La presse britannique s’est demandé cette semaine quelle nouvelle calamité pouvait encore nous tomber dessus : une pluie de grenouilles ?
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“À onze jours de l’Euro 2016, les médias étrangers commencent à s’alarmer des grèves et du climat social tendu dans l’Hexagone” constate Sud Ouest : “Outre-Manche, on s’inquiète surtout des conséquences de ces manifestations sur l’Euro 2016. Blocages ou pas ? Certains Britanniques (…) penseraient même à annuler leur voyage, selon The Guardian. (…)Pour le journal suisse Le Temps, la France ne résiste pas : elle craque. Pendant toute une semaine, le quotidien a érigé un dossier complet sur la situation de “cette France qui craque” : “La France nous inquiète. À un an des élections présidentielles, les convulsions sociales et le sentiment d’impasse politique dans lesquels est englué notre grand voisin constituent un défi de taille. Comment la France peut-elle surmonter ses fractures ?””
Le pantalon du zouave
Là-dessus, plouf, les inondations ! Elles ont submergé une partie de l’Ile-de-France, du Centre et de la Lorraine, pour une apothéose dans la capitale, en fin de semaine. Le zouave du Pont de l’Alma, repère traditionnel pour mesurer l’ampleur des crues, a eu le pantalon mouillé jusqu’à mi-cuisses. “On est donc encore bien loin de la crue centennale de 1910, où le fleuve avait atteint 8m62 et où la statue avait de l’eau jusqu’aux épaules” se rassure le Nouvel Obs.
Mais c’est toute la France qui patauge, et pas seulement dans l’eau…
Pour en rester aux inondations, “il n’y a aucune solution technique qui soit capable d’empêcher une crue de cette ampleur, explique au Monde la géographe Magali Reghezza-Zitt. Seule la préparation de tous les acteurs, y compris la population, permettra de faire face et de limiter les dégâts”. Mais il est surprenant que les risques qui planent sur toute l’Ile-de-France soient si mal pris en compte par les pouvoirs publics et les constructeurs, s’étonnent les urbanistes et universitaires Isabelle Thomas et Bruno Barroca dans Atlantico : “Pourtant la situation de risque d’inondation à Paris et en France est connue. (…) 17,1 millions de résidents permanents sont exposés aux différentes conséquences des inondations par débordement de cours d’eau, dont 16,8 millions en métropole. La région Île-de-France et notamment son agglomération centrale présente des enjeux urbains majeurs dans les zones inondables avec 18 200 ha exposés dont 60 % en aléas fort à très fort (supérieur à 1 m). Le taux d’urbanisation de la Zone Inondable dans Paris et ses départements limitrophes est supérieur à 95% !”
La France a le bec dans l’eau
Ce ne sont pas seulement les pieds mais le bec que la France a dans l’eau, ironise Paris Match. “La situation reste “tendue” et “difficile” dans “plusieurs secteurs du pays”(…) a déclaré jeudi le Premier ministre Manuel Valls, prévenant qu’il y a “encore de nombreuses inquiétudes””. “Nous devons très rapidement procéder au retour à la vie normale”, a déclaré à ses côtés le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Ils parlaient des crues mais chacun pensait à d’autres débordements…
À l’issue du face à face organisé le lundi 30 mai par RTL entre le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et celui de la CGT, Philippe Martinez, on avait cru comprendre que ce dernier n’exigeait plus le retrait de la loi travail, ni même le dynamitage de son article 2. “Mais la CGT continue d’accumuler grèves et blocages, au risque d’exaspérer toujours plus de Français et de désespérer ceux qui sont touchés par les inondations”, a déploré jeudi soir la présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, sur BFMTV.
