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Règlement de comptes au “saloon de l’Agriculture”

A cow, the first to arrive, is tethered in a pen at the International Agriculture Fair at Porte de Versailles, in Paris on February 25, 2016. The Agricultural Show opens on February 27, allowing farmers from all over France to promote and showcase their animals and products. / AFP / Geoffroy Van der Hasselt

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Louise Alméras - publié le 02/03/16
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Le Salon de l’Agriculture, qui se déroule du 27 février au 6 mars à la porte de Versailles parisienne, baigne dans une atmosphère particulièrement tendue et redoutée.

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L’année 2016 symbolise pour le monde agricole l’apogée d’une crise dont on se demande si elle ne porterait pas bientôt, à l’instar de la crise économique, l’adjectif de pérenne. Les manifestations bretonnes ont monté crescendo jusqu’au blocage de la rocade de Rennes, le 17 février, essentiellement par les éleveurs porcins et les producteurs de lait. En effet, jamais leurs revenus n’ont été aussi bas, jamais l’impossibilité de survivre n’avait atteint un tel point, enfin jamais le dialogue n’a semblé si inutile entre les différentes parties, des syndicats aux distributeurs, en passant par l’administration. Nous pouvons donc nous demander s’il ne se profile pas au salon de l’agriculture une ambiance de saloon, lieu traditionnel des règlements de compte et des scènes de bagarres.

D’un côté le boycott du Salon, de l’autre un désir d’en découdre enfin avec les droits refusés, de faire justice à tous ces hommes en pleurs pendant les manifestations, à tous ceux qui ont déjà mis fin à leur vie. Deux camps au sein d’un même corps qui devra sans doute lutter contre les propos au mieux compatissants, au pire ourlés de fausses promesses, du président Hollande et du ministre de l’Agriculture. Ils étaient une trentaine à s’inviter dans le jardin sarthois de ce dernier pour exprimer leur colère, le week-end précédent l’ouverture du Salon. L’adresse de leur mécontentement à son égard a donné le ton pour leur rencontre.

La baisse des charges de sept points annoncée par le Premier ministre, et “l’année blanche” de cotisations sociales proposée aux plus démunis suffiront-t-elles à maintenir un climat pacifique ?

À l’ouverture du salon, les attentes des agriculteurs sont nombreuses :

  • une meilleure régulation des prix au niveau européen pour lutter contre le dumping social ;
  • une baisse des charges sociales et des normes pour favoriser la compétitivité ;
  • une meilleure information auprès des Français sur l’origine des produits pour permettre de répondre à la demande de qualité ;
  • une autosuffisance en production biologique, dont l’importation représente 25% du marché français.

Au comptoir d’un saloon, si l’on vous proposait en voyant vos poches vides de vous donner de l’argent pour pouvoir vous payer un verre, non pas une mais dix fois, cent fois, jusqu’à vous rendre dépendant et sachant qu’ailleurs ce même verre est moins cher mais qu’on ne vous le paiera pas, alors que vous lorgnez les tables de jeux où vous pourriez vous refaire par vous-mêmes, qu’en diriez-vous ? L’enveloppe de 500 millions d’euros du gouvernement pour résoudre la crise agricole a donc bien été accueillie par un tollé.

Les agriculteurs sont endettés, soumis à la volatilité du marché sans avoir de marge de manœuvre à cause des lourdes charges. Ils demandent aussi plus de soutien à la filière agro-alimentaire, l’une des plus innovantes au monde, où l’émergence de start-ups permet d’imaginer l‘alimentation de demain.

Mais pour cela, peut-être faudra-t-il briser quelques verres ?

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