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La première fois que le pape François a cité son nom c’était le 6 mars 2014, en rencontrant les prêtres du diocèse de Rome. Et il avait recommencé le 11 mai 2014 à la messe pour de nouvelles ordinations sacerdotales.
Et il a reparlé de lui dans son livre-entretien Le nom de Dieu est Miséricorde, paru en 2015, puis à nouveau en février 2016 pendant la messe à Saint-Pierre avec les frères capucins et, plus récemment, lors de sa rencontre avec les prêtres de Rome à Saint-Jean-de-Latran et avec les confesseurs du Jubilé. Quand il parle de la confession et de l’accueil des pénitents, les pensées du Pape vont toujours vers lui.
Il me vient à l’esprit un grand confesseur, un prêtre capucin, qui exerçait son ministère à Buenos Aires. Un jour, il est venu me voir. Il voulait parler. Il m’a dit : "Je suis venu te demander de l’aide, j’ai toujours beaucoup de gens devant mon confessionnal, des personnes en tout genre, certains d’une grande humilité d’autres pas, mais aussi tant de prêtre… J’ai des scrupules, parce que je sais que je pardonne trop !". Nous avons parlé de la miséricorde et je lui ai demandé ce qu’il faisait quand il avait ce genre de scrupules. Il m’a répondu : "Tu sais, quand je sens que ce scrupule est trop fort, je vais à la chapelle, devant le tabernacle, et je dis à Jésus : “Excuse-moi, Seigneur, mais c’est de ta faute, parce que tu m’as donné le mauvais exemple !”". Je ne l’oublierai jamais. Quand un prêtre vit la miséricorde de cette façon, sur lui-même, il peut la donner aux autres.
Maintenant ce frère capucin a un nom et un visage. Il s’appelle Luis Dli, a 89 ans. Il passe ses journées à confesser dans le sanctuaire d’un quartier populaire de Buenos Aires, où Andrea Tornielli l'a rencontré et interviewé.
Vatican Insider : Père Luis, le Pape vous a souvent cité. Dites-nous ce qui s’est passé entre vous, et pourquoi lorsqu’il était cardinal il s’était adressé à vous en ces termes…
Père Luis Dli : Finalement je suis, je ne dis pas scrupuleux, mais disons un peu inquiet pendant les confessions. Quand il était cardinal ici à Buenos Aires, j’avais une grande confiance en lui, j’allais lui parler et un jour je lui ai confié tout ça. Il me disait : "Pardonne, pardonne, il faut pardonner". Et moi de lui répondre : "Oui, je pardonne, mais après j’ai toujours cette petite inquiétude en moi. Alors je vais trouver Jésus et je lui dis que c’est Lui qui m’a enseigné, que c’est Lui qui m’a donné le mauvais exemple, parce qu’Il a tout pardonné, Il n’a jamais refusé quiconque". Ces paroles ont apparemment frappé le Pape, sont restées gravées dans sa mémoire. Il sait que je confesse beaucoup, pendant de longues heures, matin et soir. Puis un jour il a conseillé à des prêtres de venir me parler d’un certain problème, je les ai écoutés et aujourd’hui nous sommes devenus de grands amis. Certains viennent souvent, nous parlons, et ils se sentent très bien spirituellement, pastoralement. Je dois remercier infiniment le Pape pour cette confiance qu’il me fait, car je ne la mérite pas. Je n’ai pas fait d’études, je n’ai pas de doctorat, je n’ai rien. Mais la vie m’a beaucoup appris et, comme je nuis né très pauvre, il me vient de devoir toujours dire une parole de miséricorde, de soutien, de proximité pour quiconque vient ici. Personne ne doit repartir en pensant ne pas avoir été compris, méprisé ou rejeté.
Vous passez beaucoup de temps à confesser, n’est-ce pas ?
J’ai la messe à 8 h et sauf exception je reçois de 9 h à 12 h et l’après-midi de 15 h à 19 h. Tous les jours. Et le dimanche de 7 h 30 à 12 h 30, mais je suis toujours là aussi le dimanche après-midi à partir de 15 h. Je célèbre la messe et je reste là jusqu’à ce que les cierges finissent de brûler.
Vous avez 89 ans, toute une vie passée dans un confessionnal. Quel conseil donneriez-vous à vos confrères prêtres sur la bonne attitude à avoir ?
Ce que dit le Pape. Rien d’autre, car ce qu’il dit je le sens et je le vis. Miséricorde et compréhension. Mettre toute sa vie à l’écoute, pour comprendre, pour réussir à se mettre dans la peau de l’autre, pour comprendre ce qui arrive. On ne doit pas agir en fonctionnaire, à commencer par moi, des fonctionnaires qui font ce qu’ils ont à faire et basta : "Oui, je lui ai donné l’absolution". "Oui, non, et tout finit là." C'est tout le contraire. Je pense que nous devons avoir une certaine proximité, être très aimables, car il y a parfois des gens qui ne savent pas très bien ce qu’est la confession. "N’aie pas peur, ne t’inquiète pas". La confession… la seule chose que l’on veut c’est être meilleur, rien d’autre. On ne doit pas penser avec qui, combien de fois, ni telle ou telle autre chose. Cela ne sert à rien. Je pense que cela éloigne plutôt les personnes. Et moi je dois faire en sorte que les personnes aillent vers Dieu, s’approchent de Jésus.
Et quel conseil donneriez-vous à ceux qui viennent se confesser?
De ne pas avoir peur. Je montre toujours ce tableau où l’on voit le Père étreindre le Fils prodigue dans ses bras. Parce qu’ils me demandent : "Mais Dieu me pardonnera-t-Il ?". Dieu te prend dans ses bras, Dieu t’aime, Dieu marche avec toi, Dieu est venu pardonner, pas châtier, Il est venu pour être avec nous, a quitté les Cieux pour être avec nous. Alors, pourquoi avoir peur ? Cette idée me paraît absurde, c’est se faire de mauvaises idées sur Dieu notre Père.
Quand j’ai entendu le Pape raconter ce que vous lui avez dit, j’ai pensé à saint Léopold Mandic, qui avait la même attitude lorsqu’il confessait.
Oui, oui, je le connais très bien ; j’ai lu sa vie et j’ai beaucoup appris de lui. J’ai appris aussi de Padre Pio avec qui j’étais en 1960. Et tout cela m’a beaucoup appris. J’ai été avec Padre Pio, je me suis confessé à lui, j’ai été au même couvent que lui en 1960. Saint Léopold et saint Padre Pio m’ont beaucoup appris, tant de belles choses sur la Miséricorde, l’amour, la paix, le calme, la proximité. Padre Pio avait l’air fort, énergique, mais quand il devait écouter et pardonner, c’était Jésus.