separateurCreated with Sketch.

Comptes, mécomptes, éloges funèbres et victoire facile

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Philippe Oswald - publié le 03/07/16
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

L’exécutif mise sur l’été pour faire passer la loi Travail et se livre au rituel arrosage préélectoral. Une pluie d’hommages plus ou moins sincères salue trois disparus.

Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.


Je donne en 3 clics

*don déductible de l’impôt sur le revenu

Dans un grand entretien donné aux Echos le 30 juin, le président de la République  s’est montré offensif : “Il y a bien une reprise en France et un début d’inversion de la courbe du chômage. C’est un fait indiscutable”. Il n’hésite pas à tacler la droite : “Le discours de la droite est si je puis dire un fond commun de mauvais placements”.  Et absout benoîtement la CGT des violences commises lors des manifestations.

Les chères promesses de François Hollande

Surtout, François Hollande sort de sa hotte une nouvelle promesse de baisse de l’imposition sur le revenu des classes moyennes pour 2017 : deux milliards d’euros d’impôts en moins… si la croissance est de 1,7% l’an prochain. “Dix mois avant l’élection présidentielle, cette décision n’est pas exempte de considérations politiques” note sobrement Le Monde, non sans relever que “ce cadeau fiscal arrive beaucoup plus tard que ce que François Hollande avait prévu, et promis”. Promesse tardive mais néanmoins crédible ? Deux jours plus tôt, le premier ministre, Manuel Valls, annonçait “une hausse de 600 millions d’euros pour les entreprises et les ménages” constate RTL.

Sur la réforme du droit du travail, François Hollande affirme que la loi El Khomri “sera votée et promulguée dans les délais prévus” et que s’il ne se trouve pas une majorité à l’Assemblée, “il sera de nouveau recouru à l’article 49-3”. Et botte en touche quant aux critiques de la Cour des comptes qui est “dans son rôle” quand elle avertit.

La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme

Les critiques de la Cour des comptes ne sont pourtant pas à l’eau de rose : l’objectif de réduction des dépenses publiques, à 2,7%, du déficit en 2017 présente “un risque élevé de ne pas être atteint”, “alors qu’aucune indication n’est donnée sur les réformes à mettre en œuvre pour l’atteindre et qu’à l’inverse de nombreuses décisions récentes vont conduire à des dépenses supplémentaires importantes” met en garde la Cour des comptes dans un communiqué. Elle estime que “le programme de stabilité” présenté en avril par le gouvernement ne présente pas “les réformes nécessaires pour atteindre l’objectif (…) Au contraire, la hausse programmée des dépenses militaires, les mesures annoncées en début d’année concernant l’emploi, celles en faveur des jeunes, l’atténuation des efforts demandés aux communes et intercommunalités et, surtout, la progression de la masse salariale de la fonction publique vont pousser les dépenses à la hausse”, prévient-elle. En effet, explique le JDD, “L’exécutif a annoncé une série de mesures nouvelles depuis le début de l’année, comme le dégel du point de l’indice des fonctionnaires, l’augmentation de la prime des instituteurs, mais aussi des aides en faveur des jeunes, des agriculteurs ou de l’emploi.”

La Région Ile-de-France “premier financeur de la Marche des fiertés”

L’opposition s’insurge  contre ce train de dépenses nouvelles : “Les seuls véritables efforts ont été faits par les collectivités locales, efforts aussitôt dilapidés par le président de la république. La fuite en avant préélectorale de François Hollande est une bombe à retardement” dénonce par exemple sur son site le sénateur Bruno Retailleau (LR). Un exemple de gabegie parmi d’autres est donné par la fondation iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), rapporte Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire  : il concerne les logements sociaux pour lesquels “quarante milliards d’euros annuels sont dépensés, soit 2,3 % du PIB, c’est-à-dire deux fois plus que chez nos voisins européens”. Mais la droite n’est pas exempte d’étranges libéralités payées par le contribuable, telles les subsides accordés à la Gay Pride par Valérie Pécresse, présidente LR de la Région Ile-de-France,  fière de rappeler dans une interview à Têtu que “la Région est le premier financeur de la Marche des fiertés. Elle donnait 23 000 euros l’année dernière, elle donnera 25 000 euros cette année.”

