Rencontre avec le journaliste François Vayne qui vient de publier un ouvrage à l’occasion des trois ans de pontificat du Pape argentin.
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Homme de communication, François Vayne s’est installé à Rome en 2013, peu de temps avant l’élection du pape François. Il a créé un site internet où il retrace ces chroniques vaticanes inspirées de son “journal de bord”.
Aleteia : Vous parlez d’un pape “révolutionnaire”. En quoi l’est-il pour vous ?
François Vayne : Le pape est révolutionnaire lorsqu’il déclare que ce ne sont pas nos opinions qui changent le monde mais notre exemple. Dans Laudato Si, il a écrit : “Il suffit qu’un être humain fasse preuve de bonté pour que l’espérance demeure”.
Le pape est révolutionnaire dans le regard de miséricorde qu’il nous invite à porter sur nous-mêmes et sur les autres, dans cette invitation à ne jamais se décourager. La révolution du pape François est tout sauf idéologique alors que certains le rêvaient en fossoyeur de la tradition catholique. Bien au contraire, l’actuel souverain pontife renouvelle le message de l’Église catholique en le rendant accessible au plus grand nombre sans aucun abandon de la doctrine de l’Église.
Comment François parvient à ce résultat lorsque les papes précédents ont eu moins de succès en la matière ?
Il faut d’abord insister sur l’attitude de François qui se situe dans la continuité de ses prédécesseurs. Ainsi, on ne compte pas les signes d’affection à l’égard de Benoît XVI.
J’ai récemment eu la chance d’être invité à la maison Sainte-Marthe où le pape habite. Et, bien qu’on connaisse désormais ses habitudes, il est toujours étonnant de voir le pape faire la queue au self et se lever de table pour aller réchauffer son assiette au four à micro-ondes ! Cette simplicité, c’est la cohérence de vie qu’il prêche, le pape François l’applique au quotidien. Cela le rend audible en dehors de l’Église. Récemment, je parlais du Saint-Père avec un ami non-croyant et il me disait : “C’est peut-être cet homme qui va changer le monde !”
François n’a pas le charisme d’un Jean-Paul II ou la douceur de Benoit XVI : c’est un homme normal qui a la faculté de rendre les échanges humaines lumineux, d’incarner la présence du Christ pour ceux qu’il le rencontre. Il s’agit à mon sens du résultat de son intense vie de prière ainsi qu’un don.
Pourquoi avoir intitulé votre livre “Merci François” ?
Comme beaucoup de catholiques, j’aime l’Église et cela me fait souffrir de la voir mal jugée. Je remercie le pape François de donner à l’Église une image renouvelée. Je le remercie aussi pour avoir fait prendre conscience à chaque baptisé qu’il est responsable de l’Église, membre d’un même corps.
Ce “merci” monte des cœurs des chrétiens du monde entier. À ce sujet, j’entends parfois de la suspicion lorsque nous évoquons la popularité du pape. Pourtant, Jésus était aussi populaire à son époque et la popularité n’est pas un péché !
Qu’est-ce qui vous marque le plus chez François ?
Comme Français, nous avons du mal à entrer dans la logique de confiance absolue qui est celle du pape François. Nous croyons qu’il lance un Synode sur la famille pour parvenir à un résultat défini d’avance. Au contraire, il lance des processus pour permettre à l’Esprit Saint d’agir et de s’exprimer à travers les personnes réunies. Le pape veut nous aider à sortir de nos habitudes en donnant à l’Esprit Saint la possibilité de nous surprendre et qu’ainsi nous fassions la volonté de Dieu et non pas la notre.
Merci François ! 1000 jours d’un pontificat révolutionnaire, de François Vayne. Presses de la Renaissance, 336 pages, 17,90 euros.