Pendant deux jours, Vladimir Poutine et le patriarche de Moscou ont visité la Grèce… jusqu’au mont Athos !
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Au cœur d’une actualité marquée par la crise européenne des migrants et les relations houleuses entre la Russie, l’Otan et l’UE, Vladimir Poutine a posé le pied en Grèce les 27 et 28 mai derniers.
Vladimir Poutine, un stratège spirituel ?
À l’occasion du 1 000e anniversaire de la présence des moines orthodoxes au Mont Athos, le Patriarche Cyrille et Vladimir Poutine ne pouvaient manquer de rendre visite à la “République des moines”. Il y a cinq ans, la Ceinture de la Sainte Vierge établissait déjà un pont religieux entre les deux pays. En effet, lors de la translation de la relique du mont Athos à la Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan puis au couvent de la Résurrection, c’était la première fois qu’elle quittait la presqu’île hellène.
Si son indépendance vis-à-vis de l’occident, n’étonne plus, Vladimir Poutine la poursuit en renforçant les liens entre les deux pays, afin de créer un nouvel axe stratégique. Il va jusqu’à qualifier la Grèce de “partenaire de la Russie en Europe”, nous rapporte une responsable du Groupes d’études balkaniques au sein de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe. Et l’analyste de constater : “Quand le fait religieux devient un lien de convergence géopolitique, cela confirme le resserrement de l’axe orthodoxe certes, mais s’y rajoute une dimension diplomatique prônant le rapprochement de la Russie avec l’UE”.
2016 a été proclamée année de la Russie en Grèce et de la Grèce en Russie. Toutefois, un symbole, autre que religieux, les unit sans doute, qui confine au bouc-émissaire. Il semble en effet que Vladimir Poutine et Alexis Tsipras aient subi le même mépris de la part de l’Europe : de la leçon de morale ou de démocratie aux sanctions économiques.
Se sont ajoutées les tensions avec la Turquie pour l’une comme l’autre partie. Le dirigeant russe précise d’ailleurs : “Nous avons entendu des accusations des autorités turques mais l’on n’a pas entendu d’excuses…” Le premier ministre grec a profité de cette rencontre pour se placer, de manière subtile, sous la protection de la fédération russe et critiquer les mesures européennes en déclarant : “Je ne crois pas que nous puissions avancer et garantir le respect des normes du droit international dans le contexte des sanctions, de la militarisation et de la rhétorique de la guerre froide. Nous ne pouvons pas garantir la sécurité européenne sans coopérer et dialoguer avec la Russie.”
Axe Moscou-Athènes-Belgrade
Un troisième pays s’ajoute à cette “sainte-alliance” : la Serbie, pays historiquement proche de la Russie. Leur proximité tient certes de leur culture slave commune, mais aussi aux coopérations militaires, énergétiques, commerciales au point que la relation Moscou-Belgrade prend souvent le pas sur “le projet d’intégration européenne” de la Serbie, comme le souligne la revue Regard sur l’Est, rappelant notamment l’ouverture sur les Balkans qu’elle permet à la Russie. Le premier ministre Alexandre Vučić rendait visite au chef d’État russe juste avant son déplacement en Grèce, “ce qui démontre que le paramètre religieux doit être pris en compte parmi d’autres déterminants (économiques, militaires, stratégiques) dans l’analyse géopolitique”, une conduite qui paraît cohérente face aux frictions internes à l’Union européenne.