Le préfet du Secrétariat pour l’économie du Saint-Siège a été auditionné par la commission d’enquête royale australienne pour ses réactions face aux crimes pédophiles dans les années 70-80.
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Alors que Spotlight, sur l’affaire de prêtres pédophiles qui a bouleversé l’Amérique au début des années 2000 vient d’être sacré meilleur film à la 88e cérémonie des Oscars, la même trame se répète, dans la réalité, avec l’audition du cardinal Georges Pell, ancien archevêque de Sydney et aujourd’hui Préfet du secrétariat pour l’économie du Saint-Siège, devant la commission d’enquête royale australienne.
Les allégations
Georges Pell est bien connu des médias pour sa rigueur et son souci de transparence dans la gestion financière du Vatican, mais aujourd’hui il est appelé à témoigner devant la commission pour répondre d’allégations l’accusant d’avoir manqué de “rigueur” et fait preuve “d’indifférence et déni” face à des affaires de pédophilie remontant aux années 70-80. Il a jusqu’à jeudi prochain pour prouver devant la commission qu’il n’a pas couvert des prêtres reconnus responsables d’abus, ni tenté d’acheter le silence de victimes.
La commission d’enquête a commencé ses travaux en avril 2013, sous la pression de victimes de pédophiles dans les écoles, les établissements religieux, orphelinats, associations sportives… Elle conclura ses travaux en 2017 et donnera ses recommandations au gouvernement australien pour mieux prévenir ces crimes.
Premiers témoignages
En raison de problèmes de santé, c’est de Rome que le cardinal Pell répond aux questions des commissaires, par visio-conférence. Des milliers d’Australiens, notamment à Ballarat, dans le Victoria, où George Pell était en poste dans les années 1970 et 1980, suivent son audition. Quinze victimes se sont rendues à Rome et sont assises face au cardinal au milieu de 140 autres personnes. La commission a abordé le cas de Gerald Ridsdale, condamné pour avoir agressé une cinquantaine de jeunes garçons entre 1960 et 1980, dont son neveu, David Ridsdale, qui accuse le prélat d’avoir protégé son tortionnaire.
Dès la première audience, lundi, le cardinal a nié en bloc les accusations qui lui sont faites, mais a réitéré ses excuses pour tous les crimes commis par des prêtres pédophiles, reconnaissant que “l’Église, dans beaucoup d’endroits et certainement en Australie, a négligé beaucoup de choses, et abandonné des gens”. “Je ne suis pas ici pour défendre ce qui est indéfendable, a-t-il ajouté devant les commissaires, l’Église a fait d’énormes erreurs et elle travaille à les corriger”.
À Ballarat, il y a 45 ans…
La commission a abordé le cas de Gerald Ridsdale, condamné pour avoir agressé une cinquantaine de jeunes garçons entre 1960 et 1980, dont son neveu, David Ridsdale, qui accuse le cardinal Pell d’avoir protégé son tortionnaire.
Georges Pell était alors un jeune prêtre, conseiller à l’évêché. Son évêque, Mgr Ronald Mulkearns, avait reconnu être au courant d’accusations portées contre Ridsdale et l’avoir déplacé de paroisse en paroisse, mais lui, qui a vécu quelques temps sous le même toit que ce prêtre, a toujours nié avoir eu connaissance de ses tendances. Il reconnaît avoir entendu parfois des “rumeurs”, mais celles-ci “n’avaient pas grand intérêt pour moi”, souligne-t-il devant les commissaires, avant de préciser aussitôt : “La souffrance, bien sûr, était réelle et je le regrette beaucoup mais je n’avais aucune raison de me pencher sur l’étendue du mal perpétré par Ridsdale”.
Le cardinal assure avoir toujours cru les démentis, mais reconnaît que “lorsqu’un prêtre niait de tels actes”, il avait “une forte propension à croire sa version des faits, l’instinct étant de protéger l’institution du scandale”.