Le père Hermann Scheipers avait survécu au nazisme et au communisme.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Le dernier prêtre catholique à avoir été fait prisonnier dans le camp de concentration de Dachau s’est éteint à l’âge de 102 ans.
Le père Hermann Scheipers était un jeune prêtre lorsqu’il fut arrêté par les nazis en 1940 et emmené dans le camp de Dachau, près de Munich. Il y avait bon nombre de prêtres dans ce camp. Environ 95% des membres du clergé emprisonnés là-bas étaient catholiques.
Le père Scheipers est mort le 2 juin à Ochtrup (près de Münster), la ville qui l’a vu naître le 24 juillet 1913.
C’est son investissement auprès des jeunes, peu après son ordination, qui avait attiré l’attention des nazis. Voici ce qu’on peut lire à son propos dans une nécrologie de la KNA, une agence de presse catholique allemande : “Parce qu’il venait en aide à des travailleurs forcés polonais, célébrait la messe avec eux et les confessait, il fut arrêté en octobre 1940 et emmené à Dachau 5 mois plus tard. Son dossier, sur lequel il a remis la main par hasard des années plus tard, mentionne les vraies raisons de son arrestation : “Scheipers est un adepte fanatique de l’Église catholique et représente donc une menace de troubles à l’ordre public”.
“Vous avez le choix entre travailler ou mourir”
Sa tenue de prisonnier portait le numéro 24 255.
Le père Scheipers se souvenait de la manière dont lui et ses codétenus avaient été accueillis au camp. “Vous êtes ici sans honneur, sans aide, sans droits. Vous avez le choix entre travailler ou mourir.”
Le panneau d’entrée du camp portait l’inscription désormais bien connue « Arbeit macht frei », « Le travail rend libre ».
Dans sa nécrologie, on peut lire que comme beaucoup d’autres prêtres, il a “travaillé comme un esclave dans les champs, nourri principalement de soupe coupée à l’eau. Les personnes travaillant trop lentement étaient fouettées, pendues par les bras ou aspergées d’eau glacée. Beaucoup mouraient”.
“Il n’y avait qu’une issue, s’échapper… ou prier”, écrivait le père Scheipers dans ses mémoires Gratwanderungen – Priester unter zwei Diktaturen (Un jeu d’équilibre – Prêtre sous deux dictatures).
Sauvé des chambres à gaz grâce à sa sœur jumelle
À un moment, il manqua d’être envoyé dans les chambres à gaz mais il en réchappa grâce à sa sœur jumelle, Anna, qui plaida sa cause auprès des instances berlinoises, les menaçant d’une importante réaction de l’Église catholique dans la région de Münster si l’exécution de son frère devait avoir lieu.
Un de ses collègues prêtres n’eut pas cette chance. Des années plus tard, le père Scheipers se rappelait avec émotion lui avoir donné sa ration de pain avant qu’il ne soit emmené à la mort. “À chaque fois que je célèbre la messe et que je romps le pain, je pense à cela”, disait-il.
Finalement, en avril 1945, le père Scheipers est parvenu à s’échapper à l’occasion d’une marche de la mort en direction de Bad Tölz.
Après la guerre, il est retourné dans son diocèse d’origine, le diocèse de Dresden-Meißen. Il est alors entré en résistance contre les détenteurs du pouvoir en République démocratique allemande (Allemagne de l’Est). Quand Scheipers retrouva son dossier à la Stasi après la chute du communisme, il découvrit que quinze espions avaient travaillé sur son cas et qu’il avait échappé de peu à un procès pour distribution de propagande subversive.
“J’ai été emmené à Dachau pour exactement les mêmes raisons”, avait-il dit alors.
Une autre expérience de la vie d’un prêtre catholique à Dachau fut livrée par le père Jean Bernard, auteur de Bloc des prêtres 25487.