Et s’il était la plus importante redécouverte de ces vingt dernières années ?
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
C’est une redécouverte majeure qui secoue le monde de l’art depuis une semaine. Un tableau qui pourrait être de la main du Caravage a été retrouvé au fin fond d’un grenier toulousain. Depuis, l’œuvre qui représente Judith et Holopherne soulève les passions et fait parler les experts.
Un tableau perdu depuis 1617
Le commissaire-priseur toulousain Marc Labarbe aime raconter comment il a découvert ce tableau dans un grenier. Oublié de ses propriétaires depuis cent cinquante ans et redécouvert à l’occasion d’un problème de gouttière, ces derniers pensaient que l’œuvre était espagnole et qu’elle avait été rapportée par un ancêtre au cours d’une campagne napoléonienne. Or, selon le cabinet d’expertise de tableaux anciens Eric Turquin, ce tableau serait LE tableau du Caravage perdu depuis quatre-cents ans. La composition de l’œuvre est connue grâce à une copie attribuée au peintre franco-flamand Louis Finson (av. 1580-1617), aujourd’hui conservée à Naples. On sait grâce à son inventaire après décès, que Finson possédait l’original du Caravage ainsi qu’une autre toile de l’artiste, la Vierge du Rosaire (Vienne, Kunsthistorisches Museum). Perdu depuis cette mention en 1617, le tableau est recherché par tous les historiens d’art. Il a probablement été peint par Caravage vers 1604-1605, puis transporté de Rome à Naples par l’artiste qui y séjourna en 1606-1607.
Judith, femme héroïque
Le sujet est célèbre : Judith, veuve originaire de Béthulie, rejoint dans le camp ennemi la tente d’Holopherne, général de Nabuchodonosor, qui est en train d’assiéger la ville. Après l’avoir séduit avec la complicité de sa servante, elle l’enivre et lui coupe la tête, recueillie dans un sac. L’histoire est cruelle et le tableau l’illustre parfaitement. À la fois sombre et naturaliste, il dévoile toute la violence de l’acte. Le regard terrible de Judith se détourne de la scène, un dialogue muet s’instaure avec sa servante et concentre le caractère dramatique de l’œuvre. Judith, forte et héroïque, s’oppose au général, dont le visage exprime l’apothéose de la douleur. Ses yeux dont déjà morts. La tension dramatique est extrême dans ce tableau d’une violence inouïe.
Une expertise en cours
Selon l’expert Eric Turquin et le professeur italien Nicola Spinosa, l’œuvre est clairement l’original perdu du Caravage. La preuve ? Les doigts d’Holopherne montrent que l’artiste a changé sa composition (ce qui n’existe pas chez un copiste) et le “coup de doigt” dans l’œil au dessus de la paupière de Judith est une marque du Caravage. Cependant, obtenir l’unité des spécialistes sur l’attribution d’un tel chef-d’œuvre est chose bien difficile. La Commission française consultative des trésors nationaux a enclenché une procédure interdisant pour le moment l’œuvre de toute sortie du territoire, le temps d’affiner l’expertise et de décider si l’État va se porter acquéreur de la toile.