Scène d’horreur ordinaire au Cambodge.
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L’espérance est une vertu théologale, l’une des trois vertus qui modèle la relation de l’homme à Dieu et le conduit à la charité.
“La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par Dieu dans le cœur de tout homme ; elle assume les espoirs qui inspirent les activités des hommes ; elle les purifie pour les ordonner au Royaume des cieux ; elle protège du découragement ; elle soutient en tout délaissement ; elle dilate le cœur dans l’attente de la béatitude éternelle. L’élan de l’espérance préserve de l’égoïsme et conduit au bonheur de la charité.”
L’espérance ne m’a jamais réellement semblé une vertu héroïque. Pour moi qui suis né entouré de personnes aimantes, espérer n’a jamais été vraiment difficile. Pourtant, il y a quelques jours, j’ai découvert l’héroïsme qu’il y a parfois à vivre dans l’espérance.
Martin, notre directeur Cambodge, me racontait l’histoire de Theara, filleul de Mongkol Borei, de 18 ans. Orphelin de père et de mère, il habite avec sa sœur divorcée et l’enfant de celle-ci. Le 27 avril, ils sont trois sur la moto à rouler sans casque pour aller à l’école.
Une voiture les renverse. Theara a des éraflures au visage et un peu ailleurs. Rien de grave. Mais les chauffards descendent de voiture et commencent à tabasser les trois jeunes. D’abord des coups de pieds violents, ensuite des coups avec des barres de fer. Pour finir, un des agresseurs leur a coupé la langue !
L’histoire est passée dans les journaux parmi tant d’autres. Les voyous ont disparu.
Un des camarades est mort le lendemain, le deuxième deux jours après.
Et notre filleul ?
Déposé à l’hôpital, sa sœur s’est battue pour lui. Déplacé dans un autre hôpital, les soins coûtant trop cher, elle a demandé à ramener son frère à la maison. Une pratique courante au Cambodge. Aujourd’hui, elle doit 4 500 dollars de frais hospitaliers. Elle a mis son terrain et ses biens en gage. La sœur ne demande même pas que nous remboursions 100% de la somme. Elle est courageuse mais se met dans une impasse financière.
Cette femme est héroïque. Son espérance qui la pousse à tout sacrifier pour sauver son frère malgré les charges qu’elle a par ailleurs, est héroïque. Serais-je moi capable d’un tel sacrifice ? Jamais la phrase de saint Vincent de Paul ne m’a paru plus criante de vérité : “Les pauvres sont nos maîtres !”.