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L’ahurissante réponse du gouvernement allemand aux tristes événements de Cologne…
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Les 25 et 26 février derniers, s’est tenue à Berlin une conférence organisée par le ministère de la Santé allemand sur le thème : “Sexuelle Gesundheit von Migrantinnen und Migranten stärken – Améliorer la santé sexuelle des migrantes et des migrants”. À cette occasion, a été présenté un site très étonnant : www.zanzu.de. Le site accessible en 13 langues est explicitement destiné aux nouveaux venus en Allemagne mais pas exclusivement : tous les citoyens allemands sont invités à y trouver l’inspiration.
Le communiqué officiel du gouvernement allemand publié par les services d’Annette Widmann, secrétaire d’État auprès du ministre fédéral de la Santé du gouvernement Merkel, se veut très clair sur les destinataires de cette plateforme en ligne : « Avec ce portail accessible en plusieurs langues, le centre fédéral pour l’éducation sexuelle réalise une importante contribution visant à l’amélioration de l’accès aux soins des Migrantes et des Migrants. Le portail d’information contient des informations autour des questions de grossesse et de naissance, sur le thème de la contraception et de la santé sexuelle. »*
“Ce n’est pas un problème si vous aimez la pornographie”
Ce projet part très certainement des meilleures intentions du monde, surtout que depuis la Saint-Sylvestre les Allemands, et surtout les Allemandes, ont à cœur d’expliquer aux migrants comment les choses doivent se passer en Europe et de leur apprendre le respect que tout homme doit à toute femme. Une question dès lors brûle les lèvres : les femmes ne sont-elles dignes de n’être respectées qu’en Europe ?
À peine l’on commence à explorer le site que l’on se sent très vite extrêmement mal à l’aise. Si c’est bien le rôle de l’État d’empêcher les agressions sexuelles, les viols, les violences conjugales, est-ce vraiment le sien d’expliquer que “ce n’est pas un problème si vous aimez la pornographie. Beaucoup de personnes aiment cela” ? La suite va pourtant encore plus loin.
Le site, financé par le ministère fédéral allemand de la Santé et le ministère flamand de l’Aide sociale, de la santé publique et de la famille, alterne en effet de manière perverse et insidieuse les assertions qui ont toute l’apparence de vérités générales incritiquables et prétendument scientifiques : “Il n’y a pas de règles pour définir si une sexualité est satisfaisante ou ne l’est pas. Cela varie d’une personne à l’autre”, et des impératifs qui dictent aux citoyens comment vivre leur sexualité : “Essayez d’avoir de la variété dans votre vie sexuelle“, impératif assorti d’ailleurs d’un lien hypertexte vers une page expliquant toutes les “différentes pratiques sexuelles” et “différentes sexualités” qui permettent d’avoir cette variété et d’obéir à cette bienveillante administration qui veut veiller sur la “santé sexuelle de ses citoyens”. Le ministre de la Santé ordonne également comment l’on doit s’aimer et quelle place doit avoir la jalousie dans un couple : “Ni votre partenaire ni vous ne devez vous montrer jaloux pour prouver que vous vous aimez“. Attention, si vous êtes tout simplement “jaloux”, l’État veille.
Une injonction insidieuse et permanente au sexe
Mais ce n’est pas tout : les impératifs se suivent et s’enchaînent, quelle que soit la langue choisie, puisque l’original en allemand multiplie les impératifs. Le ministère allemand de la Santé nous donne ainsi cet autre ordre : “Stimulez votre propre désir sexuel” avec d’autres conseils très avisés, ordonnés toujours et encore à l’impératif, comme : “Parlez de vos fantasmes sexuels. Regardez des photos érotiques ou un film…”. Oui, vous avez bien lu : malgré tous les ravages sur la psyché des personnes et les addictions terribles et nocives qu’elle provoque, la pornographie est non seulement présentée comme anodine par le ministère allemand de la Santé, mais bien pire, ce site réalisé par le ministère encourage, incite voire ordonne aux migrants, ainsi donc qu’à ses concitoyens présents et futurs, de consommer de la pornographie.
On peut se demander si c’est ainsi qu’on évitera que se reproduise le drame de Cologne : on peut en effet douter que ce soit la pornographie qui apprenne en Europe aux hommes à respecter les femmes.
Une idéologie imposée du sommet ?
Ce site est extrêmement révélateur de ce que dénonçait avec justesse le cardinal Müller à Cologne il y a quelque jours : des groupes de pensée tentent d’imposer une idéologie à toutes les catégories de populations et sur les sujets les plus intimes en usant de tous les pouvoirs de l’État. Qu’y a-t-il en effet de plus intime que le rapport d’un être à sa sexualité ? Et pourtant, avec tous ces impératifs produits par un site du ministère de la Santé, on instrumentalise l’État dans l’optique claire d’imposer une vision très spécifique de la sexualité. On prétexte une vision purement technique, celle de la santé, de la médecine, en utilisant un langage prétendument scientifique et qui nous apparaît neutre. Pourtant, proposer un tel regard sur la sexualité, c’est la dénaturer complètement. Voir la sexualité comme une affaire de santé individuelle, c’est corrompre sans le dire la nature de l’acte et sa dimension humaine.
