Emmanuel Macron s’est rendu le 8 mai dernier dans la ville d’adoption de Jeanne d’Arc mais il n’a pas volé la vedette à la fille de Domrémy.
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On a bien plus parlé d’Emmanuel Macron que de Jeanne d’Arc sur la scène médiatique nationale, et pourtant, à Orléans, c’est bien Jeanne qui, une fois de plus, a poussé les curieux à se masser aux barrières sous les étendards. Les Orléanais étaient fiers de recevoir un ministre en exercice – ce qui n’était plus arrivé depuis 10 ans – mais les applaudissements ont rapidement laissé la place aux sifflements : le ministre s’attardant à serrer des mains le long du cortège a fait prendre un retard considérable au défilé ! Qu’il ait été président de la République (tous sont venus, sauf Nicolas Sarkozy et François Hollande), ministre, écrivain, historien ou journaliste, aucun invité d’honneur n’a jamais pris la place de Jeanne dans le cœur des Orléanais, encore moins un 8 mai.
Hommage à Jeanne
“Oui, une femme a su, par la grandeur de son âme et la ferveur de son espérance, unir les cœurs et refonder la France. Et cela a commencé il y a 587 ans à Orléans. Et bien Jeanne, ton message sera entendu, car la France est éternelle”, c’est par ces mots que le maire d’Orléans, Olivier Carré, a terminé son discours le 7 mai au soir, devant la cathédrale illuminée.
C’est ensuite l’évêque qui a pris la parole pour adresser à la ville un message de transmission : il a remercié ceux qui continuent à parler de Jeanne, à enseigner les étapes de sa courte vie à leurs enfants et petits enfants pour que l’unité se fasse autour de celle qui a accompli sa mission grâce à sa foi et à son espérance. Paraphrasant le Pape, il a encouragé la population à construire des ponts pour réconcilier la France, comme Jeanne avait su le faire en son temps.
En cette nuit, veille de la grande bataille, Orléans rend hommage à l’étendard de Jeanne, que cette dernière aimait “quarante fois plus que son épée”. Frappé d’un Christ en gloire et des archanges Michel et Gabriel, cet étendard porte les noms de “Jésus et Marie” si chers à son cœur. Gardé à la mairie toute l’année, il est remis à l’évêque par le maire lors de cette cérémonie, afin qu’il soit à l’honneur entre les mains de celle qui nous vint “de par Dieu”. La ville est plongée dans le noir et la cathédrale s’illumine : cette année, c’est le visage universel de Jeanne qui est projeté sur la cathédrale, ses diverses représentations à travers le monde.
En cette nuit qui fut celle de toutes les espérances 587 ans plus tôt, Orléans se souvient également du calvaire des chrétiens d’Orient : plusieurs icônes se dessinent sur la cathédrale et une prière monte vers le Ciel : Jeanne n’est pas seulement un souvenir, elle est présente et invoquée.
Interprétée par une orléanaise de 17 ans
Le lendemain, la journée de fête commence par une grand messe à laquelle se pressent les autorités civiles, militaires et bien entendu religieuses. Ces fêtes, présidées par les trois ordres, sont uniques en Europe. L’invité religieux des fêtes, monseigneur Jean-Claude Descubes, célèbre la messe d’action de grâce avant de rejoindre lui aussi le grand cortège qui s’ébranle derrière la jeune fille choisie cette année pour “être”Jeanne. C’est Emma Fesneau, jeune orléanaise de 17 ans, catholique pratiquante et engagée bénévolement au service des autres (critères imposés par le comité d’élection), qui incarne cette année l’héroïne qu’elle considère comme “une grande Sainte, un modèle pour toute la jeunesse puisqu’elle a su témoigner dans sa courte vie de son courage et de sa foi.”
Être à la hauteur
La figuration n’est pas un simple rôle de composition, en recevant l’épée des mains de celle qui l’a précédée, la jeune fille promet beaucoup : “je reçois cette épée avec ferveur, sachant bien que de l’avoir à mes côtés constitue un rôle qui me dépasse. Puisse Jeanne d’Arc m’aider à donner d’elle-même durant ces jours une image fidèle, et j’espère l’an prochain, remettre à celle qui me succédera cette épée aussi nette et aussi pure, mais plus riche de la fierté avec laquelle je l’aurai porté et des hommages qu’une fois encore elle aura reçu”.
Emma répond sans hésiter : cette mission l’impressionne, elle en est fière et pour incarner correctement la Sainte libératrice, elle a tout simplement “beaucoup prié, pour trouver la force de transmettre les valeurs qui étaient celle de Jeanne d’Arc et dont la jeunesse a besoin”.
Loin des querelles politiques suscitées par la venue d’Emmanuel Macron, le message est toujours là, intact, et Orléans toujours aussi fidèle. C’est sans doute aussi ce que l’on appelle “le miracle de Jeanne”.