Selon l’Administration d’Etat pour les affaires religieuses, les religieux sans certificats ne pourront exercer une activité religieuse.Dans le cadre de la nouvelle stratégie de contrôle du Parti communiste chinois sur les groupes religieux en Chine, Beijing a commencé à délivrer des certificats indiquant le nom séculier, le nom religieux, le numéro de la carte nationale d’identité, et a attribué un matricule religieux aux moines bouddhistes à travers le pays.
À la fin de cette année, les autorités demanderont la même chose aux prêtres catholiques et taoïstes ont indiqué au début du mois la chaîne publique CCTV et le tabloïde Global Times. La religion protestante et l’Islam, deux autres religions officielles du pays, se verront certainement appliquer le même régime dans un proche avenir. Selon l’Administration d’État pour les affaires religieuses, les religieux sans certificats ne pourront exercer une activité religieuse. Mais ce dernier projet de pacification et de domination pourrait se révéler une erreur de calcul du tout puissant Parti.
En effet, depuis l’arrivée au pouvoir du Président Xi en Mars 2013, les burqas ont été interdites à Xinjiang. Les forces de sécurité ont fermé les “madrassas illégales”. Récemment, Beijing a parlé d’interdire les « vêtements terroristes » à Xinjiang, sans les définir clairement. Plus de 1500 croix d’église ont été abattues dans la province de Zhejiang, et les dirigeants du Parti assistent maintenant à la messe pour étouffer tout signe de dissidence. Au Tibet, les moines et nonnes se plaignent que les autorités ont interdit les images de leur chef spirituel le Dalaï-lama, forçant les monastères et les couvents à afficher des images de Xi et d’autres dirigeants du Parti.
La frustration est forte chez les centaines de millions de croyants, bien plus que depuis la mort de Mao Zedong en 1976. Le Parti communiste chinois harcèle, torture et même tue des membres de ces groupes religieux pour préserver le Parti et maintenir la stabilité. Mais en essayant de tout contrôler, le Parti risque d’inciter les groupes religieux à chercher les moyens d’ébranler l’emprise de Beijing.
Fait rare, le Global Timesa reconnu ce problème dans une évaluation du nouveau projet de certificat religieux. « Il sera utilisé par les dirigeants pour interdire les chefs religieux qu’ils n’aiment pas dit Liu Peng, le directeur de l’Institut Pushi pour les sciences sociales à Beijing. Les prêtres de l’église catholique soutenue par l’Etat ont déjà indiqué sur ucanews.com, que plutôt que d’obtenir le certificat ils pourraient choisir la clandestinité. Mais pour beaucoup ce sera un tournant : des religieux qui auparavant se soumettaient à la règle choisiront de fonctionner en dehors du système contrôlé par l’État. Ceci va à l’encontre de l’objectif de Beijing. Le projet de certificat divisera l’église et les autres religions selon que leurs membres partagent ou non la ligne du parti.
Le Parti communiste ne fait pas dans la douceur et rien ne peut laisser croire que Beijing fera marche arrière. Il n’est pas étonnant que le Parti soit détesté par la majorité des démocrates à Hong-Kong, une majorité croissante à Taïwan, et la majorité du monde civilisé, et qu’après 67 ans de règne sur le territoire chinois, le Parti reste paranoïaque et apparemment si faible qu’il continue à censurer toute opinion contraire aux siennes. L’échec évident de ce nouveau projet de certificat religieux relaté par les médias semble être l’unique raison d’être optimiste. Autrement, tout laisse croire qu’il y aura une nouvelle confrontation importante entre le Parti et les croyants en Chine. Et cela ne saurait que faire davantage de mal à ces croyants et au Parti qui reste fragile.