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Cette composition resserrée est centrée sur la foule en liesse acclamant un homme monté sur un âne. Avez-vous deviné quel épisode de la vie du Christ est représenté ? Réponse dans l’Évangile du dernier dimanche avant Pâques...
Un grand maître flamand
Considéré par Rubens comme « le meilleur de ses élèves », ce peintre flamand au talent précoce a exécuté ce tableau alors qu’il était âgé de seulement dix-huit ans ! Encore présent dans l’atelier de Rubens à cette époque, Van Dyck emprunte au maître la puissance de ses figures – surtout celle du premier plan – et ses couleurs vives. Son interprétation est pourtant bien personnelle. Au centre, le Christ juché sur un âne est entouré d’une foule d’hommes : les uns le suivent en discutant, d’autres lèvent les bras à son passage ou portent des palmes. Un homme dépose son manteau devant lui, tandis qu’un autre se baisse une branche à la main. En étant placé au premier plan, la tête tournée vers la scène, il établit un lien entre le spectateur et le Christ, nous invitant à le suivre. Les couleurs vives des drapés, le cadrage resserré sur les nombreuses figures et les nuages chargés arrivant au loin confèrent une véritable dynamique à l’œuvre de Van Dyck.
« Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur »
Dans l’Évangile selon saint Luc (XIX, 28-40) de ce dimanche, le Christ est en route pour Jérusalem. Alors qu’il approche de Bethphagé et de Béthanie, près du mont des Oliviers, il envoie ses disciples aller chercher un âne. « Les disciples amenèrent l’âne auprès de Jésus, jetèrent leurs manteaux dessus, et y firent monter Jésus. À mesure que Jésus avançait, les gens étendaient leurs manteaux sur le chemin. Alors que déjà Jésus approchait de la descente du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus, et ils disaient : ‘‘Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux !’’ Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : ‘‘Maître, réprimande tes disciples !’’ Mais il prit la parole en disant : ‘‘ Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront.’’ »
En ce dimanche des Rameaux, le Christ entrant dans Jérusalem est considéré comme le messie, acclamé par des branches de palmier, loué par des « Hosanna ». Comment imaginer le récit de la Passion qui va suivre ?
Quatre siècles d’iconographie
Entre le XIVe et le XVIIe siècle, la représentation de l’entrée du Christ dans Jérusalem évolue considérablement.
Dans la chapelle des Scrovegni, Giotto peint entre 1304 et 1306 une fresque illustrant ce récit biblique. Dans une composition très organisée et hiérarchisée, le Christ avance sur son âne, bénissant la foule de sa main droite. De profil, Jésus et les apôtres sont auréolés selon la tradition et peints sur un fond bleu sans nuage, intemporel. Il se dirige vers Jérusalem, symbolisée par une porte encadrée de deux tours à droite de l’œuvre. La scène est proche du triomphe antique dans sa composition, le Christ étant monté sur un âne et non un cheval.
Au siècle suivant, Fra Angelico illustre à son tour cet épisode avec une organisation assez proche : au centre le Christ bénissant sur son âne, derrière lui les apôtres auréolés, devant lui, la foule l’acclamant. Cependant, le paysage a considérablement évolué, la perspective et la profondeur prennent de l’importance.
Au XVIe siècle, Jan Van Scorel nous offre un point de vue très novateur. En hauteur, le Christ sur son âne portant une palme n’est plus reconnaissable à son auréole et se dirige vers Jérusalem, peinte en contrebas. Sur son passage, la foule est nombreuse, les femmes et les enfants sont présents.
Enfin, au début du XVIIe siècle, Van Dyck resserre sa composition sur Jésus, les signes religieux sont moins visibles, toute allusion à la ville de Jérusalem a disparu. En revanche, il insuffle une véritable dynamique, un certain charisme au Christ, de la ferveur aux disciples. Joie et louange, « Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux » !