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Rencontre. Futur prêtre, il est le troisième de sa fratrie à se consacrer à Dieu

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Arthur Herlin - publié le 24/06/16
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Bruno de Mas Latrie, 30 ans, sera ordonné prêtre à Notre-Dame de Paris ce samedi 25 juin à 9 h 30.

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Aleteia : À quand remonte votre appel au sacerdoce ?
Bruno de Mas Latrie : À l’âge de 12 ans, alors que j’étais seul, ma mère m’a demandé de l’accompagner à une veillée d’adoration. Prier pendant une heure et demie c’est un peu difficile pour un enfant, on s’ennuie un peu… et c’est ce qui m’est arrivé. Mais à la toute fin, le prêtre a pris le Saint-Sacrement, et en le voyant ainsi bénir les fidèles, cette question est apparue dans le cœur : “Est-ce que tu veux être prêtre et apporter le Christ aux hommes ?”. J’en ai discuté avec un prêtre qui m’a conseillé de garder tout cela pour moi, et que si ce désir était ancré, il grandirait.

Avez-vous suivi ses conseils ?
Oui ! de mes 12 à mes 17 ans, cette idée s’est profondément ancrée en moi, si bien qu’après le bac j’ai demandé à rentrer au séminaire. Mais le supérieur a insisté pour que je fasse des études auparavant pour grandir et mûrir. J’étais certain de devenir prêtre et voulais donc faire des études plutôt simples et agréables d’ici là. Mais mes parents, qui ne savaient toujours rien de cette vocation naissante, ont insisté pour que je fasse des études sérieuses. J’ai finalement fait une prépa de physique-chimie dans laquelle j’ai rencontré une jeune femme ce qui a tout remis en question… Mais ce n’était pas tout.

À l’issue de ma prépa, mon frère aîné m’a annoncé qu’il rentrait au séminaire ! Rien que ça. Je ne m’y attendais pas du tout. Trois semaines plus tard, c’était au tour de ma grande sœur de m’apprendre qu’elle rentrait dans les ordres. Je me suis alors remis en question, pensant que deux enfants religieux dans une seule famille, cela commençait à faire beaucoup et que peut-être, Dieu m’appelait à autre chose. Six mois plus tard, mon deuxième frère nous annonçait ses fiançailles. Tous les regards étaient désormais braqués sur moi. Tous se demandaient quel allait être mon choix.

Comment a réagi votre famille à toutes ces nouvelles ?
Cela a été un choc pour tout le monde car personne ne s’y attendait : mon frère n’en revenait pas pour ma sœur, ma sœur n’en revenait pas pour lui, etc. Mes parents quant à eux étaient à mille lieues d’imaginer que deux de leurs enfants se consacreraient à Dieu.

Cela vous a-t-il raffermi dans votre décision ?
Non au contraire, je me suis mis à beaucoup douter. Je me demandais si ce n’était pas la pression familiale qui me poussait à devenir prêtre. Et un jour, j’ai réalisé que ma vocation était apparue avant celles de mon frère et de ma sœur et que j’avais eu dans ma vie de nombreuses occasions de changer d’avis et par conséquent ma liberté n’était pas altérée.

Quand avez-vous finalement pris votre décision ?
À la fin de mes études, j’ai posé un choix ferme et j’ai dit oui au Seigneur. C’est seulement à partir de ce moment que j’ai connu la paix intérieure. Le doute s’était évanoui. Je pouvais désormais rentrer au séminaire, ce que j’ai fait à l’âge de 24 ans. Mais je n’ai informé mes parents que quatre mois avant !

Quels conseils donneriez-vous à un un jeune qui est actuellement en plein doute à ce sujet ?
Trois choses me viennent à l’esprit. La première c’est que le Seigneur n’envoie pas de texto pour t’informer du plan qu’Il a pour toi ; il ne faut donc pas attendre un signe trop fort mais un moment donné poser un acte concret.

La deuxième chose, c’est de prendre conscience que malgré tout des signes existent. À l’image d’une mosaïque dont ont ne perçoit pas les subtilités si l’on est trop proche, il faut prendre du recul. En ce qui me concerne, j’ai été accompagné par un frère spirituel pendant dix ans, il m’a considérablement aidé. Il m’a fait remarquer à quel point j’étais heureux lorsque je disais oui au Seigneur et malheureux lorsque je m’éloignais de Lui.

La troisième et dernière chose, c’est de ne pas avoir peur. Lorsque Dieu envoie Moïse en Égypte secourir le peuple juif, celui-ci trouve de nombreuses raisons de ne pas s’y rendre, mais le Seigneur pourvoie à tous ses besoins. “Ne t’inquiète pas, le Seigneur ton Dieu sera dans tout ce que tu entreprendras”, c’est une phrase tirée du livre de Josué que j’ai adopté lors de mon ordination diaconale…

Avez-vous une dévotion particulière pour un saint ?
Saint Jean Baptiste, car c’est lui qui a annoncé le Christ, qui l’a montré aux hommes et s’est effacé devant lui pour lui laisser toute la place :

Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite.
Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue.
Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous

C’est exactement le rôle du prêtre, s’effacer pour laisser toute la place au Christ.

Comment vous sentez-vous à quelques jours de votre ordination ? 
Un mélange d’impatience, de stress et de joie. Impatience parce que j’attends cela depuis l’âge de 12 ans ; stress parce que je me dit que je ne suis pas prêt ; joie parce que cela vient ouvrir une nouvelle ère dans ma vie, celle pour laquelle Dieu m’a appelé.

Seulement cent prêtres seront ordonnés cette année en France, comment expliquez-vous la crise de la vocation que traverse l’Église ces dernières années ?
On dit souvent que l’on “mérite” les vocations. Si les chrétiens ne prient pas à cette intention, s’ils ne montrent pas aux jeunes gens qu’il est possible de se poser la question de l’ordination sacerdotale, forcément peu d’entre eux seront atteints et auront l’opportunité de trouver leur voie. Cela se joue avant tout dans les familles. C’est un peu comme l’autoroute : tout le monde est content d’en profiter mais personne n’en veut dans son jardin ! Parfois, il se passe souvent la même chose avec les vocations : tous les croyants sont contents d’avoir un prêtre dans leur paroisse mais n’en veulent pas toujours parmi leurs propres enfants. Je ne peux qu’encourager les parents à accueillir les vocations chez leurs enfants et à les soutenir dans leur cheminement.

Vous êtes-vous senti soutenu par vos parents ? 
Oui complètement ! L’annonce de ma vocation a été un choc pour mes parents, car ils avaient un plan de vie pour moi et ne s’imaginaient pas que le Seigneur m’appelait à mon tour. Mais aujourd’hui, le seul fait de me voir heureux les rend encore plus heureux !

L’êtes-vous vraiment ?
Maintenant oui, car je me sens parfaitement à ma place. Un peu comme un futur marié qui s’apprête à dire oui à sa future épouse et qui est certain qu’elle est la femme de sa vie.

Propos recueillis par Arthur Herlin

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