“Le climat d’amour et de fraternité dans le Christ qui doit présider à un tel concile n’y est pas”, regrettent plusieurs Églises locales. Les catholiques sont invités à prier pour elles le 11 juin.
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Ils l’attendaient et le préparaient depuis au moins cinquante ans ce “saint et grand concile de l’Église orthodoxe”, et maintenant que tous les critères semblaient réunis pour avoir lieu, voilà qu’il n’y aurait plus consensus et qu’il se pourrait qu’il soit ou reporté ou annulé. Une réunion préconciliaire panorthodoxe extraordinaire d’urgence a été demandée pour examiner sa faisabilité. Le Vatican suit de près la situation et a organisé, à travers son Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, une prière, ce samedi 11 juin, à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, pour “manifester la proximité spirituelle de l’Église catholique à toute l’Église orthodoxe”.
Sommet historique
Le concile est censé se réunir en Crête, du 16 au 27 juin, soit plus de 1 200 après le dernier des conciles œcuméniques reconnus par les quatorze Églises orthodoxes – deuxième concile de Nicée (787) – donc bien avant la rupture avec Rome, en 1054.
Relancée par le patriarche œcuménique Athénagoras, l’homme du rapprochement avec le pape Paul VI, l’idée du grand concile – comparable au Concile Vatican II chez les catholiques – est arrivée après toute une série de synodes inter-orthodoxes. Lieu et dates ont été décidés par les primats des Églises orthodoxes autocéphales, en janvier dernier, sous l’impulsion du patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier.
Les obstacles
Ces dernières semaines, les obstacles à sa tenue se sont multipliés, augmentant la pression sur les organisateurs qui rappellent que la non-participation au Concile de ne serait-ce qu’une seule des Églises orthodoxes “constitue un obstacle insurmontable” à sa tenue.
Deux Églises surtout, mais d’autres en prennent le chemin, ont signifié leur intention de boycotter la rencontre : l’Église bulgare, qui déplore des “problèmes liés au règlement et à l’organisation” du concile, et “des désaccords persistants sur les projets de textes soumis au vote” ; et l’Église d’Antioche qui conteste “l’absence de solution acceptable au conflit qui l’oppose à Jérusalem pour la juridiction sur les orthodoxes du Qatar, et l’absence de communion eucharistique entre eux”.
Parmi les principaux points de désaccord dans nombre d’autres Églises orthodoxes locales : le mariage, la question du calendrier liturgique prévoyant l’unification de la fête de Pâques – rayée de l’ordre du jour des travaux –, les relations entre l’Église orthodoxe et le monde contemporain et les relations avec les autres confessions chrétiennes dans le monde.
À deux doigts d’un report
“Du fait que tout a été décidé à l’avance, nous avons décidé qu’il serait bien de reporter le concile afin que les questions conflictuelles puissent être réglées”, déclare le métropolite de Lovetch Gabriel au site Internet bulgare Dobrotolioubie. De son côté, le secrétariat du Saint-Synode d’Antioche demande à Bartholomée Ier “d’œuvrer à trouver un consensus concernant toutes les réserves exprimées par les Églises pendant la période qui sépare de la date prévue d’ouverture du Concile” ou si ce consensus “s’avérait difficile à trouver”, de reporter la grande assemblée à une date ultérieure, pour “assurer l’unanimité orthodoxe sur tous les sujets” du concile.
Dans une interview exclusive à la chaîne de télévision russe Rossia 24, le président du département des affaires ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite de Volokolamsk Hilario, a commenté la situation : “Nous avons proposé au patriarche de Constantinople de procéder à une conférence préconciliaire pour résoudre toutes les questions en raison desquelles les Églises, les unes après les autres, refusent de participer au concile. Si ces questions sont résolues, cela signifie que le concile aura lieu. Si elles ne le sont pas, alors, probablement, il sera préférable de le reporter. Il est important pour nous que le concile devienne un facteur d’unité et d’unanimité, afin qu’il n’y ait lors de son déroulement aucune surprise désagréable pour les Églises orthodoxes”.
Malgré tout, le concile panorthodoxe “reste d’actualité”, assure-t-on dans l’entourage du patriarche Bartholomée Ier. Le 7 juin, dans un communiqué relayé par Apic, le Patriarcat œcuménique de Constantinople avait appelé toutes les Églises orthodoxes “à se montrer à la hauteur des circonstances et à participer, aux dates prévues, aux travaux du saint et grand concile, comme cela a été décidé”.