Percevoir le faible comme un enfant de Dieu jusqu’à y reconnaître le Christ, telle est la voie du chevalier servant.
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À quoi peut bien ressembler le chevalier des temps modernes ? Pour répondre à cette épineuse question, Aleteia a remis au goût du jour un ancien code de chevalerie en vigueur au XIIe siècle. Ces dix commandements, à l’image du décalogue de l’Église catholique, dictaient la conduite des chevaliers désireux de cultiver les saintes vertus et d’éveiller en eux les sentiments les plus nobles. Répondant aux problématiques médiévales, un tel code peut à première vue sembler désuet ou inapproprié à l’époque moderne. Vraiment ? Largement imprégnés par la morale chrétienne, ce seront des prêtres, bien dans leur époque, qui revisiteront et réactualiseront pour vous les préceptes de ce code dont notre société moderne gagnerait beaucoup à s’inspirer. Faisons naître ensemble un nouvel esprit chevaleresque !
Cette semaine, le père Jean-Philippe Chauveau, prêtre catholique de la communauté Saint-Jean, connu pour sa mission de prêtre de rue auprès des toxicomanes, des SDF, des prisonniers ainsi que des personnes vivant de la prostitution au bois de Boulogne, s’est attelé à cette règle de base du chevalier servant.
Tu auras respect de toutes les faiblesses
et tu t’en constitueras le défenseur
Il existe hélas, une multitude de faiblesses. Particulièrement aujourd’hui où la vie est fondée sur le bien-être personnel et sur l’efficacité dans tous les domaines. En conséquence, des foules de personnes se retrouvent en marge de la société. L’aspirant chevalier saura écouter Jean Vanier, fondateur de l’Arche, quand il rappelle que “toute personne est une histoire sacrée”, il prendra ainsi conscience que chacune d’entre elles est importante. Avec patience et persévérance, le chevalier évitera d’instaurer une relation “d’efficacité” avec les plus faibles et ne cherchera pas à en extraire une vaine gloire. Une fois cette condition acquise, il devra aller au-devant des plus fragiles et instaurer avec eux une relation “d’amitié” quels qu’ils soient.
L’esprit d’amitié est primordial. Jésus disait : “À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres” (Jn 13, 35). Il n’est pas toujours nécessaire d’aller très loin pour venir en aide aux plus fragiles et le chevalier servant doit d’abord être au service de celui qui se trouve à ses côtés. Dans notre entourage direct, certains vivent des moments difficiles, d’autant plus que le monde actuel nous vulnérabilise en permanence, par le manque, la jalousie et la frustration.
Jésus est mort pour tous et non pas simplement pour ceux qui ont réussi dans la vie ; Il est le lien ultime entre tous. Il permet donc d’instaurer une relation d’amitié entre le chevalier et le faible, bien qu’ils ne se connaissent pas. C’est le principe le plus important : pour le chevalier chrétien, la première exigence est d’aimer Dieu tel que Jésus l’a enseigné à la Samaritaine :
La Samaritaine lui dit : “Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ?” – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit : “Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive.”
Elle lui dit : “Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ?”
Jésus lui répondit : “Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle.”
(Jn 4, 9-14)
Le chevalier doit impérativement se présenter en mendiant face au Seigneur, Lui donner du temps, à travers l’Eucharistie, l’adoration et la prière : tout cela fera de lui un pauvre, un mendiant de Dieu ! “La rencontre avec les plus faibles me met devant mes propres fragilités”, souligne Jean Vanier. Rejoindre le cœur de la personne et lui permettre de toucher le sien en retour, voilà la condition indispensable pour se mettre à la hauteur des plus faibles. C’est à ce moment-là seulement que le chevalier parviendra à percevoir le faible comme un enfant de Dieu jusqu’à y reconnaître le Christ. Ainsi Jésus enseignait :
Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
(Mt 25, 40)
Le chevalier s’inscrit dans la droite lignée de la Vierge Marie et suit l’exemple de saint Jean :
Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton fils”.Puis il dit au disciple : “Voici ta mère”. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
Pieux chevalier, il a un grand amour pour la Sainte Vierge et accepte qu’elle soit son éducatrice du cœur et, pour se faire, il se consacre à elle. Car elle est la mère que Jésus en personne nous donne. Le chevalier est par excellence celui qui découvre le secret de la place de Marie dans le mystère divin. Il se fait serviteur de Jésus par sa consécration à Marie car “Jésus est venu par Marie, et reviendra par Marie”, peut-on lire dans le Traité de la vraie dévotion de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Je vous choisis, aujourd’hui, ô Marie,
en présence de toute la cour céleste,
pour ma Mère et ma Reine.
Je vous livre et consacre,
en toute soumission et amour,
mon corps et mon âme,
mes biens intérieurs et extérieurs,
et la valeur même de mes bonnes actions
passées, présentes et futures,
vous laissant un entier et plein droit
de disposer de moi,
et de tout ce qui m’appartient,
sans exception,
selon votre bon plaisir,
à la plus grande Gloire de Dieu,
dans le temps et l’éternité.
(Prière de consécration à la Vierge Marie de saint Louis-Marie Grignion de Montfort)
Grâce à la Sainte Vierge, notre cœur s’élargit et s’ouvre à tous en acceptant notre propre vérité : notre faiblesse. En se faisant faible pour toucher les faibles, le chevalier reproduit l’exemple du Christ, ni plus ni moins. On entre là dans le véritable mystère de Dieu qui s’est fait homme pour toucher les hommes. Au tour du chevalier de se faire faible pour toucher les faibles.
Le Magnificat est la prière du chevalier servant : parce que la Vierge Marie est la servante du Seigneur, elle nous apprend à devenir servant de notre frère. Il est par conséquent capital de se rendre dans les sanctuaires mariaux, particulièrement à Lourdes, lieu de tant de grâces depuis près de 160 ans.
Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Seigneur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles;
Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras,
Il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
Il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël, son serviteur,
Il se souvient de son amour,
De la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.