Soixante parlementaires égyptiens se sont prononcés pour que la mention “religion” soit supprimée des cartes nationales d’identité.
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Une proposition de loi intitulée “Citoyenneté et non-discrimination” agite l’Assemblée égyptienne. Il s’agit de retirer la mention “religion” sur les cartes d’identités égyptiennes.
Symbole de laïcité
L’inscription de l’appartenance religieuse sur les pièces d’identité d’un pays n’est jamais un bon signe pour sa liberté religieuse. Elle rappelle souvent un passé douloureux, comme en Grèce où cette mention était obligatoire jusqu’en l’an 2000. En revanche, elle s’impose dans la majorité des pays musulmans. En 2015, l’Indonésie la rendait facultative, mais dans la Malaisie voisine cette mention cause de grandes difficultés aux convertis.
Cette même inscription est, bien entendu, en vigueur en Égypte, mais elle pourrait être remise en cause, en raison de l’Histoire récente tumultueuse du pays. Pour rappel, après la déposition d’Hosni Moubarak, le bref passage au pouvoir de Mohammed Morsi, champion des Frères musulmans, puis le coup d’État du général al-Sissi en 2013, les questions religieuses secouent le pays, avec une lutte entre Égyptiens nationalistes, dans la lignée de Nasser, et Égyptiens religieux partisans des Saoudiens. Les chrétiens coptes, quant à eux, redoutent par-dessus tout les Frères musulmans et préfèrent par conséquent soutenir le régime en place.
Une proposition des partisans d’Al-Sissi
L’initiative de faire disparaitre la mention “religion” sur les cartes d’identité du pays provient de membres de la coalition parlementaire Support Egypt, une entité qui soutient inconditionnellement le président al-Sissi. Le porte-parole de ce groupe politique, Alaa Abdel Moneim, a demandé à ce “qu’aucun citoyen ne soit contraint à dévoiler sa religion, à moins que cela ne soit strictement nécessaire, comme lors des héritages ou des mariages”. Sa proposition a provoqué un vif débat dans l’assemblée ; ce retrait, symbolique, serait pour les partisans “une base pour convertir une société hétérogène, fondée sur l’appartenance religieuse, en société homogène, fondée sur la citoyenneté”. Pour ses opposants, ce serait “une insulte à l’identité musulmane de l’Égypte”.
Problème de tribunal islamique
Les opposants argumentent que la mention de la religion sur les papiers d’identité permet de s’assurer que les témoins appelés devant un tribunal islamique soient bien musulmans. Ils avancent aussi que l’absence de cette mention pourrait mener à des problèmes dans les relations avec l’Arabie saoudite, dont plusieurs sanctuaires, comme la Mecque, ne sont accessibles qu’aux musulmans. Enfin, ils invoquent un argument de sécurité, la mention permettant de s’assurer que les chrétiens vont à l’église, les musulmans à la mosquée, sans qu’un fondamentaliste ne se glisse dans leurs rangs.
Les coptes en faveur du projet de loi
Le père Salib Matta, membre de la Congrégation conciliaire de l’Église copte orthodoxe, n’en croit rien : “Il est urgent de supprimer la mention de la religion sur les cartes d’identité !”. Répondant aux arguments des adversaires de la loi, il assure que les chrétiens coptes ne demandent pas leurs papiers à ceux qui veulent assister à la messe ou qui veulent recevoir les sacrements chrétiens. Les églises connaissent leurs membres et “cette mention n’est qu’un facteur de discrimination entre les Égyptiens”.