Les sénateurs “poussent les curseurs”
On en finirait presque par oublier que ce texte improbable n’est encore qu’un projet de loi…que les sénateurs sont d’ailleurs en train de détricoter remarque Le Parisien. “Nous assumons les choses en poussant les curseurs jusqu’au bout, alors que le gouvernement a la réforme honteuse”, a expliqué Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur Les Républicains, dans Marianne (1er juin) qui résume : “Le Sénat va donc ressusciter le plafonnement impératif (et non pas indicatif) des indemnités prud’homales, la possibilité pour les PME de mettre en place des forfaits-jours sans accord syndical ou encore la prise en compte du périmètre national pour justifier les licenciements économiques. Mais les sénateurs comptent aussi aller plus loin. (…) Un amendement prévoit ainsi de fixer branche par branche, par un accord collectif, le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, et de le fixer à défaut à 39 heures par semaine. Une suppression pure et simple des 35 heures, en somme ! Autre mesure “maison” : la baisse du forfait social sur l’intéressement et la participation (qui est une contribution à la charge de l’employeur)”. Bref, un condensé des principales mesures économiques des candidats à la primaire de la droite.
Le gouvernement lâche du lest tous azimuts
De son côté, le gouvernement lâche du lest tous azimuts. Pour lui, le temps presse “à quelques jours de l’Euro de football” constate Le Point : “Pour désamorcer le conflit, alors que les cheminots CGT et SUD sont les plus mobilisés contre la loi travail, le secrétaire d’État aux Transports Alain Vidalies a forcé le patron de la SNCF Guillaume Pepy à renoncer à assouplir la réglementation actuelle, notamment sur l’encadrement des repos des cheminots. Le dirigeant comptait sur cet accord pour abaisser ses coûts avant l’ouverture totale à la concurrence”. Le contribuable, une fois de plus, paiera la facture.
Mais plaie d’argent n’est pas mortelle. Il est des “pataugeages” plus graves, telle cette commémoration du centenaire de la bataille de Verdun par François Hollande et d’Angela Merkel, le 29 mai. La cérémonie a été gâchée par une indécente course de jeunes entre les tombes et des discours insipides, s’indigne le professeur et écrivain Robert Redeker dans une tribune au Figaro : “Une chorégraphie chatoyante zigzagua presque joyeusement entre les tombes. Des ballons furent lâchés. François Hollande s’aventura en un étrange propos: “Verdun est pour la première fois honoré non pour son passé de souffrance mais pour son message d’espérance”. Pour galvaniser ce message d’espérance, on transforma la commémoration en un spectacle bariolé, on y insuffla de la gaité! À quoi sert-elle, cette fête? À organiser l’oubli. (…) Ne pas rappeler qu’ils [les poilus] ont donné leurs vies pour la France comme terre et comme sol, pour ses frontières, revient à les trahir, à insulter d’ingratitude leur sacrifice.”
À droite aussi, on brandit une laïcité d’exclusion
Mais est-il certain que le spectacle qu’offre la France serait de meilleure qualité sous un gouvernement de droite ? Il est permis en tout cas de s’interroger sur la conception qu’on s’y fait de la laïcité quand on lit l’entretien que Bruno Lemaire, candidat à la primaire des Républicains, a accordé à La Vie. Ce catholique récuse toute intervention de l’Église dans le champ politique. Il s’est attiré cette réponse de l’évêque de Frejus-Toulon, Mgr Rey, sur sa page Facebook : “… le concile Vatican II rappelle que la politique est ordonnée à la recherche du bien commun et que l’Église doit porter un jugement moral sur la politique car on ne peut pas séparer le “légal” du “moral”. Le pape François a dénoncé le laïcisme français qui considère les religions comme des sous-cultures. Aujourd’hui encore, la violence de cet ostracisme laïciste se manifeste lorsqu’on brûle l’effigie d’un évêque, ou lorsqu’un président du Conseil constitutionnel récite une prière blasphématoire”. Tiens, tiens… Quel est donc cet (ex) président du Conseil constitutionnel et de quelle “prière blasphématoire” s’agit-il ? Réponse sur France Info : “Jean-Louis Debré (…) lit [devant le buste de Marianne] ce poème d’un révolutionnaire anonyme, une prière républicaine : “Salut Marianne pleine de force, le peuple est avec toi. Le fruit de tes entrailles, la République, est béni. Sainte Marianne, délivre-nous, vierge de la liberté, des rois et des papes. Ainsi soit-il”.” Incroyable mais, hélas, vérifiable !