Le point sur l’affaire qui éclabousse le cardinal lyonnais, accusé d’avoir protégé un prêtre pédophile de son diocèse.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
L’affaire Preynat ne date pas d’hier. Dès 1970 et pendant plus de 20 ans, le père Bernard Preynat a encadré un camp scout de la paroisse de Sainte-Foy-Les-Lyon et commis alors de nombreux abus sexuels sur des enfants âgés entre 8 et 11 ans. En 1990, Mgr Decourtray, à l’époque archevêque de Lyon, apprend ces agissements et décide de le muter selon la procédure en vigueur dans l’Église à ce moment là.
“Je n’ai jamais nié les faits qui me sont reprochés”
Le problème n’est pas résolu pour autant. En 2015, plusieurs victimes présumées apprennent que le prêtre a continué d’enseigner le catéchisme à des enfants. En réaction, ils décident de créer Parole Libérée, l’association d’Aide aux anciens du groupe Saint-Luc victimes de pédophilie, qui porte alors plainte contre le père Preynat. Celui-ci est mis en examen le 27 janvier 2015, pour “agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité”. Des accusations qu’il ne niera pas comme l’attestent certains extraits de ses lettres d’aveux à des parents de victimes, mises en ligne sur le site de l’association : “Vous savez que je n’ai jamais nié les faits qui me sont reprochés. Ils sont pour moi aussi une blessure dans mon cœur de prêtre”, peut-on y lire.
Le Primat des Gaules pointé du doigt
Que dire du rôle joué par les autorités religieuses, “informées par certains parents dès 1990” ? Que penser des actions “disciplinaires” conduites à l’encontre du prêtre qui se sont “bornées” à le déplacer à trois reprises, sans jamais s’assurer “qu’il ne soit plus en contact avec des enfants et ce jusqu’à la fin de sa vie” ? Autant des questions qui vont consumer la patience des victimes et les pousser à se retourner contre l’archevêque de Lyon, le cardinal Barbarin. En poste depuis 2002, trois victimes l’accusent de n’avoir finalement pris la décision de le suspendre qu’en 2015. Vendredi 4 mars, le parquet de Lyon a ordonné une enquête préliminaire pour “non-dénonciation de crime” et “mise en danger de la vie d’autrui”.
Pris à partie par les victimes, le Primat des Gaules se défendait alors dans les colonnes du quotidien La Croix, le 10 février 2016, :
Quand je suis arrivé à Lyon, je ne savais rien. Quand j’ai appris les faits, nous ne disposions d’aucune plainte. (…) Si le procès se clôt en raison de la prescription, j’ouvrirai alors un procès canonique, car un jugement doit être rendu.
Interrogé de nouveau le 9 mars 2016 par Le Parisien, le cardinal Barbarin s’explique :
En 2007, ce sont des bruits qui courent et ce sont des faits très anciens. Je n’ai vu personne à ce moment-là. Quand, en 1991, le prêtre a été déplacé dans une autre paroisse, je ne suis pas archevêque, je ne suis pas en responsabilités.
À la question de savoir s’il envisage de démissionner ou de se mettre en retrait, le prélat répond sans détour :
La démission, pour moi, n’est pas une question d’actualité. Si je suis fautif, si je suis “occasion de scandale”, alors là on verra. La justice va faire son travail (…) Je suis plus sensible à leurs souffrances qu’à la mienne. Si je peux aider… Je porte les souffrances terribles provoquées par ce prêtre.
À l’appui de ses déclarations, il faut se rappeler qu’en mai 2014, le cardinal Barbarin avait ordonné la suspension immédiate d’un prêtre mis en examen pour “corruption et atteinte sexuelle sur mineur”.