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Quand les écrivains parlent de la vocation

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Louise Alméras - publié le 01/03/16
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Comment trouver sa vocation ? Quelques écrivains ont sondé leur être et nous partagent le fruit de cette quête intérieure.

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Comment trouver sa vocation ? Romain Rolland, devenu prix Nobel de littérature en 1915, s’était posé cette question quand, étudiant à l’École normale supérieure, son choix entre l’enseignement et l’écriture le tiraillait. Il écrivit alors à Léon Tolstoï, lui ouvrant les tourments de son âme mais surtout les lumières qui y perçaient déjà. Voici un extrait de la réponse de l’écrivain russe le 4 octobre 1887 :

La vocation ne peut être connue et prouvée que par le sacrifice que fait le savant et l’artiste de son repos et de son bien-être pour la suivre.

La lettre, longue d’une quarantaine de pages, ne s’arrêtait pas là mais cette phrase fut déterminante pour son destinataire qui s’engagea résolument dans sa vocation d’écrivain.

Si l’on parle de discerner sa vocation, telle une injonction, quels sont les moyens pour la discerner ? Quelle corde fait-elle vibrer en nous ?

Tout d’abord, la notion d’appel suppose une parole qui nous est adressée, à laquelle il faut répondre répondre, celle-ci n’est pas figée dans le temps mais, continue, elle nous met en mouvement et à la fois nous précède. D’où l’importance de trouver sa voix avant toute voie, afin qu’à l’appel de notre nom nous puissions répondre sans fausse note. Saint-John Perse, au moment d’être déchu de sa nationalité par le régime de Vichy, riposta en écrivant :

“J’habiterai mon nom”.

Il avait déjà trouvé sa voie et sa voix, celle du poète indivis. La vocation est d’ailleurs une source d’unité. Bernanos nous éclaire davantage sur celle-ci quand il note dans la préface des Grands cimetières sous la lune : « Toute vocation est un appel — vocatus —et tout appel veut être transmis ». La vocation nous parle donc aussi de ce que nous voudrions donner de nous.

Ensuite Saint-Exupéry l’évoque dans son exigence — qui représente pour lui le réel exercice de la liberté —, et dans son origine, quand il achève Terre des hommes par :

Tout au long de ce livre j’ai cité quelques-uns de ceux qui ont obéi, semble-t-il, à une vocation souveraine, qui ont choisi le désert ou la ligne, comme d’autres eussent choisi le monastère ; mais j’ai trahi mon but si j’ai paru vous engager à admirer d’abord les hommes. Ce qui est admirable d’abord, c’est le terrain qui les a fondés.

Enfin Romain Gary, avec confiance, nous partage dans La Promesse de l’aube :

Le bonheur est accessible, il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner à ce qu’on aime avec un abandon total de soi.

Les vocations d’écrivains ont l’avantage d’être révélées par écrit, mais il existe autant de vocations qu’il y a de désirs de don et de transmission.

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