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Je ne veux plus souffrir en silence

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Rosemary Battle - publié le 31/05/16
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Et j’ai décidé d’être honnête sur ce que je ressentais pendant ma période de discernement.

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Au cours d’une retraite en novembre dernier, lors d’un partage en petit groupe, le responsable nous a demandé de nous exprimer sur notre relation à Dieu. Chacun parlait à tour de rôle, puis est venu mon tour. Pour la première fois, j’ai décidé d’être honnête sur ce que je ressentais : “Je pense que j’ai le problème inverse par rapport à la plupart d’entre vous. En ce qui me concerne, Dieu n’a pas l’air distant du tout. J’ai même plutôt le sentiment qu’Il ne me laisse pas tranquille.”

Je me suis inscrite à l’université pour étudier les sciences de l’éducation, et cela me passionne vraiment. Cependant, il peut être impossible de se focaliser sur une passion quand quelqu’un vient en permanence frapper à la porte. Et si ce quelqu’un c’était Dieu…

En premier lieu, les études

Peut-être que ce que je vais vous dire va vous sembler égoïste, mais j’ai vraiment envie d’ouvrir la porte. Depuis que j’ai 8 ans, je me pose des questions sur une éventuelle vocation religieuse et j’ai enfin un âge suffisant pour que la plupart des communautés m’autorisent à venir les voir. Mais il faut que je garde les pieds sur Terre. Tant que Dieu ne m’a pas indiqué le chemin vers un ordre en particulier, il faut que je me concentre sur l’instant présent. Il faut que je fasse des études. Et je sais que ce n’est pas moi qui place d’autres aspirations avant Dieu. Mon curé, mes parents, mes frères et sœurs, mon directeur des vocations, et toutes les sœurs que j’ai rencontrées au cours des deux dernières années m’ont dit la même chose. Je dois me concentrer sur mes études.

Mais être consciente de cela, savoir que c’est la volonté de Dieu pour moi, ne diminue pas la force de l’appel et n’apaise en rien mon âme. C’est paradoxal : à la fois je Le sens frapper à ma porte, me courtiser, si vous voulez, et en même temps, Il insiste pour que je prenne mon temps avant de Lui donner ma vie.

Je suppose que c’est un paradoxe auquel les couples sont souvent confrontés : devoir se concentrer sur cette fichue vie quotidienne, quand la promesse d’une vie en communion attend à l’horizon.

Un combat intérieur

Parfois, je ressens un tel désir dans mon cœur que je ne peux pas faire mes devoirs. Ou alors, je réalise soudain à quel point mon union totale à Dieu est encore loin et je ne peux pas retenir mes larmes. Je suis très souvent fâchée contre Dieu car je me sens abandonnée, et j’ai l’impression que personne ne comprend mon combat intérieur.

Évidemment, en parler à la retraite n’a pas résolu le problème, la situation s’est même aggravée. La plupart des gens du groupe étaient très surpris. Ils étaient loin de penser que j’avais des soucis, encore moins de ce genre.

Mais ils m’ont aussi dit qu’ils aimeraient davantage Dieu. Et voir que j’étais prête à attendre malgré la souffrance que c’était pour moi était pour eux une source d’inspiration. Des personnes ayant des problèmes tout à fait différents des miens ont pu retirer un bénéfice de mon expérience.

Partager son expérience aux autres

Je sais bien que je ne suis pas “un cas”, mais si le fait de partager mon expérience permet à d’autres d’approfondir leur foi, je devrais peut-être le faire plus souvent. Nous devrions tous partager nos épreuves de la vie. Cette expérience pendant ma retraite m’a appris que ce n’est pas parce que Dieu nous donne à chacun notre lot de fardeaux à porter qu’il faut les porter dans le noir. Parfois, il est bon que les autres voient nos problèmes. Un jour j’ai entendu dire que dans la souffrance, on se rapproche de Dieu. Parfois, c’est bien de montrer à quel point nous marchons dans ses pas.

Je suis bien consciente que ma croix est loin d’être la plus lourde. Mais quel que soit le poids de la croix que nous portons, nous n’avons pas idée de l’impact que nous avons sur les autres. Alors ne pensez jamais que vous êtes destinés à porter votre croix tout seuls.

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