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La laïcité à la française ou le triomphe des signes intérieurs

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Ronald Barakat - publié le 04/03/16
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Le vrai croyant a davantage besoin d’afficher le signifié que le signifiant de ses signes religieux. C’est ainsi qu’il offrira le bon exemple, inspirera ses semblables et leur démontrera l’amour absolu.

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Ce mardi 1er mars, le pape François recevait à Rome, en audience privée, une délégation menée par les “Poissons roses”, mouvement politique d’inspiration chrétienne positionné à gauche. Et il a eu quelques mots au sujet de la laïcité à la française : “Votre laïcité est incomplète. La France doit devenir un pays plus laïque. Il faut une laïcité saine”. Une “laïcité saine” qui, dans la bouche du Saint-Père, s’opposerait à la “sainte laïcité” devenue quasiment une religion civile, une laïcité inclusive, donnant sa place au sens, au spirituel, à l’expression des convictions.

“Une laïcité saine comprend une ouverture à toutes les formes de transcendance, selon les différentes traditions religieuses et philosophiques. D’ailleurs même un athée peut avoir une intériorité. (…) Une critique que j’ai envers la France est que la laïcité résulte parfois trop de la philosophie des Lumières, pour laquelle les religions étaient une sous-culture. La France n’a pas encore réussi à dépasser cet héritage.”

Dans certains pays, comme en France, on interdit les signes religieux extérieurs, considérés comme “ostensibles” ou “ostentatoires”, et ce en conformité avec le principe de laïcité décrété par la loi du 9 décembre 1905, dont le but est d’instaurer l’égalité et l’impartialité, de favoriser le vivre-ensemble, sous l’égide d’un État areligieux, libéré de l’ingérence de l’Église dans la chose publique. Plutôt que d’être source de frustration, que cette interdiction soit, pour le croyant, source de motivation qui le pousse à vivre et mettre en valeur les signes intérieurs de sa foi, à remplacer l’ostentation dont il fait preuve, hélas, pour marquer (superficiellement) son appartenance à telle religion, par l’humilité dans la pratique de sa foi.

C’est, en effet, par la mise en pratique du signifié, par les attitudes, les comportements, le langage et le vécu en accord avec les préceptes de sa religion, qu’il fera valoir le signifiant religieux. Les signes extérieurs interdits apparaîtront virtuellement avec plus de force grâce à la mise en pratique des signes de foi intérieurs, réellement sentis et vécus.

Le vrai croyant a davantage besoin d’afficher le signifié que le signifiant de ses signes religieux. C’est par ce signe qu’il offrira le bon exemple, qu’il inspirera ses semblables, qu’il leur démontrera l’amour absolu, tel que prescrit par sa religion, chrétienne en l’occurrence, l’amour même de ses ennemis, et à plus forte raison l’amour de ceux qui lui interdisent d’afficher son signe religieux ; c’est par ce signe qu’il enseignera le pardon “jusqu’à soixante-dix fois sept fois” (Mt 18, 22), qu’il répandra la charité par l’aumône donnée au pauvre car “dans la mesure où vous avez fait cela à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25, 40) ; qu’il reproduira le secours du bon Samaritain envers l’étranger, voire l’ennemi, ce qui ajoute l’esprit de tolérance à celui d’entraide…

C’est par ce signe, le signe intérieur, que le croyant vaincra, qu’il gagnera certains laïques (euphémisme pour athée) à sa cause et, pourquoi pas, à son parti.

Que son seul signe distinctif soit celui qui le distingue de ceux qui utilisent les signes extérieurs à mauvais escient, pour terroriser et asseoir leur suprématie, leur pouvoir politique hégémonique, après avoir, sciemment ou non, mal interprété les signes, après les avoir dénaturés pour façonner un dieu à leur image.

Au lieu que le signe de croix soit un geste machinal, comme c’est, hélas, le cas chez beaucoup de chrétiens, qu’il soit un geste réfléchi, de sorte à ce que le chrétien digne de ce nom parle et agisse réellement au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Il est vrai que tous les signes religieux extérieurs prohibés de l’espace public d’un pays comme la France, à l’histoire et aux traditions chrétiennes, ne concernent pas uniquement la parure individuelle (vêtement, ornement, pendentif, etc.), mais également les décorations et dessins, tels que la crèche de Noël, qui n’a plus droit de cité dans les mairies et autres espaces publics, sans oublier les autres symboles et représentations tels que le crucifix, la croix, la statue de la Vierge…

Il reviendra au croyant d’intégrer, plus que jamais, la symbolique des signes extérieurs dont il est privé en public, de les vivre intérieurement – et pleinement – de sorte à les afficher dans leur immatérialité. Que le chrétien, jaloux de son identité religieuse, s’emploie à s’identifier aux signes de sa religion, au point de devenir lui-même, par ses actes, un signe vivant, une icône radieuse qui viendra combler et illuminer le vide spirituel dans l’espace public français. Que la “sainte Famille”, chassée avec la crèche, soit reproduite à l’infini par la famille chrétienne, bien enracinée dans les valeurs et l’éducation chrétiennes, qui pourra exposer sa crèche symbolique, exemplaire, unie, heureuse, dans tous les espaces publics, dans les mairies, les restaurants, les parcs, les marchés, etc., crèche vivante qu’aucune loi ne pourra interdire.

Que chaque maison chrétienne soit une crèche en soi, matérielle et spirituelle, dans cet espace public.

Tribune initialement parue sur L’Orient le jour

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