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Vivre en catho en 2016 en 10 leçons. Épisode 3

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Sabine de Rozières - publié le 20/04/16
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“Chaque tâche, chaque événement, chaque petit rien peuvent être accomplis sous le regard de l’Esprit Saint.” Marie, mariée depuis 16 ans et mère de deux adolescents.

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Aleteia : Pourquoi laissez-vous de la place à Dieu dans votre vie ?
Marie : Parce qu’Il m’aime et que je L’aime. J’ai eu la chance d’être élevée dans la foi, chez nous ce n’était pas une option, mais cela ne m’a jamais posé problème. Le jour de ma première communion, quand j’avais 6 ans, j’ai senti une lumière et une joie incroyables. Je savais déjà que j’aimais le Bon Dieu, mais là, à ce moment précis, j’ai découvert qu’Il m’aimait aussi ! Une vraie relation s’est alors établie.

Que signifie pour vous “avoir la foi” ? 
Cela signifie adhérer, croire et choisir de croire en Dieu. Il y a selon moi deux choses à distinguer . La première c’est que la foi est un don de Dieu : certain la reçoivent et d’autres non, et je n’ai jamais vraiment compris pourquoi. La seconde c’est l’acte que l’on pose pour répondre à ce don : au début je m’arrêtais à la première étape, j’avais reçu la foi et ça s’arrêtait là. Mais ensuite avec l’âge et l’expérience, j’ai compris qu’il fallait ce mouvement de retour, parce que justement c’est une relation. Ce n’est pas uniquement Dieu qui donne, il y a un dialogue intime qui s’installe, et qui dit dialogue dit échange, dit aussi adhésion à la relation. Je pense que je ne connais pas Dieu mais j’ai une forme de certitude de présence, qui n’est pas un sentiment mais qui va au-delà. C’est le fruit de cette adhésion de foi. Mais tout ceci reste très mystérieux ! Il y a comme un mouvement de balancier entre l’esprit et le cœur, ce sont deux moments d’un même souffle. Avec l’esprit j’essaie d’adhérer à ce que l’on m’a enseigné du contenu de la foi mais comme il se heurte toujours au mystère, c’est mon cœur qui doit faire le deuxième mouvement. Et à partir du moment où j’adhère avec mon cœur, je rentre dans une véritable relation. Ça ne suffit pas de dire : “J’ai reçu la foi” ou “Je n’ai pas la foi”. Ce doit être un équilibre entre Dieu qui donne quelque chose d’incompréhensible et l’homme qui reçoit en adhérant au mystère. C’est un vrai pari ! Et dans notre société c’est quelque chose qui est difficile à comprendre. On veut trop tout maîtriser.

Avez-vous une action quotidienne pour Dieu ?
Je n’ai pas d’activité bénévole mais j’essaye de faire toutes mes actions “en Dieu”. Je Lui offre tout ce que je fais, je demande à l’Esprit-Saint son aide pour chaque démarche, j’offre chaque personne que je rencontre… Cela fait du monde puisque dans le cadre de notre vie familiale et professionnelle nous sommes amenés à rencontrer énormément de personnes ! C’est ma manière de porter le Christ au monde. Je tâche de vivre en Dieu, je vis de l’oraison spontanée et cela devient naturel, un peu comme un souffle.

Par ailleurs nous avons des amis protestants qui nous ont fait découvrir la louange à travers des psaumes. Cela a renouvelé notre prière en couple en nous apprenant une nouvelle forme d’intercession bien plus large que celle que nous connaissions. C’est à ce moment là que nous avons découvert ce qu’est la communion des saints et la prière avec nos frères chrétiens. Comme quoi prier les uns avec les autres, c’est vraiment puissant ! Nous avons réalisé aussi qu’il devenait nécessaire de renouveler notre prière en famille qui s’essoufflait ; la prière qu’on faisait le soir quand nos enfants étaient petits ne fonctionnait plus. Il nous fallait retrouver un moment temps propice pour prier ensemble. On a vu qu’à 7 h 50, une fois qu’on est tous prêts, il y avait un tout petit moment libre de cinq minutes, juste avant de partir au boulot et à l’école. On prie maintenant tous les matins et cela fonctionne bien depuis cinq ans.

En cinq minutes on n’a pas le temps d’improviser alors dans une démarche de simplicité et d’obéissance nous avons tout simplement pris la prière de l’Église : les Laudes. On lit le psaume du matin, une strophe chacun ; puis la Parole de Dieu ; ensuite on fait part de nos intentions particulières si on en a et on finit par un Je vous salue Marie. En fait c’est tellement simple, on est là, debout, nos sacs aux pieds, prêts à partir et ce moment nous “envoie” dans la journée ! Nous avons là une forme de liberté que l’on n’avait pas avant et pour les enfants surtout ! Dès qu’ils veulent partir, ils lancent le Je vous salue Marie, et nous on joue le jeu, on les laisse faire et tout le monde rigole !

Qu’aimeriez-vous dire aux catholiques ?
“Soyons des saints pas des bigots !” C’est une phrase d’un copain de fac, beau comme un dieu, qui nous l’a sortie un jour ! Il venait de faire adoration, il était rayonnant, lumineux et il avait envie que l’on soit transpercés de joie, comme lui. Il en avait marre de de nos petites prières bien “dans les clous”. On l’a tous pris en plein cœur ; 25 ans après, quand on en reparle, ce souvenir est toujours aussi fort.

