Sahar Arnaout, correspondante de la chaîne Al Hurra au Liban, témoigne.
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Sahar Arnaout est la correspondante de la chaîne Al Hurra au Liban, depuis plus de dix ans. Aleteia a braqué ses projecteurs sur sa mission professionnelle et familiale, sachant qu’elle fut l’élève des sœurs de la Sainte Famille et que sa fille suit ses pas. Le Liban est un “pays message” et ce, malgré la guerre ou plutôt les guerres qui l’ont accablé et malgré les conflits “confessionnels” ou “sectaires” qui ne reflètent pas la réalité des religions mais celle des intérêts internationaux et économiques. Il tient à cœur à la rédaction de transmettre la véritable image du Liban et de l’Orient et non pas l’image qu’imposent les esprits malades et les extrêmistes.
L’on parle beaucoup aujourd’hui des conflits entre religions et nous voulons parler de coexistence pacifique. Sahar, qui vit au sein d’une communauté musulmane, considère que le tissu social libanais est une source de diversité et pas une fatalité. Elle a vécu dans la région de Haret Hreik, appartenant à la banlieue sud de Beyrouth. Elle a suivi ses études dans une école catholique, au sein d’une communauté marquée par sa diversité. Sahar affirme que “malgré le cachet chrétien de l’école, personne ne s’interrogeait sur la religion des uns ou des autres. Mais la guerre nous a obligés à nous déplacer comme beaucoup de familles libanaises. Avant la guerre, chrétiens et musulmans vivaient côte à côte mais la guerre a fait que les enfants d’alors se demandent à présent : “Qui êtes-vous ?” Si vous répondez “Libanais”, ils insistent “Musulmans ou chrétiens ?” et ça s’arrête là”. Elle ajoute que “la guerre nous a triés sur les deux plans démographique et géographique et a expulsé les gens de leurs terres et malgré cela nous n’avons jamais perdu contact avec nos amis chrétiens”.
Quel est le message de Sahar Arnaout, à la lumière de ce qui se déroule aujourd’hui ? “Il est du devoir de chaque journaliste d’éviter tout ce qui pourrait attiser les conflits sectaires sachant que nous vivons à l’époque du journalisme spécialisé dans la promotion des conflits. Il est hors de question que je mette de l’huile sur le feu des tensions et mon message s’articule autour du rejet de l’extrémisme.”
La guerre libanaise a séparé les gens et a nourri la méfiance réciproque. Cette méfiance est le résultat de circonstances, de la politique et des médias. Les médias sont le porte-parole de l’opinion publique. Ils ont œuvré, pendant un certain temps, à renforcer cette méfiance entre les citoyens en insistant lourdement sur les assassinats perpétrés par les uns contre les autres et vice versa. Pourtant la guerre a pris fin et la communication s’est rétablie entre tous. Il existe un brin d’extrémisme mais il n’est propre ni à l’islam ni au christianisme.
À la question du regard que porte l’islam sur la femme, Sahar répond : “Je ne suis pas spécialiste en religion mais je peux dire que chaque homme est tenu de respecter l’environnement dans lequel il a grandi. Ma religion exige de moi le respect des autres religions. Chacun des livres célestes est venu compléter celui qui l’a précédé en vue de faire parvenir un message à l’être humain lui disant : “Aimez-vous les uns les autres et clamez votre reconnaissance au Seigneur et en sa force extraordinaire””. Et Sahar d’ajouter : “En tant que musulmane, ma religion exige de moi de respecter l’autre, de l’aimer et de le pardonner même s’il m’a offensé. L’offense ne peut pas avoir de motif religieux. Elle est une réaction humaine induite par l’absence de sensibilisation et d’éducation au sein de la famille”.
L’islam et le christianisme sont, selon Sahar, des religions de pardon et d’amour qui se complètent. “Je voudrais perpétuer ce message, en tant que femme musulmane, en le partageant à ma fille qui fait ses études aujourd’hui dans une école catholique. J’essaie, autant que possible, de lui transmettre mon éducation. Il est du devoir de chaque homme de bien connaître sa religion et ma mission aujourd’hui est d’aider à la formation d’une génération ouverte, ayant connaissance des autres religions, sachant pourquoi d’aucuns prient dans les églises et d’autres dans les mosquées, ainsi que la différence entre nous et les extrémistes.”
“Nous avons pour mission de travailler avec cette génération pour dire que nous sommes tous fils d’un seul message exempt de tout extrémisme ou confessionnalisme. La religion aide et n’encombre pas. L’amour et l’ouverture sont les bases de toute religion. Il n’est point difficile de remarquer l’amour qui s’affiche sur un visage tolérant. Il est du devoir de chaque mère chrétienne ou musulmane de changer le parcours qu’ils essayent de nous frayer. Nous nous complétons.”
Sahar insiste enfin sur la participation de sa fille aux séances de catéchèse. Elle-même a fait cette expérience quand elle était à l’école : “Il s’agit d’une question humaine, nous sommes une communauté de religions et chaque religion a ses préceptes, son amour et son ouverture et chacune d’elles complète l’autre.”