“Pénibilité” : compteur à gaz

Parmi les mesures gouvernementales du type “usine à gaz”, le compte pénibilité. Il devait s’appliquer dans les entreprises du privé le 1er juillet. Impossible ! selon Pierre Gattaz, le président du Medef : “Nous ne savons pas comment faire le 1er juillet, donc nous n’appliquerons pas”. “Potentiellement, explique Le Point, 3 millions de personnes sont concernées, selon le gouvernement qui a retenu dix facteurs, dont quatre en vigueur depuis 2015 : travail de nuit, travail répétitif, en horaires alternants ou milieu hyperbare (sous-marin). Au 1er juillet, six autres doivent entrer en application : postures pénibles, manutentions manuelles de charges, agents chimiques, vibrations mécaniques, températures extrêmes et bruit. “C’est beaucoup trop compliqué, c’est inapplicable”, a expliqué Pierre Gattaz.”

La loi Travail votée pendant  les vacances

Côté manifs, les comptes tournent aux mécomptes.  La 11e journée de mobilisation nationale contre la Loi travail lancée par l’intersyndicale “CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL”, mardi 28 juin, a confirmé l’essoufflement (14 000 à 15 000 personnes entre la Bastille et la place d’Italie selon la préfecture de police et 55 000 personnes selon FO et la CGT contre de 19 000 à 20 000 manifestants selon la police et 60 000 selon les syndicats le 23 juin). Cette fois, la police avait anticipé : “Alors que près de 2 500 policiers ont été mobilisés pour encadrer le cortège entre Bastille et place d’Italie, au moins 27 personnes ont été interpellées avant le départ de la manifestation” relevait RTL. Le lendemain, mercredi 29 juin,  s’est déroulé à Matignon le dialogue de sourds convenu entre le gouvernement et les syndicats, CGT en tête, avec Manuel Valls, en présence de la ministre du Travail Myriam El Khomri.

L’ombre du 49-3

Il ne reste quasiment rien du texte initial, mais l’exécutif campe fièrement sur ce rien. La semaine précédente, François Hollande avait répété “qu’il irait “jusqu’au bout” du projet, rappelle la chaîne parlementaire Public Sénat “Parce que c’est essentiel de permettre aux entreprises de pouvoir embaucher davantage, permettre que nous ayons davantage de formation (…) et davantage (…) en matière d’insertion”. Le texte reviendra à l’Assemblée nationale.  Attention : “Les Français ne veulent pas d’un passage en force” titrait mardi Le Parisien :  “Selon le baromètre Odoxa – France Info – “le Parisien”, plus de 7 Français sur 10 s’opposent à un nouveau recours au 49-3 pour adopter ce texte controversé”. Mais l’exécutif compte sur les vacances estivales pour tempérer les indignations.

Nuit debout se met au vert

Avec les vacances, le mouvement Nuit debout “s’est recouché » constate Eugénie Bastié dans Le Figaro : “La Place de la République s’est vidée peu à peu. Finies les AG à ciel ouvert, finis les stands type fête de l’Huma, finies les commissions-débats. Quelques tags qui demeurent dans la station de métro et sur les dalles de la place sont les derniers vestiges de l’activité révolutionnaire… ” Les prochains rendez-vous se feront au vert : “Notre-Dame-des-Landes, bien sûr, reste l’objectif numéro un après la loi Travail. Les 9-10 juillet, comme chaque année depuis 2013, une grande mobilisation aura lieu sur la ZAD, (…). L’université d’été du Parti socialiste est aussi en ligne de mire des Nuit-deboutistes. Elle se tiendra cette fois à Nantes, soit tout près des zadistes, qui n’hésiteront pas à se mobiliser. Certains parlent aussi de préparer le blocage de la rentrée scolaire”. Bref, le rituel calendrier hexagonal.

60 CRS armés pour 2 400 plages

D’ici là, vive la campagne, la montagne, la plage ! Oublions les terroristes : bronzeurs et baigneurs seront protégés par des CRS armés selon une note interne des services du ministère de l’Intérieur publiée par LCI. 60 CRS armés pour 2 400 plages ? Hum ! Là encore, on est loin, très loin du compte, constate Le JDD qui a interrogé le délégué national CRS du syndicat Alliance. Celui-ci dénonce de multiples impossibilités pratiques à l’application d’une telle mesure qui donnerait de toute façon “une puissance de feu ridicule”. Pour lui, “l’annonce du ministère de l’Intérieur ressemble plus à un “parapluie administratif pour avoir bonne conscience.”” Il n’y a plus qu’à espérer que les terroristes prennent eux-aussi un peu de vacances.