Le guide de la prostituée idéale
Or, ce qu’il y a de dramatique dans ce site, c’est justement l’absence d’humanité que l’on ressent dans l’exposition d’un tel regard sur la sexualité. C’est une vision strictement matérialiste et inhumaine que répand la puissance publique sur la toile. On ressent d’autant plus cette imposture quand on voit ce que ce site à destination en priorité des migrantes (puisque le féminin est placé avant le masculin) dit à propos de la prostitution, les prostituées étant nommées poliment “travailleuses du sexe”, avec des conseils qui se veulent judicieux :
“Conseils aux travailleurs du sexe : En tant que travailleur/se du sexe, il est important de :
- Demander à être payé(e) à l’avance ; faire confiance à votre intuition ;
- Détournez-vous des clients douteux ; protégez vos propres limites ;
- Informez clairement les clients de ce que vous voulez et ne voulez pas faire. Personne n’est autorisé à vous contraindre en faire quelque chose contre votre volonté ; créez un environnement sûr. Par exemple : travaillez dans un hôtel, informez des amis, écrivez les noms et numéros de téléphone…“.
On est forcément estomaqué lorsque l’on sait que le site a été pensé et conçu comme étant d’abord à destination des migrantes et des migrants. Est-ce une incitation à trouver du travail dans un secteur qui embauche, tout particulièrement les femmes en détresse ? Il faut reconnaître que ce site laisse sans voix. Non content d’investir le lit de ses citoyens et de chercher à modeler la vision de ce qu’ils ont de plus intime au monde, le ministère allemand de la Santé, via le centre fédéral allemand pour l’Éducation sanitaire, explique aux migrantes qui fuient la guerre et la misère comment devenir de “bonnes prostituées”.
Une colonisation idéologique qui ne se cache plus
On voit très clairement ici que cette vision froide, techniciste et purement médicale de la sexualité aboutit à une complète déshumanisation de l’homme et de la femme. Et encore qu’une telle vision existe dans la société, c’est le mal nécessaire de la démocratie et de la liberté d’opinion et de conscience ; mais qu’elle soit promue, encouragée et financée par l’État, voilà tout de même un scandale qui risque de mobiliser de plus en plus de monde. Il s’agit d’une véritable colonisation idéologique de toute la société par des groupes minoritaires qui instrumentalisent l’État.
C’est un totalitarisme soft qui semble s’installer dans lequel l’État, sous prétexte de promouvoir la santé, s’approprie tous les espaces intérieurs et intimes des femmes et des hommes, des familles et des couples : dans son dernier essai, La France contre les robots (1946), Georges Bernanos avait déjà entrevu cette sorte de conspiration menée au nom de la technique et qui envahit toute la sphère intime et intérieure ainsi que la conscience des femmes et des hommes : “On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure”. Le pape François s’en était également ému à Manille.
La théologie du corps : primordiale pour comprendre et vivre la beauté de la relation sexuelle
La sexualité ne concerne pourtant pas uniquement le corps pensé comme indépendant de l’âme et de l’esprit, comme l’a si bien enseigné saint Jean Paul II : c’est toute notre personne par notre corps qui est engagée pour vivre cette communion de l’époux avec l’épouse. Et c’est parce que la sexualité est l’une des plus belles manières de vivre le don désintéressé de soi-même qu’un tel langage prôné par l’État en dénaturant la sexualité pour n’y voir que la santé ou le plaisir individuel dénature aussi le rapport des femmes et des hommes à ce qu’ils ont de plus intime dans leur relation conjugale. C’est une violence extrême faite à leur conscience et à ce qu’ils ont de plus précieux. Et le langage prétendument scientifique et neutre rend la critique d’autant plus malaisée pour beaucoup d’individus révulsés par ce genre de discours.
On peut ainsi terminer avec l’un des plus beaux cadeaux que saint Jean Paul II a fait aux hommes et tout particulièrement aux femmes, en cette Journée de la femme, car l’on comprend avec ce genre de site qu’il est d’autant plus urgent que les chrétiens et les hommes de bonne volonté se réapproprient le mystère de la nuptialité et le respect de la sacralité qui entoure le corps, “le temple du Saint-Esprit reçu de Dieu”, disait saint Paul. Puisque s’il y a bien une vision positive à avoir de la sexualité, c’est, nous dit saint Jean Paul II, “parce que le don sincère et mutuel conduit non seulement à la beauté de la relation sexuelle, à la beauté de la communion des époux mais révèle aussi la valeur de la personne humaine. La personne est faite pour aimer et être aimée, c’est-à-dire donner et recevoir l’amour, et la théologie du corps nous fait découvrir le corps comme un merveilleux moyen d’aimer. Le corps parle un langage particulier, unique, dans l’amour”.
* Die ParlamentarischeStaatssekretärin beim Bundesminister für Gesundheit, Annette Widmann-Mauz : “Mitdem mehrsprachigen Informationsportal zanzu.de leistet die Bundeszentrale fürgesundheitliche Aufklärung einen wichtigen Beitrag, um den Zugang von Migrantinnen und Migranten zur Gesundheitsversorgung zu verbessern. DasInformationsportal enthält viele Informationen rund um Fragen derSchwangerschaft und Geburt, zum Thema Verhütung und sexueller Gesundheit.”