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“Quel avenir pour la démocratie ?”, se demandent les évêques du Brésil

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Communauté catholique Shalom - publié le 17/05/16
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“La crise actuelle met en évidence la nécessité d’une authentique et profonde réforme politique.”

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Jeudi 12 mai 2016, la présidente du Brésil Dilma Rousseff a été contrainte de céder le pouvoir à Michel Temer actuel vice-président, après l’ouverture de son procès en destitution par le Sénat. Cette dernière a été suspendue du pouvoir pour une durée de 180 jours maximum. Le procès en destitution a été approuvé par 55 contre 22 sénateurs treize ans après l’entrée au gouvernement du Parti des travailleurs (PT) avec l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva puis par son poulain Dilma Rousseff.

Les évêques du Brésil : des pasteurs profondément préoccupés par la situation

Jeudi 14 avril, les évêques, réunis à l’occasion de leur 54e Assemblée Générale à Aparecida, déclaraient qu’ “après vingt ans d’un régime militaire, le Brésil a repris l’expérience d’un État de droit démocratique. Dans cette conquête, les mouvements populaires, organisations étudiantes, ouvrières, paysannes, artistiques et religieuses, entre autres, ont eu un rôle déterminant. Depuis ce temps, le pays vit l’une des plus longues périodes démocratiques de son Histoire républicaine, dans laquelle de nombreux évènements ont aidé au renforcement de la démocratie brésilienne.”

Les pauvres, les “martyrs de la corruption”

Les prélats posent la question de “qui paye pour la corruption ?”. Ce sont certainement les pauvres, les “martyrs de la corruption” (Pape François). “En tant que pasteurs, nous sommes solidaires de la souffrance du peuple. Toutes les accusations de corruption doivent continuer à être rigoureusement examinées. Les accusés devront être jugés par les instances compétentes, qui respectent le droit de la défense ; les coupables punis et les dommages dûment réparés, afin que soit garantis la transparence, le rétablissement de la crédibilité des institutions et le retour de la justice.”

Il est important de prier pour le Brésil

L’archevêque de Rio de Janeiro, le cardinal Orani João Tempesta, réagissait au micro de Radio Vatican à cette nouvelle : “Il est temps de prier pour le pays, de croire en nos institutions, et en même temps, comme le rappelait si bien le président du Sénat, discuter des nécessité d’améliorer notre système républicain, présidentiel, ainsi que notre propre Constitution, qui, sur certains points, après tant d’années, peut être améliorée. (…) Mais il nous faut à présent regarder en avant et voir comment nous pouvons “récupérer” le pays pour le bien de tout notre peuple”.

Mgr Tempesta considère que le débat au Sénat, qui a duré plus de vingt heures, “aborde un peu les convictions brésiliennes, qui en ce moment voient comment nécessaire la procédure de destitution”. “Il est important de prier pour le Brésil, tant pour le gouvernement de Dilma Roussef, qui est à présent destitué, comme aussi pour le nouveau gouvernement qui assume l’intérim, pour qu’ils aient la lumière nécessaire pour conduire le pays.”

Au sujet des soutiens et opposants à la destitution

“En réalité, des pour et des contre, nous en avons toujours eus et nous en auront toujours, mais le plus important est que les personnes sachent faire une opposition sérieuse, sans violence, sachant demander avec raison ce qui est réellement bon pour le pays. Nous savons que l’alternance de pouvoir est salutaire pour le pays, et en même temps, il est très important que les personnes sachent aussi être raisonnables dans leurs positions, sans chercher ni guerre, ni violence, mais en aidant, dans l’opposition, à bien gouverner et bien contrôler que tout se déroule pour le bien de notre pays.”

L’après destitution

“Je ne crois pas que ce soit le moment de célébrer [cette destitution]. Après tout, c’est un moment traumatisant pour notre pays. C’est avec un certain regret que nous voyons arriver cette situation, et il n’est ni intéressant, ni important que nous présentions l’échec de l’un comme la victoire de l’autre. Des erreurs et des succès que nous avons connus dans le passé, nous pouvons préserver ce qu’il y a de bon et réparer, si cela est possible, les erreurs pour le futur.  Je crois qu’aussi bien les pour et les contre sauront se respecter, sachant que nous sommes frères et désirons le bien du pays, même en ayant des positions différentes.”

Message du Pape au peuple brésilien

À l’occasion de la catéchèse de la semaine dernière, le Saint-Père a adressé une salutation spéciale au peuple brésilien : “En vous saluant, chers pèlerins brésiliens, mes pensées vont à votre nation bien aimée. Ces jours durant lesquels nous préparons la Pentecôte, je demande au Seigneur qui répande avec abondance les dons du Saint Esprit pour que, en ce moment de difficulté, le pays chemine vers une harmonie et une paix avec l’aide de la prière et du dialogue. Que la proximité de Notre-Dame d’Aparecida – qui comme une bonne mère n’abandonnera jamais ses enfants – soit un bouclier et un guide sur ce chemin”.

La nécessité d’une authentique et profonde réforme politique

La Conférence épiscopale terminait sa déclaration en exhortant le pays à une profonde réforme : “La crise actuelle met en évidence la nécessité d’une authentique et profonde réforme politique, qui assurent une participation populaire effective, favorisant l’autonomie des pouvoirs de la République, restaurant la crédibilité des institutions, garantissant la bonne gouvernance et garantissant les droits sociaux”. “En accord avec la Constitution fédérale, que les trois pouvoirs de la République (judiciaire, exécutif et législatif, ndlt) respectent leurs obligations et leurs responsabilités. Le bien de la nation requiert de la part de tous le dépassement des intérêts personnels, partisans et corporatistes.”

“Tous les chrétiens, et aussi les pasteurs, sont appelés à se préoccuper de la construction d’un monde meilleur” (Pape François).

Jean Vingt, Communauté Catholique Shalom, d’après cancaonova.com et cnbb.org.br

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