Michel Rocard encensé post-mortem

web-michel-rocard-former-minister-france-c2a9martin-bureau-afp-ai.jpg

AFP

Michel Rocard, l’homme de gauche le plus populaire. © MARTIN BUREAU / AFP

La semaine s’est achevée par l’annonce de trois décès de personnalités marquantes. Atteint d’un cancer, Michel Rocard est mort à l’hôpital, samedi 2 juillet, à l’âge de 85 ans. Sa dernière interview, il l’avait donnée au Point,  au mois de juin. Il y était revenu sur “sur son vieux et tumultueux compagnonnage avec Mitterrand (…) sans ménager l’ancien président. Non pas avec cette joie mauvaise, mais avec le sentiment qu’en dépit de leurs querelles profondes ils avaient quand même bien travaillé ensemble et culminé en popularité” témoigne Emmanuel Berretta. Le concert de louanges convenues a jailli, “un concert d’hypocrisies”, dénonce Olivier Picard dans Le Nouvel Obs qui rappelle que Rocard était un précurseur de la réduction du temps de travail : “De gauche à droite, ceux qui sanglotent aujourd’hui sur le “rêveur” inlassable piétinent cyniquement ses enseignements et ses recommandations.”

Elie Wiesel et Michael Cimino : deux amoureux de la France

Prix Nobel de la paix Elie Wiesel s’est éteint à l’âge de 87 ans à son domicile new-yorkais. © BERTRAND LANGLOIS / AFP

AFP
Prix Nobel de la paix Elie Wiesel s’est éteint à l’âge de 87 ans à son domicile new-yorkais. © BERTRAND LANGLOIS / AFP

Les deux autres disparus, l’écrivain Elie Wiesel et le cinéaste  Michael Cimino, étaient citoyens américains mais avaient un lien particulier avec la France. Prix Nobel de la paix Elie Wiesel s’est éteint à l’âge de 87 ans à son domicile new-yorkais. “Auteur d’une cinquantaine de livres, infatigable conférencier, universitaire et militant pour les droits de l’homme, Elie Wiesel partageait sa vie entre la France, les États-Unis et Israël (…) La presse internationale rend un hommage unanime à celui qui a donné un “visage à la Shoah”, rapporte Courrier International. Rescapé des camps nazis où il avait vu sa mère, sa jeune sœur et son père  mourir sous ses yeux, “cet Américain polyglotte n’écrivait ses livres qu’en français” souligne le Huffington Post.

Michael Cimino, ce grand cinéaste s'est éteint ce samedi 2 juillet 2016. ©GABRIEL BOUYS / AFP

AFP

Michael Cimino, ce grand cinéaste s’est éteint ce samedi 2 juillet 2016. ©GABRIEL BOUYS / AFP

Michael Cimino, décédé à l’âge de 77 ans à son domicile de Los Angeles, “a marqué le cinéma par son Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter, 1978), une épopée de trois heures qui évoque la guerre du Vietnam à travers la vie de trois amis, lauréat de cinq Oscars en 1979″ résume Le Parisien. L’échec retentissant de son autre film culte, La porte du paradis (Heaven’s Gate, 1980), ne doit pas faire désespérer que celle-ci s’ouvre toute grande pour ce “cinéaste maudit”, inspiré mais vilipendé rappelle Le Figaro : “Moi, disait-il, on m’a collé toutes les étiquettes. J’ai été traité d’homophobe pour Le Canardeur, de fasciste pour Voyage au bout de l’enfer, de raciste pour L’année du Dragon, de marxiste pour La Porte du Paradis et de violent pour La Maison des otages…”. Il avait trouvé consolation en France où il aimait résider et qui l’avait honoré de la distinction de Chevalier des Arts et des Lettres.

La France part en quart

Le onze tricolore s’impose face à l’Islande (à l’origine du deuxième “Brexit” de la semaine), cinq buts à deux. Une première période épique menée tambour battant voyait les deux équipes se séparer à la mi-temps avec 4 buts inscrits au compteur en faveur des Bleus. C’était sans compter sur une défense alanguie qui allait encaisser deux buts sans broncher dans les 45 minutes suivantes. Le match confirme le talent des dignes héritiers de l’attaque française du mondial 98 : Griezmann, Pogba, Payet, Giroud. Les quatre mousquetaires imposent leur style : appliqué, humble et tenace. Dominer l’Allemagne jeudi prochain nécessitera sans doute de rendre un peu de corps à notre défense souvent fébrile, trop souvent transparente…

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Tags:
Aleteia vit grâce à vos dons

Permettez-nous de poursuivre notre mission de partage chrétien de l'information et de belles histoires en nous soutenant. 

Profitez de cette fin d'année pour bénéficier d'une déduction de 66% du montant de votre don sur l'impôt sur le revenu en 2024.

Newsletter
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !