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Le Brexit en 3 points

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Père Guillaume Petit - publié le 24/06/16
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Au-delà des réactions vives et contrastées que le vote en faveur du Brexit aura fait naître, il faut nous pencher sur les causes profondes.

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L’honnêteté intellectuelle interdit à ceux qui auront à entreprendre ce travail de se retrancher derrière de trop faciles slogans qui empêchent de penser et masquent l’accès au réel. S’il est sans doute encore trop tôt pour se livrer à cette tâche nécessaire, quelques enseignements peuvent déjà en être dégagés.

1. La fracture des nations ne date pas d’aujourd’hui

Le Brexit conduit le Royaume-Uni à sortir de l’Union européenne. C’est un fait inédit qui va à l’encontre de l’idée d’une construction définitive. Cela nous rappelle que les institutions humaines sont périssables. L’Écriture le disait déjà : “Que les nations se reconnaissent mortelles” (Ps 9A, 21). Cette leçon, Paul Valéry l’avait redécouverte avec la Première Guerre mondiale : “Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.” (La crise de l’esprit, 1919).

Il y aurait de l’orgueil à croire que nos cités sont éternelles. Athènes, Rome, l’Égypte, Ninive et Babylone… bien d’autres royaumes encore sont passés, et leur gloire avec eux.

Au début de l’Ancien Testament, l’épisode de la tour de Babel (Gn 11, 1-9), mais aussi la tentation du Seigneur, au commencement de son ministère public, nous rappellent que nous ne possédons pas la gloire de nos royaumes terrestres et que celle-ci pourrait bien nous détourner de notre vraie destination :

“Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : “Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi.” Alors, Jésus lui dit : “Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.” Mt 4, 8-10

Face aux changements et à la caducité de nos institutions humaines, nous sommes invités à rechercher l’unique réalité qui ne passe pas : “Jésus Christ, hier et aujourd’hui, est le même, il l’est pour l’éternité” (He 13, 8).

2. La méfiance grandissante à l’égard de l’Union européenne

La méfiance à l’égard d’une institution devenue opaque est sans doute légitime à bien des égards. Trop souvent l’Union européenne donne d’elle-même l’image d’une institution technocratique, à l’origine de lois décidées sans lien perceptible avec les citoyens des différents pays qui la composent. Son apparente soumission consentie aux lois du marché donne ainsi le primat à l’économique et au financier sur le politique et le social. L’impression finale est que le génie de chaque nation est gommé au profit d’un ensemble froid et impersonnel écrasant toute différence.

Cela doit conduire à repenser en profondeur le projet européen. Les acteurs de ce projet ont à se rappeler qu’ils ne sont pas d’abord au service de l’institution, mais au service de l’homme, accueilli avec tout ce qui le façonne. C’est ainsi que s’exprimait le concile Vatican II :

“Le caractère social de l’homme fait apparaître qu’il y a interdépendance entre l’essor de la personne et le développement de la société elle-même. En effet, la personne humaine qui, de par sa nature même, a absolument besoin d’une vie sociale, est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions” (Gaudium et spes 25.1).

Saint Jean-Paul II ne disait pas autre chose dans son discours aux Nations Unies en 1979 :

“Chacun de vous, Mesdames et Messieurs, est le représentant d’un État, d’un système et d’une structure politique, mais il est surtout le représentant d’unités humaines déterminées ; vous êtes tous les représentants des hommes, pratiquement d’à peu près tous les hommes du globe : d’hommes concrets, de communautés et de peuples qui vivent la phase actuelle de leur histoire et qui, en même temps, sont insérés dans l’histoire de toute l’humanité, avec leur subjectivité et leur dignité de personnes humaines, avec une culture propre, avec leurs expériences et leurs aspirations, leurs tensions et leurs souffrances, et avec leurs attentes légitimes. C’est dans ce rapport que trouve son motif toute l’activité politique, nationale et internationale, qui, en dernière analyse, vient “de l’homme”, s’exerce “par l’homme” et est “pour l’homme”. Si cette activité prend ses distances par rapport à cette relation et à cette finalité fondamentales, si elle devient, d’une certaine manière, une fin en elle-même, elle perd une grande partie de sa raison d’être. Bien plus, elle peut aller jusqu’à devenir source d’une aliénation spécifique ; elle peut devenir étrangère à l’homme ; elle peut tomber en contradiction avec l’humanité elle-même. En réalité, la raison d’être de toute politique est le service de l’homme, c’est l’adhésion, pleine de sollicitude et de responsabilité, aux problèmes et aux tâches essentiels de son existence terrestre, dans sa dimension et sa portée sociales dont dépend aussi, en même temps, le bien de chaque personne”.

3. “Les chrétiens sont dans le monde ce que l’âme est dans le corps”

Chargés du devoir de nous investir dans la vie politique de notre pays et de notre continent, il nous revient de le faire en chrétiens. L’auteur de la Lettre à Diognète formule ainsi la manière chrétienne de participer à la vie de la cité : “Pour tout dire, en un mot, les chrétiens sont dans le monde ce que l’âme est dans le corps” (n.6). Si le devoir nous incombe de participer activement au développement politique, social et économique, c’est sans se tromper de perspective. Le Christ nous montre la priorité : “Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice”. (Mt 6, 33)

En prenant part à la construction de la cité terrestre, nous collaborons en réalité à l’avènement du Royaume, la Jérusalem nouvelle qui descendra du ciel d’auprès de Dieu (Ap 21, 2). Tout le labeur des chrétiens devrait être nourri de ce regard surnaturel : œuvrant pleinement à la construction de nos cités terrestres, nous n’oublions pas quelle est notre véritable patrie : “nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ” (Ph 3, 20).

C’est précisément dans la mesure où nous aurons reconnu que, nés de Dieu, nous sommes devenus membres de la nation divine que nous serons capables d’accomplir les œuvres de miséricorde et de travailler à la construction de la cité terrestre : le regard fixé sur la vraie finalité, nous ne nous laisserons pas captiver par des réalisations à courte-vue, orgueilleuses et oublieuses du bien de l’homme et de sa vocation ultime.

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