Dans une mise en scène ambitieuse et pleine de malice, Eric Bouvron et Anne Bourgeois nous replongent dans Les Cavaliers de Kessel.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Ni classique ni boulevard. Une fois n’est pas coutume, le théâtre vous fera voyager en Orient. Plus particulièrement, en Afghanistan. Ouroz, jeune homme fougueux et orgueilleux participe au tournoi sportif le plus important d’Afghanistan, le Bouzkachi du roi. Pour les non initiés, le bouzkachi est le jeu de l’attrape-chèvre, des cavaliers devant transporter une carcasse d’un point à un autre tout en évitant les assauts des autres participants.
Les mésaventures d’Ouroz
Ouroz, encouragé par son père qui place en lui d’immenses espoirs, part pour Bagdad avec son meilleur cheval, Jehol. Cependant, il échoue. Il tombe de son cheval et se brise la jambe. Il doit donc retourner bredouille dans sa province lointaine et faire face à son père, ancien grand champion portant la fierté et la gloire d’une famille qui n’a jamais failli dans les grandes épreuves. Le voyage du retour, en compagnie de son serviteur Mokki et de son cheval fou Jehol prend des allures de chemin initiatique. Comment faire face à l’échec ? Ouroz, couvé par son père, pensait gagner haut la main et le voilà défait. C’est un revers difficile à accepter qui structure les relations d’Ouroz et de son serviteur qui a toujours cru en lui.
Scénographie inventive et osée !
Mettre en scène Les cavaliers de Kessel, voilà qui n’est pas aisé. Être transporter dans les plaines afghanes, figurer des chevauchées enragées, humer l’atmosphère si particulière de l’Orient, le pari était osé. Et il est réussi. L’adaptation d’Éric Bouvron est fidèle au texte original et sa mise en scène (assisté d’Anne Bourgeois) est pour le moins astucieuse. Comment faire monter des chevaux sur scène ? Des tabourets. Comment figurer l’immensité des plaines afghanes ? Du son et de la musique réalisée en direct sur scène, par l’excellent Khalid K. Le spectateur n’y voit que du feu. Les quatre comédiens présents sur scène impressionnent par leur maitrise et leurs inventions originales.
Petit bémol ?
La mise en scène est astucieuse, peut-être même trop. Elle a tout du moins le mérite de nous faire sentir les limites à ne pas dépasser pour que la pièce ne devienne pas un spectacle mais qu’elle demeure une représentation. À l’émerveillement succède un léger agacement devant le trop d’artifice déployé. Moins de musique et de mise en scène, plus de paroles. Les acteurs ne manquant pas de conviction, le résultat serait encore meilleur. Mais ne boudons pas notre plaisir, la pièce est une réussite et parvient sans mal à nous faire voyager dans les plaines orientales arides et à restituer l’atmosphère du chef-d’œuvre de Kessel.
Les Cavaliers de Joseph Kessel, adapté par Éric Bouvron, au Théâtre La Bruyère, 5 rue La Bruyère, Paris 9e. Mise en scène d’Éric Bouvron et Anne Bourgeois.
Du mardi au samedi à 21h et le samedi à 15h30. Jusqu’au 20 mai 2016.