“J’ai compris que la brebis égarée, c’était moi.”
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Yann fait parti de la direction générale d’un grand groupe français de cosmétique. Marié et père de sept enfants, il nous ouvre les portes de son intimité avec le Christ.
Pourquoi laissez-vous de la place à Dieu dans votre vie ?
Yann : Arrivé en prépa vers 17 ans et après avoir savamment été laminé par la philosophie marxiste que j’ai apprise en lycée catholique, je n’allais plus du tout à la messe. Mais j’ai une cousine qui m’a embarqué lors d’une nuit de Pâques chez les Petites Sœurs de Bethléem et je suis tombé sur la lecture d’Ezéchiel : “J’irai chercher la brebis égarée”. J’ai pleuré et pleuré. C’était des larmes de libération, parce que j’ai compris que la brebis c’était moi. Depuis ce moment là, ma vie de foi a vraiment redémarré. Avec nos sept enfants, c’est écrit sur nos têtes que nous sommes cathos donc autant l’assumer à fond. Dieu est devenu la colonne vertébrale de ma vie mais je ne m’en suis rendu compte qu’en suivant le parcours Zachée. Il y a un des exercices qui consiste à écrire dans un petit carnet ce que l’on fait pour Dieu dans nos journées. Là je me suis aperçu que c’était assez faible de mon côté. Donc au fur et à mesure j’ai dégagé davantage de plages horaires pour le Bon Dieu. Soit en actes concrets, soit par des petites prières. Pour cela je m’aide de la prière des moines tout au long de la journée : “Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours”.
Que signifie pour vous “avoir la foi” ?
Je ne crois pas “qu’avoir la foi” soit la meilleure des expressions parce qu’une fois qu’on a quelque chose, il ne reste plus qu’à la perdre. Mais au-delà, c’est avoir le goût de la recherche de la Vérité. Bien loin de la posséder, je suis juste en chemin. C’est une immense grâce et je mesure la chance que j’ai de l’avoir reçue. J’ai eu une expérience incroyable quand j’avais une dizaine d’années. Nous étions à Notre Dame d’Auteuil, c’était pendant la consécration et à ce moment là j’ai entendu une voix très claire me dire : “Un jour tu feras ça pour moi”. Du coup avec trois copains nous sommes allés voir notre aumônier qui nous a reçus dans son bureau. Il nous a écoutés attentivement et nous a dit de laisser passer la puberté… mais qu’en revanche, “si plus tard cela continue de vous travailler on verra à ce moment là”. Sur les quatre, deux sont devenus prêtres… et les deux autres, nous sommes pères de famille.
Avez-vous une action quotidienne pour Dieu ?
Je travaille. Dans le parcours Zachée nous redécouvrons que Dieu nous fait co-créateur et donc chaque matin je me dis (en me rasant…ou pas) : “Voilà Seigneur, aujourd’hui tu me confies une partie de ta Création, donc je vais essayer de faire que tous mes actes soient des actes de co-création”.
Qu’aimeriez-vous dire aux catholiques ?
Ayez une mine réjouie ! J’aimais beaucoup lire Nietzsche quand j’étais en prépa et dans une phrase lapidaire il disait : “Je croirais le jour où les chrétiens auront des gueules de ressuscités”. Comme dit le pape François : “Évitons d’avoir des têtes de Vendredi Saint”.
Pour vous, qu’est-ce qui sauvera le monde ?
Mais il est déjà sauvé ! C’est acquis depuis 2 000 ans par le Christ et c’est bien pratique ! Mais bon, il faut quand même y aller parce qu’Il a dit : “Soyez mes témoins…”.
Quelle est votre plus grande peur ?
Du tac-au-tac je dirais que j’ai peur de mourir. Mais en fait j’ai surtout peur de souffrir avant ma mort, tout cela parce que j’ai horriblement peur de la croix. Et puis ma seconde angoisse est de savoir si j’aurais finalement assez aimé. C’est devenu une vraie question depuis quelques temps mais l’envers de cette peur, c’est qu’elle devient aussi moteur.
Qu’est-ce qui vous rend heureux ?
La vie que j’ai avec ma famille et toutes les grâces qui me comblent chaque jour. Ce sont tous ces clins d’œil de la Providence qui arrivent au quotidien quand on y prête attention. J’ai la meilleure vie que je puisse avoir, ce qui pour autant n’empêche pas les épreuves.
Quelle est votre vertu préférée et pourquoi ?
Le courage. Parce que je suis très admiratif des gens courageux dans l’adversité. Ça fait plus de quatorze ans que je suis dans un grand groupe familial de cosmétique et nous avons un fondateur qui a lutté toute sa vie pour l’emploi, pour son pays breton, pour développer son entreprise ; il a aussi été malade, c’est un vrai exemple pour moi. J’ai aussi perdu un cousin il y a peu de temps qui a souffert d’un cancer pendant sept ans, il ne se plaignait jamais. Tout cela pour moi c’est le vrai courage.
Quel est votre saint préféré et pourquoi ?
Mon saint patron ! Saint Jean l’Évangéliste. C’est ma mère qui m’a donné le choix entre deux saints quand j’étais enfant : Jean-Baptiste ou Jean, “l’Apôtre que Jésus aimait”. Et je me suis toujours dit : “Celui-là c’est super ! Il est sur le cœur de Jésus”. C’est aussi son Évangile qui m’a vraiment conduit quand j’étais post-adolescent. J’avais l’impression d’entendre la version originale. Au chapitre 17, c’est la grande prière sacerdotale et là on est vraiment dans la VO !
Quelle est votre prière préférée et pourquoi ?
Une prière que l’on s’est forgé avec ma femme au moment de l’attente de notre cinquième enfant. Elle avait attrapé la toxoplasmose au premier mois de grossesse. Le gynéco ne nous a pas vraiment aidés en nous disant : “Vous allez avoir un légume, à côté un trisomique c’est une bénédiction. Il faut bien que vous réfléchissiez”. En sortant, on s’est regardés avec mon épouse et on s’est dit : “Là il va falloir qu’on sache à quoi on croit”. Notre fille s’appelle Marie – bien entendu – et elle va très bien ! Cette prière est un mix de plusieurs prières à saint Joseph. Nous l’avons récitée chaque jour de la grossesse alors que nous n’avions pas du tout l’habitude de prier ensemble.
Propos recueillis par Sabine de Rozières