Située face au Parc-des-Princes, Sainte Jeanne-de-Chantal sera bientôt “réveillée” et sublimée !
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
L’église Sainte Jeanne-de-Chantal, dans le XVIe arrondissement de Paris, connaît depuis février dernier, des travaux d’embellissement. Cette église de style byzantin, située près de la porte de Saint-Cloud et bâtie à partir de 1932, propose un volume à la fois “simple et majestueux” telle que la décrit le père Arnaud Bancon, curé de la paroisse. Malgré “un grand dépouillement” qui fait “l’élégance” de son intérieur, pour le prêtre, il était important d’apporter de la couleur à une sobriété trop imposante. Aussi, “la personnalité de sainte Jeanne de Chantal était assez peu connue de bon nombre des paroissiens”, estime-t-il. Grand-mère de madame de Sévigné, bras droit de saint François de Sales, la sainte patronne pourra bientôt recevoir toute la dévotion qu’elle mérite.
C’est le projet “Puissance d’aimer” qui a été choisi pour réaliser les travaux. Proposé par l’équipe formée de l’architecte Nathan Crouzet, du peintre et sculpteur Jean-Louis Sauvat et de l’historien Laurent Lecomte, il consiste à mettre en valeur les deux chapelles latérales de l’église, à illuminer les murs des bras du transept de l’église et à aménager deux contre-chapelles visant à faire connaître la vie de sainte Jeanne de Chantal.
Un projet architectural et d’art sacré
Enthousiaste et amoureux du projet, le jeune architecte Nathan Crouzet réalise en ce moment son premier chantier d’église. Lors de sa première visite à Sainte Jeanne-de-Chantal, il est tout de suite marqué par son “volume immense et cette richesse incroyable endormie depuis Lustiger”, qui devient curé de la paroisse dans les années soixante-dix. Il y réalise alors des travaux d’aménagement importants.”Il fallait réveiller Sainte-Jeanne !”, s’exclame Nathan Crouzet, “dépoussiérer le tout, et faire ressortir la beauté des œuvres qui sont déjà là”, bref “redonner un nouveau souffle” à cette église pour qu’elle revive et soit “en cohérence avec son temps”. Pour cela, Nathan Crouzet part du chœur avec sa fresque aux différents bleus et au doré, réalisée par Dionnet, pour l’instant unique élément coloré. Pour en faire ressortir la beauté, “Puissance d’aimer” a pour projet d’agrandir les deux chapelles latérales de l’église afin d’ouvrir l’espace.
Les premières fresques numériques sacrées
La première, à droite du chœur, sera dédiée au baptême avec une fresque représentant le baptême du Christ sur ses murs. Elle accueillera une vasque en cuivre, produite spécialement par l’Atelier du cuivre, célèbre manufacture normande. Respectant scrupuleusement les proportions des cuves baptismales des premiers chrétiens d’Orient (IIIe siècle), cet ouvrage de dinanderie constitue une véritable prouesse technique. Une grande croix centrale en polymiroir recevra l’eau bénite et formera une lame d’eau brillante où se refléteront des projections lumineuses bleues et or, installées pour sublimer de couleur et par mouvements libres la fresque en grisailles réalisée par Jean-Louis Sauvat.
La seconde chapelle mettra à l’honneur Jeanne de Chantal avec une statue la représentant à cheval. Le cœur de la statue, dont la réalisation a aussi été confiée à Jean-Louis Sauvat, accueillera les reliques de la sainte. Au centre de la chapelle, une vasque, cette fois en chêne, reflètera la lumière d’une fresque racontant la vie de sainte Jeanne de Chantal. Ni peinture, ni vitrail, Nathan Crouzet a trouvé une autre source de lumière pour faire ressortir la magnifique fresque de Dionnet. Ces réalisations qui constitueront les premières fresques numériques sacrées s’adapteront au calendrier liturgique : lumières flamboyantes à Pâques et à Noël, intensité réduite au maximum pendant le carême. L’architecte insiste ; ici “le numérique est là pour servir la gloire de Dieu et pour cela il doit être utilisé avec conscience et raison”.
Complété par les fresques du transept évoquant en particulier les mystères lumineux, cet ensemble formera un parcours catéchétique en images.
Deux contre-chapelles aborderont avec une approche plus pédagogique la vie de sainte Jeanne de Chantal à travers des expositions temporaires. Une biographie réactualisée et rédigée par l’historien Laurent Lecomte sera affichée.
Mise à l’honneur de Jeanne de Chantal, femme moderne et sainte
Jeanne de Chantal n’a plus de secrets pour cet historien, qui, déjà en 1996, consacre son mémoire à la sainte et à son rapport à l’architecture. Auteur des “Religieuses dans la ville : Architecture des couvents de la Visitation (XVIIe et XVIIIe)” , Laurent Lecomte a effectué un long travail d’historien sur la vie de Jeanne de Chantal, notamment à travers sa correspondance. Ancrée dans les problèmes de la vie de l’époque, elle prend en main avec succès les terres de son mari. Devenue veuve, elle trouve refuge dans la foi et veut rentrer dans les ordres. Mais au XVIIe siècle, difficile d’assumer ce choix, surtout quand on a des enfants. Les convenances de l’époque auraient voulu qu’elle se remarie ou bien qu’elle reste auprès de ses enfants. Elle décide malgré tout de “prendre à bras le corps ses désirs et d’aller vers ses aspirations, quitte à choquer la société”, commente Laurent Lecomte qui voit en elle une véritable “femme moderne”, précurseur en son temps. “Cette femme est un modèle : la radicalité de sa démarche, le sens de son engagement mêlant vocation et action” en témoigne, estime l’historien. Pour y parvenir, “elle organise sa vie autour de son projet” que saint François de Sales lui permet de réaliser en 1610, date à laquelle elle devient religieuse. Celui-ci, alors accaparé par ses fonctions d’évêque d’Annecy, a besoin d’un bras droit pour faire construire partout en France des monastères de l’Ordre de la Visitation, ordre qu’il a fondé ; mais aussi de quelqu’un pour faire fructifier son message et pour assurer la diffusion de ses écrits. C’est ainsi qu’elle consacre le reste de sa vie en parcourant à cheval les quatre coins de la France.
Alors pour la représenter, qui de mieux que Jean-Louis Sauvat, célèbre artiste et cavalier à la fois ; on le connaît notamment pour ses fresques qui décorent les écuries de Bartabas à Versailles. À eux trois, Nathan Crouzet, Laurent Lecomte et Jean-Louis Sauvat ont créé une véritable icône qui se justifie autant par son aspect symbolique, que spirituel, qu’historique : celle d’une religieuse à cheval.
Grâce aux dons de personnes qui ont voulu soutenir ce projet et à l’aide des Chantiers du Cardinal, les paroissiens de Sainte Jeanne-de-Chantal pourront venir se recueillir dans une église “ressuscitée” dès octobre prochain.