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Au large ! Quand les intellectuels prenaient les armes en Irlande

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Margot Vignaud - publié le 30/04/16
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Le lundi de Pâques 24 avril 1916 marque le début de six jours de combat qui ravageront Dublin (4/4).

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En quelques heures lors du 24 avril 1916, plusieurs lieux du pouvoir britanniques sont envahis d’une centaine de rebelles dublinois. Au même moment, la République irlandaise est proclamée par l’un des chefs de file de l’insurrection : Patrick Pearse. Le coup a été préparé. La veille, dimanche 23 avril, sept hommes ont signé et publié la “Proclamation de Pâques“. 2 500 exemplaires du texte sont imprimés. Dans cette déclaration, le gouvernement provisoire annonce au peuple irlandais la création de la République d’Irlande. Elle s’inspire de plusieurs textes révolutionnaires, notamment de la déclaration d’indépendance américaine de 1776 et de la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Les sept signatures du mouvement

Mais contrairement à ces révolutions, l’Insurrection de Pâques n’est pas née dans la tête de militaires, mais d’intellectuels. Ils sont sept à la tête du mouvement, les sept signataires de la “Proclamation de Pâques” : Patrick Henry Pearse, Thomas J. Clarke, Sean Mac Diarmada, Thomas MacDonagah, Eamon Ceannt, James Connolly et Joseph Plunkett. Tous appartiennent au milieu littéraire, artistique ou intellectuel irlandais.

Commemoration Proclamation de Pâques - Dublin

Picasa
Immeuble de commémoration du centenaire de la Proclamation de Pâques. © Juliette Loiseau

 

Protéger la culture de l’île d’Émeraude

Pour eux, l’Irlande est entrain de disparaitre, écrasée par la culture britannique… Depuis le XIXe siècle, la langue irlandaise, le gaélique, n’est presque plus parlée, les sports traditionnels comme le football gaélique ou le hurling ne sont plus pratiqués, Dublin est identique aux villes britanniques telles que à Manchester ou Liverpool… En 1916, les leaders de cette insurrection sont tous membres de différentes associations de défense de la culture irlandaise : la Gaelic League pour promouvoir la langue irlandaise, la GAA – l’association athlétique gaélique – pour défendre les sports irlandais, l’Abbey Theatre, un mouvement littéraire gaélique… Thomas MacDonagh est professeur à la National University, mais surtout le plus jeune membre de la Gaelic League, où il défend avant tout la langue du pays. Patrick Pearse, écrivain et poète, est également membre de la Gaelic League. James Connolly, quant à lui, est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre. Au moment de l’Insurrection, l’une de ses pièces est jouée à l’Abbey Theatre, le théâtre national irlandais dublinois : Under which flag ? La pièce raconte l’histoire d’un jeune irlandais hésitant à servir sous le drapeau irlandais ou sous le drapeau britannique.

L’Insurrection de Pâques est pour ces chefs de file une question de vie ou de mort : il s’agit de sauver l’âme des Irlandais.

La révolte ne dure finalement que quelques jours. À la fin de la semaine, les Britanniques ont repris la totalité de Dublin et arrêté plus de 300 rebelles. L’Insurrection est un échec, mais elle devient un acte fondateur de l’indépendance irlandaise. Pour son centenaire, cette année, les “Pâques sanglantes” sont commémorées aussi dignement qu’un 4 juillet américain ou qu’un 14 juillet français.

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