Il Bambinello de Gallinaro, né dans le Latium de prétendues apparitions de l’Enfant Jésus, est bani au terme de vingt ans d’enquête.
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Alors que sa décision sur Medjugorje se fait attendre, tombe ces jours-ci l’annonce que le pape François a décidé d’excommunier les fidèles du groupe Bambino Gesù du petit village de Gallinaro, en Ciociaria (campagne romaine) pour “délit de schisme”.
Le mouvement, qui se faisait appeler depuis 2015 Église chrétienne universelle de la Nouvelle Jérusalem, est né à la fin des années 70 après de prétendues apparitions de l’Enfant Jésus à Giuseppina Norcia décédée en 1989 à l’âge de 49 ans. Depuis, son gendre Samuel a pris la relève, à la tête du mouvement, montant un véritable empire avec l’argent des offrandes laissées sur le site par des milliers de pèlerins chaque année.
“Délit de schisme”
La décision du Saint-Père est arrivée, à travers la Congrégation pour la doctrine de la foi au motif de “délit de schisme” qui, selon le droit canon (CAN 751), suppose “le refus de soumission au pontife suprême ou de communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis”. Les délits contre la foi sont au nombre de trois : hérésie, apostasie et schisme. Au-delà du délit de schisme, des hérésies ont été constatées et sévèrement sanctionnées par l’Église au sein du mouvement désormais considéré comme “une secte” et ses membres “des schismatiques”.
Le groupe était sous observation depuis une vingtaine d’années, rapporte la presse italienne, et s’est prononcé après avoir examiné tous les rapports envoyés par les évêques qui se sont succédé à la tête du diocèse de Sora, dont fait partie le village de Gallinaro. Tous ces rapports abondaient de mises en garde contre un phénomène qui n’avait plus rien à voir avec celui des origines.
“Les initiatives de la pseudo organisation sont en totale opposition à la doctrine catholique et n’ont donc rien à voir avec la grâce de la foi et du salut confiée à l’Église par Jésus-Christ. On invite donc tous les fidèles au devoir de vigilance et à un sage discernement pour éviter tout forme d’implication dans ce mouvement”, précise un communiqué de l’évêché.
Les faits
Tout a commencé en 1975, date de la construction d’une petite chapelle par la mère de Giuseppina Norcia, celle-ci affirmant qu’en 1947, sa fille, deux jours avant sa première communion, avait vu l’Enfant Jésus descendre du ciel, en compagnie de Marie et de saint Michel Archange. Au début, fut organisé un groupe de prière. Sur le portail, un panneau : “Ici on n’accepte pas les offrandes”. Puis la vague de pèlerins n’a cessé de s’amplifier et certains ont commencé à laisser des ex voto pour grâce reçue, affirmant avoir retrouvé sur les lieux une paix intérieure et le chemin de la foi. La Curie de Sora a alors nommé un observateur permanent, pour éviter “tout risque de fanatisme et de contamination”, et plus rien n’a été laissé au hasard. Entre temps, révèle la hiérarchie, catholique, “aucune guérison annoncée par les pèlerins n’a été prouvée scientifiquement ni même jamais présentée ou soumise à un quelconque organisme compétent”.
Jean Paul II intervient
Les relations entre Gallinaro et l’Église se sont gâtées au tout début des années 2000. Très exactement quand la structure a commencé à se faire appeler “la nouvelle Jérusalem”, en contradiction totale avec les Écritures, a alors aussitôt contesté l’évêque local. Mais c’est Jean Paul II, en personne, lors d’une visite pastorale à Frosinone, qui aura marqué le début de la rupture. Après avoir remarqué ce nom sur une des banderoles brandies à son arrivée, il a fait publier, quelques jours plus tard, une note officielle du Vatican prévenant les fidèles qu’un tel événement surnaturel n’a jamais eu lieu à Gallinaro. Le Pape souligne très clairement que seule Giuseppina a vu le petit enfant et que celui-ci n’a rien à voir avec l’Enfant Jésus. L’évêque, Mgr Luca Brandolini, interdira alors les messes dans la petite chapelle et désavouera, au nom de l’Église, tous les “messages” du Seigneur à Giuseppina, soi-disant recueillis sur place, et tous les groupes de prière qui se sont formés au fil des ans, jetant un grand froid parmi les fidèles et sur la diffusion du culte.
Nouveaux dérapages
Mais en 2008, à la mort de “la voyante”, son gendre s’autoproclame “son héritier spirituel” – et met en place tout un système de collectes de fonds – offrandes des fidèles et groupes de prière, legs – qui relancera le mouvement, lui rapportant beaucoup d’argent et lui permettant de construire un véritable empire. Par ailleurs, le mouvement a commencé à afficher des positions jugées négatives. Dans un des rapports envoyés au Vatican, il est affirmé que les animateurs du groupe, très actifs en Campanie et dans le Latium, propagent l’idée que “le Seigneur Jésus n’est pas présent dans l’Eucharistie, ni par Sa grâce dans les sacrements, ni dans l’Église catholique”, affichant par la même occasion “une attitude hostile envers les prêtres catholiques, envers le Pape et l’Église”. Le groupe, selon la hiérarchie catholique cherche également à faire croire que “les commandements et l’Évangile sont dépassés” et tend à transformer son culte en culte de la personnalité autour de son leader, Samuel Morcia. Pour les adeptes, la messe n’aurait plus de valeur, seul compterait Samuel vu comme “le chemin, la vérité, la vie”.
Jusqu’au… schisme
En 2015, la machine s’est emballée et le groupe a décidé de se constituer en organisation religieuse appelée “Église chrétienne universelle de la Nouvelle Jérusalem”, donnant lieu à la naissance d’une “nouvelle Église”, dans laquelle l’autorité du Pape n’est pas reconnue. Leur réaction à la nouvelle d’excommunication à leur encontre en dit long : “Jorge Mario Bergoglio et ses ministres peuvent excommunier ceux qui les suivent dans leur hérésie, mais pas ceux qui, depuis longtemps, ne sont plus en communion avec l’esprit qui les anime.”