L’Église en quête de vérité subit un matraquage médiatique hors norme.
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Alors que le cardinal Barbarin, pris dans une folle tourmente médiatique en France, clame haut et fort qu’il n’a jamais couvert les agissements de prêtres pédophiles, le Vatican a répondu aux signataires de l’association d’aide aux victimes “La parole libérée” qui vient de demander une audience privée au pape, via une lettre ouverte publiée le 14 mars dernier.
Aux victimes
“En principe, la requête d’une audience papale privée ne passe pas par la presse”, a répondu aux journalistes le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, au lendemain de la publication de cette lettre. Celle-ci, a-t-il expliqué, “tend évidemment à exercer une forte pression médiatique” qui va contre l’esprit qui doit entourer jusqu’à ce jour toute rencontre du pape avec les victimes d’abus sexuels, c’est à dire dans un climat “d’écoute et de dialogue nécessaire pour porter des fruits spirituels”.
Aux médias
Le père Lombardi rappelle que la justice française a récemment ouvert une enquête après une plainte déposée par l’association “La parole libérée” contre le prêtre Bernard Preynat, pour des agressions sexuelles sur des scouts entre 1986 et 1991, soit plus de 10 ans avant la nomination du cardinal Barbarin à la tête de l’archevêché de Lyon. Quels que soient les résultats de l’enquête qu’il est “opportun d’attendre”, a-t-il exhorté, “on doit manifester estime et respect envers le cardinal Barbarin”, sans que cela soit considéré “comme une offense à l’endroit de qui que ce soit”.
Reconnaissant que “tout abus sexuel sur mineur constitue un crime grave dont les conséquences ne sauraient être sous-estimées, ni dans la durée ni dans la profondeur des effets”, le père Lombardi assure que “l’Église a développé depuis des années une prise de conscience et un sens des responsabilités” qui lui font prendre continuellement de nouvelles mesures ou en renforcer d’autres.
Faire la justice quel que soit le prix à payer
Au même moment se multiplient sur le web les marques de soutien et de confiance au cardinal Barbarin et à une Église aujourd’hui prête à “payer le prix” de tous ses scandales.
“Ce qui est clair aujourd’hui pour tous, pour le cardinal Barbarin, pour nos évêques, pour chacun de mes frères prêtres, c’est que la pédophilie est un crime insupportable et que l’Église devra toujours être du côté des victimes. Elle sera toujours aux côtés de la justice pour rendre justice aux victimes, pour faire la vérité quel que soit le prix à payer, parce que c’est vrai, ces scandales nous éclaboussent tous, nous portons tous cette honte et je le dis douloureusement”, confirmait hier soir sur Canal +, l’abbé Pierre-Hervé Grosjean du diocèse de Versailles.
L’abbé Grosjean est un des auteurs du Padreblog, bien connu des médias sociaux, et auteur d’un tout dernier livre “Catholiques engageons-nous” paru chez Artège. Il est venu à l’émission avec “la rage au ventre, une colère sourde, douloureuse”, a-t-il confié, pour ces enfants victimes de ce prêtre (Bernard Preynat) et tant d’autres prêtres auxquels “ils faisaient confiance par ce qu’on leur avait appris qu’un prêtre on peut leur faire confiance, qu’un prêtre c’est quelqu’un de bien, c’est quelqu’un qui fait le bien (…). Qu’importe le prix à payer, moi je ne viens pas pour défendre une institution, je viens défendre ces gamins”. Concernant le cardinal Barbarin et les accusations portées contre lui, il répond : “qu’on soit d’accord ou pas d’accord avec ses engagements, on ne peut pas le suspecter, on ne peut pas l’accuser d’avoir de la complaisance avec ces crimes (…). Pour les deux affaires qui ont eu lieu sous son mandat, quand il était évêque de Lyon, il a été intransigeant, les hommes se sont retrouvés devant les flics et suspendus immédiatement de leur ministère”.
La culture du silence, une époque révolue
Les Victimes du père Preynat ont dénoncé l’omerta qui sévissait au sein de l’Église, “une époque révolue” selon Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général de la Conférence des Evêques de France, au cours d’une interview sur Europe 1, ce mercredi 16 mars. “Je crois vraiment qu’aujourd’hui il n’y en a pas. Sans doute il y a 30 ans, pas parce qu’on pensait que ça préserverait l’Église mais parce que les familles elles-mêmes disaient parfois qu’il ne fallait pas faire quelque chose contre ce prêtre, parce que ce prêtre était aimé des gens. Cette omerta, elle n’était pas que celle de l’Église, c’était celle de la société tout entière”, a-t-il ajouté. Et alors que certains faits dénoncés sont désormais prescrits, “cela ne change rien à la responsabilité de l’Église”, estime le porte-parole de l’épiscopat. “La douleur ne se prescrit jamais. Au-delà d’une prescription et du respect des droits, il y a une responsabilité morale et pastorale qui n’a pas de prescription”, a-t-il assuré.
Hommage à Benoît XVI
Tous reconnaissent à Benoît XVI les mérites de cette réelle prise de conscience de l’Église. L’abbé Grosjean lui a rendu hommage : “Benoît XVI, très critiqué, très caricaturé, et dénigré… on lui doit cette prise de conscience. Il a décidé de l’opération vérité, de la zéro tolérance, il savait que ça allait lui en coûter cher, sa réputation, que ça allait éclabousser toute l’Église, mais il a dit qu’importe, aujourd’hui ce sont les victimes qui sont la priorité et on sera du côté des victimes”.