le troisième jour, j’ai cédé pour faire plaisir à une vieille dame exquise qui partageait ma chambre. Et je me suis retrouvée dans mon fauteuil, face au rocher et à la statue blanchâtre. “Ils viennent ici acheter leur Ciel”, me disais-je. La messe a commencé. J’avais décidé de prendre mon mal en patience. J’ai regardé la statue. Et là, il s’est passé quelque chose en moi.

“J’avais goûté une douceur”

Je crois que mon cœur a murmuré à Marie : “Tu es une femme, tu es une mère, tu dois comprendre ce que je subis. En fait, je n’en peux plus…” Et j’ai craqué, j’ai commencé à pleurer, à pleurer. Plus je pleurais, plus Marie me prenait dans ses bras et me consolait. Une merveilleuse chaleur m’enveloppait. Quelque chose se transformait en moi. J’avais l’intime conviction qu’une Maman du Ciel venait de me visiter. “J’ai demandé un répit à Marie.” Lorsque je suis rentrée à la maison – toujours en fauteuil –, mon mari m’a trouvée très changée : “Tu es accessible et… joyeuse !” Je souffrais physiquement mais, c’est vrai, j’étais joyeuse. Je n’étais plus un bloc, une armure, une carapace. J’avais goûté une douceur.

Je savais maintenant que le sourire de ces hospitaliers venait du cœur et que cette Mère du Ciel me tenait la main. J’ai eu envie de retourner à Lourdes l’année suivante. Je voulais demander à Marie un répit dans la maladie : elle progressait trop vite et je ne pouvais pas profiter de mes enfants. J’y suis donc repartie en mai 2004. Là j’ai voulu tout faire ! À la piscine, me voilà tenue par deux compagnes, les pieds dans l’eau. Nous prions, elles me plongent, et tout à coup, comme une boule de feu. La sensation d’être envahie par un amour inouï, pur, immensément puissant. C’est irracontable ! Mes yeux me piquaient, les jambes me brûlaient. Les premiers mots que j’ai pu balbutier étaient “C’est extraordinaire…” ; puis : “Jésus a posé son regard sur moi, je sais qu’Il m’aime, qu’Il nous aime”. Quelques heures plus tard, lors de la procession du Saint-Sacrement, mon fauteuil crève. On me propose un de ces chariots bleus qui me faisaient horreur. Je n’avais pas le choix. Alors je me lève, et je reste debout en l’attendant. Je reste debout ! J’ai pensé aussitôt : “C’est l’effet Lourdes ! J’ai mon répit, merci Marie”. Je n’ai rien montré sur le moment. La nuit suivante, toute excitée, j’ai testé “l’effet Lourdes” : je pouvais aller aux toilettes en marchant, sans aide. Je sentais le froid du carrelage sous mes pieds. Je voyais normalement : j’étais passée de 5 % à 99 % de champ visuel. Extraordinaire ! Mon problème, c’est que je ne pouvais le dire à personne : cela n’existe pas les miracles, même à Lourdes. Et puis, ce devait être un simple répit.

“Certains pensent que j’ai arnaqué l’assurance maladie… “

Le 19 juin suivant, j’ai passé une IRM de contrôle : qui ne montrait plus que deux petites cicatrices. La maladie avait disparu. Bref, j’étais guérie. Les seules taches qui demeuraient étaient en mon âme. Ce sont elles que j’ai entrepris de soigner. En effet, je savais désormais que le Christ n’était pas un supergourou mais mon Sauveur. Et son amour, si puissant, avait failli me faire exploser ; il avait irradié mes nerfs, mon corps, et en passant, il avait brûlé la maladie en même temps que le mal de mon âme. Cette guérison fut une libération intérieure. Elle m’a ouvert un chemin, offert une nouvelle vie dans la lumière. Précisons : c’est merveilleux, mais ce n’est pas une sinécure. Par certains côtés, c’est même une vraie galère. Beaucoup de gens – dont des prêtres – me regardent avec méfiance et me recommandent le silence. Or il n’est pas question de le crier sur la place publique, mais une telle rencontre qui change votre vie, votre cœur, et votre corps, comme un signe, c’est quand même bon de pouvoir la partager ! Et puis, dans un village, ça cancane : j’étais “la handicapée” et me voilà debout ! bizarre !

Certains pensent que j’ai arnaqué l’assurance maladie… À la maison, il a fallu retrouver un équilibre dans les tâches et les rôles avec mon mari, se redécouvrir avec les enfants. Aujourd’hui, je mène une vie absolument normale. J’ai repris des engagements associatifs au Secours catholique, l’accompagnement de personne malades de la SEP, etc. Et je prie sans cesse : “Marie, garde-moi en paix ; Jésus, j’ai confiance en toi”. Une nouvelle vie a commencé, avec le Christ. Et un troisième enfant nous est né, il a deux ans. Nous l’avons baptisée Marie, bien sûr… et j’ai ajouté Lou, comme louange. Car je ne cesse de rendre grâce pour les merveilles que le Seigneur fait pour les “pécheresses” comme moi !”

Propos recueillis par Luc Adrian

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Virginie de Malet

Croire aux miracles, est-ce encore possible ?,
Hors série n°16 – Famille Chrétienne, 9,90 euros.

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