Partez à la rencontre de cet expressionniste français lyonnais, le temps d’une exposition.
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L’exposition “Jean Martin, de l’atelier à la scène” réunit une collection exceptionnelle et inédite des œuvres du peintre Jean Martin illustrant la grande diversité du travail de cet artiste méconnu. Fils d’ouvrier, né à Lyon dans le quartier industriel de Vaise, en 1911. Comme en témoignent ses cahiers d’école, il montre dès son plus jeune âge un goût prononcé pour le dessin.
Artiste autodidacte, il s’initie à la peinture auprès du peintre Lucien Féchant, sociétaire du salon du Sud-Est. À ses débuts, il se lie avec le peintre Jean Couty et avec le sculpteur Georges Salendre qui lui apprend la taille directe et joue un rôle déterminant dans son orientation stylistique. Jamais passé par les Beaux-Arts, cela ne l’empêche pas de se représenter comme un artiste confirmé dans un autoportrait imposant, Le Peintre, d’où se dégage clairement la farouche volonté de celui-ci de se créer une identité visuelle. Visiblement inspiré de Modigliani, le trait est déjà affirmé sur cette grande toile peinte en 1934 que l’on peut admirer en début d’exposition.
Peintre résistant converti au catholicisme ?
Pendant l’entre-deux-guerres, Jean Martin développe une peinture réaliste marquée par le XVIe siècle allemand, mais aussi par l’expressionnisme contemporain belge. Peintre à la symbolique engagée face à la Guerre d’Espagne et pendant la Seconde Guerre mondiale, il minimisera toujours son action résistante (mais n’a-t-il pas représenté un saint-Sébastien, attaché au bois du supplice, criblé de traits acérés, nu et… circoncis ?).
Durant cette période, il dessine la première de couverture de l’Arbalète, une revue d’artistes en résistance. Ses toiles surprennent par l’originalité des sujets qu’elles représentent et des thèmes qu’elles abordent ; dans L’Exilé, qui figure sur l’affiche de l’exposition, l’artiste peint un déserteur de la wehrmacht qu’il a caché chez lui.
Le Crucifié, quant à lui, associe le Christ à tout le peuple espagnol sacrifié par la guerre civile : l’œuvre naît d’un traumatisme engendré par la découverte d’une photographie figurant la crucifixion d’un séminariste pendant la guerre. Par le choix même du sujet, Martin propose ici un thème inédit dans l’histoire de la peinture française contemporaine, enfermée dans sa lecture partisane du conflit. Face à la violence infligée au clergé par les milices républicaines, le peintre condamne la fureur fratricide qui saisit alors l’Espagne à travers l’image universelle du martyr.
Pourtant né d’un père communiste et anticlérical, Jean Martin ne se dira jamais véritablement converti au catholicisme, mais l’évidence de sa spiritualité apparaît sur ses toiles, ne serait-ce que par les sujets qu’il représente : saint Sébastien, l’Annonciation, le Calvaire, etc. Tous exposés à La Piscine. Est-ce d’ailleurs un hasard si les deux filles uniques du couple Martin entreront l’une et l’autre au couvent ?
La veuve du peintre offrira même une remarquable représentation des “Pèlerins d’Emmaüs” au primat des Gaules pour qu’elle rejoigne la collection de peintures du palais épiscopal. Un tableau que le cardinal Barbarin choisira pour illustrer la première de couverture de sa lettre pastorale L’Église est une servante (Parole et Silence, 2010).
Vers une résurrection de “l’art d’église”
Et justement, le début des années cinquante marque un nouveau tournant dans sa carrière. Il fonde avec son épouse, la galerie Art & Tradition Chrétienne, rue Saint-Sulpice, participant ainsi activement au renouveau de l’art sacré.
Sa rencontre avec Prax Zographos peintre d’icône l’initie à la technique de la tempera à l’œuf. Alors que la plupart des artistes de l’époque se tournent vers l’art abstrait, Martin, lui, choisit des représentations figuratives d’inspiration romane et byzantine. Pour l’artiste, la forme médiévale est la forme la plus adaptée et la plus proche de l’art religieux.
Si l’exposition de La Piscine réunit un bon nombre de ces œuvres aux références religieuses, elle aborde aussi un travail tout à fait à part de l’artiste : celui de la scène et du théâtre. Jean Martin qui s’installe à Paris en 1946 y crée aussi de nombreux décors et costumes destinés au théâtre, mais également utilisés lors du tournage d’émissions de télévision historiques de l’ORTF. En témoigne une multitude de dessins cédés à La Piscine il y a quelques années, et qui révèlent cette autre facette du travail de Jean Martin.
“Jean Martin : de l’Atelier à la scène”, exposition jusqu’au 9 octobre 2016 au musée La Piscine au 23, rue de l’Espérance à Roubaix.
Du mardi au jeudi de 11h à 18h, le vendredi de 11h à 20h, les samedi et dimanche de 13h à 18h.
Tarif normal : 5,50 euros et tarif réduit : 4 euros.
Plus d’informations concernant l’exposition : www.roubaix-lapiscine.com