Pour vous, qu’est-ce qui sauvera le monde ?
Le monde ne peut pas se sauver lui-même. C’est le Christ, et uniquement Lui, qui sauvera le monde. Le Christ est le seul Sauveur. Mettons le Christ au centre de toutes réalités et Il sauvera le monde. Contrairement à beaucoup de gens qui auraient lu Dostoïevski, pour moi ce ne sera pas la beauté qui sauvera le monde. La beauté est le rayonnement de l’être, elle en est une manifestation, mais elle n’en est pas l’être lui-même. Nous aimons la beauté et nous en avons besoin parce qu’elle un chemin pour accéder à l’être. Si on reste à la beauté, au mieux on reste à la périphérie de l’être et au pire on reste au niveau de notre ressenti esthétique. Ne cherchons pas la beauté pour elle-même, mais à travers elle, cherchons l’être qu’elle manifeste. En allant jusqu’à l’être, on ouvre la porte à la vérité. Sauver le monde va beaucoup plus loin qu’apprécier la beauté. Il s’agit du Salut. Et qu’est ce qui sauvera le monde alors ? Le Christ.

Quelle est votre plus grande peur ?
De rater la béatitude éternelle. J’ai bien vu qu’il y avait de très nombreuses choses que je voulais faire mais que je ne faisais pas. Alors, par moment je me dis : mes seules bonnes intentions ne suffiront pas. On dit bien que l’enfer est pavé de bonnes intentions !

Qu’est-ce qui vous rend heureuse ?
L’amour partagé des miens. Quand je vois l’amour dans les yeux de mon mari et de mes enfants, cela me rend heureuse. J’ai aussi beaucoup besoin d’amitié, je ne pourrai pas me passer de mes amis. Et depuis que j’ai appris à lâcher la recherche d’efficacité dans mes prières, que je ne souhaite plus avoir de gratifications en retour, c’est pour moi une nouvelle joie intérieure. Je prie pour les situations, pour telle personne, telle chose et après ce n’est plus mon affaire, c’est celle du Seigneur. C’est ma façon d’agir pour le monde, dans mon action de priant. Ce n’est pas moi qui sauve, ce n’est pas moi qui vais agir. Donc j’offre gratuitement, en confiance, et c’est une source de grande joie.

Quelle est votre vertu préférée et pourquoi ?
La joie ! Dans laquelle je distingue trois niveaux. Le premier c’est le niveau naturel, qui est le fruit de la nature, soit du caractère, soit de la puissance de vie ou l’instinct de vie, c’est comme une donnée de base. C’est un rempart à la morosité. Beaucoup de gens l’ont mais ne s’en rendent compte que quand ils la perdent. Le deuxième niveau : la joie comme vertu morale : je choisis de mettre en place la joie comme une puissance de mon être. La vertu est une disposition habituelle à faire le bien, acquise par répétition d’actes volontaires et qui devient facile à faire parce qu’elle est intégrée. Et cela se travaille ! Dans les périodes où je ne l’ai pas, j’essaye de la vivre quand même. Je lutte contre la tristesse, contre la déprime, contre la calomnie, contre des quantités de choses qui défont la joie, qui m’abîment et qui abîment les autres. C’est un acte volontaire moral. Et puis troisième niveau, c’est la joie comme une grâce, comme un don de Dieu. Elle va se retrouver à tous les niveaux de mon être. Donc elle n’est plus d’ordre naturel, et ce n’est pas par mon action que je vais la fabriquer. J’ai découvert cela en lisant dans les lettres de saint Paul que les deux premiers signes de la présence de l’Esprit Saint dans une âme étaient la paix et la joie. Donc quand on a compris cela, on n’a même plus besoin d’être dans la disposition morale. Du reste, le Seigneur l’a bien dit “pour le salut du monde et pour que votre joie soit parfaite”. Je l’ai vécu dans ma chair, même dans l’affliction et la peine, je peux recevoir cette “joie paisible” ou cette “paix joyeuse”, qui est plus profonde et moins sensible que la joie et qui est une vraie consolation.

Quel votre saint préféré et pourquoi ?
C’est Jésus, parce que c’est le seul Saint. C’est dit noir sur blanc dans le Gloria : “Toi seul est Saint”. Après, pour moi, certaines personnes sont dites saintes parce qu’elles sont “revêtues”, remplies de la sainteté du Seigneur. Cette caractéristique, que l’on appelle “sainteté” est la présence de la sainteté de Dieu en eux.

Quelle est votre prière préférée et pourquoi ?
C’est l’Angélus, ce moment du dialogue entre Dieu et Marie ; de la même manière, cela devient mon dialogue avec Dieu. C‘est comme le dialogue entre Dieu et Moïse ou celui de Jésus et Zachée.

  1. Dieu dit à Marie : “Au travers de toi, Je donne le Christ Sauveur au monde” ; à Moïse et Zachée, Dieu dit : “Je viens dans ta vie et je t’apporte le pardon de tes péchés”.
  2. Après un moment de crainte : “Comment cela pourrait-il se faire ?”, Marie répond : “Que Ta volonté soit faite”, elle a foi en la Parole de Dieu et Lui fait confiance. Comme elle, je dis : “Dieu, j’ai confiance en Toi”, malgré le mystère.
  3. Et Dieu alors peut s’incarner en nous. Comme Moïse, je peux alors entendre Dieu dire : “Je suis qui je suis” ; Comme Marie, je peux laisser Dieu s’incarner en moi ; comme Zachée et l’homme du Nouveau Testament, je peux entendre Jésus me dire : “Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie”. C’est un dialogue, un mouvement, un acte qui me permet de vivre en Dieu, de vivre de Dieu. Dans la prière de l’Angélus je me sens guidée par Marie, soutenue dans mon dialogue de la foi et dans mon amour pour Dieu.

Propos recueillis par Sabine de Rozières

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