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Aux Philippines, l’Église s’inquiète de l’élection de “Dirty Harry”

Philippines Presidential frontrunner and Davao City Mayor Rodrigo Duterte gestures as he is interviewed by reporters at a hotel in Davao City on the southern island of Mindanao on May 9, 2016. Anti-establishment firebrand Rodrigo Duterte was heading for a huge win in the Philippine presidential elections, according to a poll monitor, after an incendiary campaign dominated by his profanity-laced threats to kill criminals. / AFP PHOTO / NOEL CELIS

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Sylvain Dorient - publié le 17/05/16
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Rodrigo Duterte, avait averti : “Oubliez les droits de l’homme. Si je deviens président, ça va saigner”. C’est chose faite…

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Rodrigo Duterte a été élu président des Philippines lundi 9 mai 2016. L’Église catholique lui a immédiatement proposé sa “collaboration vigilante”… Une vigilance forgée au rythme des déclarations tonitruantes de ce candidat, qui se vante d’avoir pacifié la ville dont il était maire, Davao, à l’aide d’escadrons de la mort qui ont assassiné 1 400 personnes, dont 132 enfants des rues. Plusieurs hauts prélats, dont Mgr Antonio Ledesma, archevêque de Cagayan de Oro, grande ville de Mindanao, l’ont publiquement dénoncé.

Il insulte le Pape…

Agacé par les embouteillages provoqués autour de Manille par la venue du pape François en novembre 2015, le maire de Davao qualifiait le Souverain Pontife de “fils de p***” et l’enjoint “à ne plus rendre de visite”. Des déclarations ont été dénoncées par l’entourage même du président, et qui n’ont pas empêché son élection dans un pays composé à 85% de catholiques. Sœur Mary John Mananzan, religieuse très impliquée dans la défense des droits de l’homme aux Philippines rapporte à Église d’Asie : “Lors des scrutins électoraux, les catholiques philippins mettent de côté tous les principes éthiques qu’ils tiennent pour centraux dans leur vie”. Elle se dit inquiète pour son pays et envisage les six prochaines années comme un défi pour l’Église, “qui devra se montrer plus prophétique tout en luttant contre les injustices et les violations des droits de la personne humaine”.

Après le tsunami, le ras-le-bol

Rodrigo Duterte a annoncé qu’il se donnait six mois pour lutter contre la corruption qui gangrène son pays. L’une des conséquences les plus choquantes de ce fléau, c’est que trois ans après le tsunami de 2013, une grande partie des 11 millions de Philippins victimes de la catastrophe n’ont toujours pas touché d’aide. Le pays a pourtant reçu 386 millions de dollars, et Rodrigo Duterte affirme qu’il mettra fin à ce scandale en agissant “comme un dictateur”.

Symptôme de la colère des Philippins

Les Philippines se situent systématiquement en tête des pays les plus corrompus et où les inégalités sont les plus criantes. Le vote massif, dans ce pays catholique, pour un homme qui affirme avoir quitté l’Église quand il est devenu maire, car ses commandements l’auraient empêché de lutter contre le crime, est un symptôme inquiétant. Pourtant, le nouveau président, peu après avoir promis “d’engraisser les poissons de la baie de Manille” avec les délinquants a aussi fait part de son désir de se rendre au Vatican, pour demander pardon au Pape.

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