Une procession transporte chaque après-midi les pélerins catholiques en visite dans la ville sainte.À 17 h en été et 16 h en hiver, c’est une procession à laquelle tous les chrétiens sont invités à participer. Des écrits datant de l’an 392 de la pélerine Égerie, une noble dame espagnole, montrent que cette procession a toujours existé. Par ailleurs, les textes du pèlerin Mariano de Sienne, enseignent qu’en 1431 c’étaient déjà les Franciscains qui avaient la responsabilité de cette dévotion.
Quatorze stations de la Passion, différentes de celles du Chemin de Croix, sont priées, chantées, et méditées. Elles célèbrent les reliques de la Passion présentes au Saint-Sépulcre, mais aussi des moments, comme le dépouillement des vêtements, et des personnes, comme sainte Hélène, Joseph d’Arimathie, sainte Marie-Madeleine, et la Sainte Vierge. Chaque station est composée d’une hymne, d’oraisons, d’un Notre Père, d’un Je vous salue Marie, et d’un Gloria. Tout cela en latin bien sûr, langue universelle de l’Église, dont la beauté intemporelle procure une grande joie d’être catholique.
La procession suit cet itinéraire :
- L’autel du Saint-Sacrement dans la chapelle catholique romaine ;
- La Colonne de la flagellation : la vraie colonne est exposée dans cette même chapelle catholique, et grâce merveilleuse, il est possible de la toucher ;
- La prison du Christ : l’hymne de cette station demande à Jésus : “Libèrez vos serviteurs des liens du péchés, et liez-les des liens de votre amour” ;
- L’autel du partage des vêtements du Christ : l’hymne commence admirablement par : “Venez anges de la paix, de votre noble demeure du Ciel, étendez vos ailes et couvrez le corps du Christ” ;
- La crypte du recouvrement de la Croix : “Ô Sainte Croix, seule digne de porter le Roi et Seigneur du Ciel !” retrouvée dans cette même crypte au IVe siècle ;
- La chapelle Sainte-Hélène : le zèle de sainte Hélène, la mère de Constantin, est vénéré, car c’est elle qui a retrouvé la Sainte Croix.
- La chapelle du couronnement et des injures : l’oraison demande ici à Dieu de nous donner la grâce de mépriser la couronne de la vanité, pour mériter l’incorruptible couronne de gloire ;
- Le lieu de la crucifixion sur le Calvaire : là où tout s’est produit… ;
- Le lieu où le Christ expira sur la Croix : cette station est récitée lentement, à voix basse, et à genoux. Cela permet de prendre conscience de l’importance de la posture du corps dans la prière ;
- L’autel de Notre-Dame-des-Douleurs : le Stabat Mater dolorosa est chanté ;
- La pierre d’onction, remplacée plusieurs fois au fil des siècles, mais qui se situe précisement à l’endroit où Jésus a été embaumé avant sa mise au tombeau. Elle est ointe d’huile de nard et de myrrhe plusieurs fois par jour par les moines orthodoxes, ce qui embaume divinement toute la basilique ;
- Au glorieux sépulcre de Notre Seigneur Jésus Christ : l’hymne Aurora cælum purpurat est chanté, dans lequel un verset remplit les hommes de bonne volonté de paix et d’espérance : “Assez de deuils, assez de larmes, assez de douleurs ; Celui qui a vaincu la mort est ressuscité !” ;
- Au lieu de l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine : à cet endroit, deux cercles sont tracés au sol, séparés d’environs deux mètres. Ils montrent l’endroit où le jour de Pâques, Notre Seigneur est apparu à sa disciple qui l’aimait tant ;
- La chapelle de l’apparition de Jésus ressuscité à sa mère : ici le Gaude Virgo, “Réjouissez vous Sainte Vierge” est chanté, et les pèlerins s’unissent au soulagement qu’a ressenti Marie lors de la Résurrection. À cet endroit, la procession est divinement clôturée par un Salut au Saint-Sacrement.
Trois lettres qui marquent la solidité de la foi catholique
Dans le texte de certaines stations, un minuscule mot de trois lettres est bouleversant car il permet de prendre véritablement conscience du lieu dont il est question. Il s’agit du mot latin hic, “ici” en français, qui concerne les stations suivantes : la chapelle du recouvrement de la Vraie Croix, le lieu de la crucifixion sur le Calvaire, le lieu où le Christ expira sur la croix, le tombeau du Christ, et le lieu de l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine. Par exemple : “Seul espoir, ô Croix, salut ! Par Hélène, ici retrouvée”, ou encore, “Après ces mots, c’est ici qu’Il expira”, “hic expiravit” ; puis : “L’Ange dit ici aux femmes : ne craignez pas. Jésus de Nazareth, que vous cherchez : Il est ressuscité !”.
Ce mot, écrit en gras dans le carnet de chants, insiste sur le fait que l’Église sait avec certitude qu’il s’agit du véritable endroit où l’action a eu lieu. Une foi et une science chrétienne solides ne laissant aucune place à la tièdeur et au libéralisme que Jésus a en abomination : “Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ?” (Matthieu 5, 13).
Cette procession est belle et bien catholique, dans le sens “universelle”. Des pèlerins du monde entier y participent. Il est fortement touchant d’y constater la puissance universelle de Jésus, quand l’on remarque que des pèlerins qui ne connaissent pas le latin, récitent le Notre Père en chinois, japonais, ou dans des dialectes indiens.