Quand la manipulation du vocabulaire fait des ravages…
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Il y a eu d’abord l’irruption du terme “homoparentalité” que l’on a déjà vu à la une de L’Express en 2000. Il fallait imposer la reconnaissance des “familles homoparentales”, cet oxymore en contradiction avec la définition de la famille : une communauté composée d’un époux, d’une épouse et d’éventuels enfants qui peut aussi se réduire à un des deux parents et des enfants (l’autre parent faisant alors l’objet d’une mention implicite).
Et trois ans après le vote de la loi sur le mariage et l’adoption uni-sexe, l’élite politico-médiatique est toujours en train de justifier cette “homoparentalité”. On lutte “contre l’homophobie” (mot forgé il y a une trentaine d’années) pour délégitimer tout discours soulignant qu’un enfant doit pouvoir bénéficier d’une référence paternelle et maternelle. On monte en épingle des photos de noces unisexes, symbole de la modernité. On cherche à discréditer le monde catholique en raison de son manque de malléabilité vis-à-vis de la doxa actuelle (le récent lynchage médiatique du cardinal Barbarin est clairement dû à ses prises de positions concernant la famille). La peur de “l’homophobie” conduit des membres de l’opposition et l’ancien président de la République à justifier leur revirement concernant cette loi avec un argument controuvé : l’impossibilité de “dé-marier” ceux qui ont déjà été mariés (éventualité que personne n’avait jamais évoquée).
Mais au-delà de cette loi, les politiques actuels poursuivent leur œuvre de déconstruction de la famille et de la maternité. En novembre 2014, il y eut la promulgation d’un absurde “droit à l’avortement” (comment peut-il exister un droit à entrer dans un processus toujours dramatique ?). Puis, le Parlement a voté la suppression du délai de réflexion de 7 jours avant une IVG ; l’obligation de créer dans les centres de santé des plateaux techniques pour procéder à des avortements ; la création de “plans d’action régionaux en matière d’IVG” (conduisant à imposer des quotas minimums dans chaque centre hospitalier). C’est sans doute cela que l’on appelle “santé génésique !”. Enfin, depuis début avril, il y a une discrimination pour le remboursement des échographies et les consultations gynécologiques selon qu’elles sont liées ou non à une IVG.
Convaincue que c’est à l’État de définir ce qui est bien ou mal pour les jeunes, la majorité parlementaire ne semble pas vouloir calmer le jeu avant 2017.
Ainsi, la nouvelle ministre de la Culture a-t-elle voulu, dès sa nomination, travailler à la promotion de la pornographie au cinéma. Pour éviter que des décisions laxistes de classification de films soient invalidées en raison d’un texte interdisant au moins de 18 ans tout film qui “comporte des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence”, elle veut limiter l’interdiction aux seuls cas où seraient visibles de telles scènes “sans justification de caractère esthétique”. Ici encore, il y a perversion du vocabulaire : comment un voyeurisme pornographique peut-il être considéré comme esthétique ? Le Beau n’est-il pas intimement lié au Bien ? Mais on ne peut pas à la fois s’intéresser aux écrits de Platon et soutenir ses amis producteurs de films pornos !
Par ailleurs, début mars, les socialistes de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe se sont mobilisés pour obtenir la reconnaissance de la pratique belge de la GPA en prétextant qu’il s’agit d’une “GPA altruiste”. Là encore perversion du vocabulaire ! Comment peut-on nommer “altruiste” une pratique qui transforme une femme en un instrument et qui, même si la transaction financière est prétendument encadrée, permet l’achat d’un enfant ! Certes la commission en charge de cette proposition l’a rejetée (par 16 voix seulement contre 15), mais le lobby pro-GPA va continuer à travailler en brandissant l’altruisme.
Puis, il y a eu une campagne lancée par des médecins en vue pour la reconnaissance de la PMA pour “infertilité sociale” (comprendre pour les femmes célibataires ou vivant avec une autre femme). Ici encore, on pervertit le terme d’infertilité pour justifier une demande idéologique : le droit à l’enfant.
Enfin, ce sont les experts universitaires et les hauts fonctionnaires qui sont mobilisés. Dans un rapport officiel remis au Premier Ministre en fin 2015, on lit avec stupeur qu’il est proposé d’accorder “au mineur le droit de s’opposer à certaines décisions parentales ou institutionnelles. Pour un certain nombre d’actes importants touchant à la personne du mineur, il serait impératif… de rendre obligatoire son consentement”. On y trouve également la sempiternelle demande concernant “le droit des enfants à développer des liens avec leurs proches”, fallacieuse expression qui conduit à créer un statut de beau-parent pouvant être accordé à la concubine de la mère d’un enfant !
Tout cela ne doit pas entamer notre détermination à agir !
À l’encontre des médias et des politiques vivant en consanguinité avec eux, il faut rappeler que notre conception de la famille vise en fait à l’équilibre de la société entière. Dénonçons le double discours actuel dans lequel on prétend agir dans “l’intérêt supérieur de l’enfant” tout en valorisant publiquement toutes les formes de pratique de la sexualité.
C’est grâce aux chrétiens que la France reste un grand pays ; grâce à leur dynamisme démographique, grâce à leurs engagements professionnels de qualité, grâce à leur implication dans un enseignement privé qui maintient un haut niveau culturel, grâce à leur engagement associatif (la plupart des associations culturelles ou d’entraide tiennent grâce aux chrétiens). Ne nous laissons donc pas impressionner par ceux qui voudrait nous faire taire au nom d’un pseudo laïcité.
Il convient de collaborer pour le bien commun avec tous les acteurs de la vie publique de bonne volonté, et loin de considérer que le politique puisse exercer une quelconque prééminence par rapport à l’éthique, rappelons à temps et à contre-temps que “la famille est la première école des valeurs, où on apprend l’utilisation correcte de la liberté” (Amoris Laetitia, 274).