Aller à la rencontre de Dieu demande de “mettre de l’ordre dans la maison”, c’est à dire en nous-mêmes !Autrement, les troubles intérieurs se traduiront par de l’aveuglement, une fatigue, un sentiment de saleté ou une faiblesse. Quelques strophes qui parlent de la nuit et de l’escalade de la montagne, nous présentent la vie spirituelle qui est un chemin d’ascension vers Dieu qui nous attend pour une union profonde avec lui. La montagne est le lieu où Dieu s’adressa à Moïse, où se produisit au Thabor la transfiguration de Jésus devant ses disciples C’est une image qui fait référence à la manifestation de Dieu.
Pour atteindre cette dimension, il faut faire le vide en nous, non pour nous enfoncer dans le nihilisme, dans une vacuité absurde, mais pour nous remplir de la présence et de l’amour de Dieu. Nous devons nous dépouiller de nous-même pour nous fondre en Dieu.
Nous devons mettre de l’ordre dans notre être, nos appétits désordonnés et nos tendances incontrôlées, notre sensibilité, notre manière de capter la réalité, nos passions, nos frénésies, nos troubles intérieurs, car ils nous tourmentent, nous fatiguent et nous encrassent.
Il existe cinq éléments en nous quand nous n’avons pas mis d’ordre dans notre vie affective et qui nous indiquent que nous ne pouvons pas continuer ainsi : ils nous tourmentent : tout comme avec quelqu’un qui mange trop et qui prend du plaisir en mangeant, les conséquences se font sentir plus tard. Ils créent aveuglement, fatigue, sentiment de saleté et amaigrissement.
Cette fatigue qui nous empêche d’aller là où Dieu nous appelle
Pour aller à la rencontre de Dieu, il faut apaiser l’âme de ce qui la tourmente. Nous devons savoir nous arrêter et comme le prophète Elie sur le Mont Horeb, trouver un lieu pour nous calmer et retrouver une vision claire.
Saint Ignace de Loyola considère qu’il ne faut pas prendre de décisions en période de tourments, car n’ayant pas une vision claire, il existe un risque de commettre des erreurs. Tourmente et aveuglement sont les conséquences de notre inquiétude, et nous devons donc mettre de l’ordre dans la maison. Quels sont ces aveuglements et ces tourments dans notre vie ? Quelle est cette fatigue qui nous empêche d’aller là où Dieu nous appelle ?
Quand le désordre règne en nous, le manque de sérénité engendre une fatigue. C’est pourquoi, la nuit nous devons nous libérer de toute l’agitation que nous avons connue dans la journée. C’est le sens de la prière des Vêpres. Il en va des émotions positives comme des émotions négatives. Non canalisées, elles nous affectent de l’intérieur.
Un cœur disposé à suivre le Seigneur doit se préparer à être mis à l’épreuve. Tomas de Kempi dit que le Seigneur a deux façons de nous mettre à l’épreuve : dans la douleur ou dans le plaisir. Il faut préparer le cœur à aller à la rencontre de Dieu, en sachant calibrer l’âme pour donner libre cours aux émotions et avoir ainsi un espace pour Le recevoir.
Quant au sentiment de saleté, nous devons mettre de l’ordre dans notre lien avec la nourriture, la boisson et la sexualité. La vertu qui nous y aidera est la tempérance. Ce sont des instincts primaires qui permettent la survie de l’espèce. Quand nous nous aventurons sur ces sentiers, nous sommes faibles et maigres et le mauvais esprit y rôde et nous cherche, dit saint Ignace.
Face au désordre, l’âme rétrécit, a l’impression de manquer de consistance et de force. C’est comme se lever après une longue période d’alitement. L’âme n’a plus la force de se centrer sur Dieu. Elle se dilue. Nous demandons à Dieu de nous aider à être sereins face aux tourmentes.