À bord de l’avion le ramenant du Mexique, François, sans vouloir “s’immiscer” dans la campagne américaine, a estimé qu’une position comme celle du candidat républicain, qui se revendique “chrétien”, n’est pas en accord avec sa foi.
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“Quelqu’un qui ne pense qu’à dresser des murs et non des ponts n’est pas un bon chrétien, on ne trouve pas ça dans l’Évangile. Voter ou ne pas voter pour lui ? Je ne m’en mêle pas, je dis seulement : ce n’est pas une attitude chrétienne”, a déclaré le pape François dans l’avion qui le ramenait du Mexique vers Rome. Dans le collimateur, le candidat à la primaire républicaine aux États-Unis, le milliardaire Donald Trump, et ses positions anti-immigrés.
Question, réponse, réaction
Comme à chaque retour de ses voyages, le pape François répondait aux questions de la presse après un périple de cinq jours au Mexique, (du 12 au 17 février). Tous les sujets d’actualité y étaient – avortement, contraception, mariages gay, divorcés-remariés, pédophilie, migrants, crise européenne, Moscou, la Chine – mais une question en particulier a secoué la Toile et fait réagir aussitôt l’ intéressé, Donald Trump, qui a jugé les propos du Pape “scandaleux et honteux”.
La question posée au Pape est la suivante : “Saint-Père, aujourd’hui vous avez parlé très clairement des problèmes des immigrés. De l’autre côté de la frontière, se dispute une campagne électorale assez dure. Un des candidats à la Maison Blanche, le républicain Donald Trump, dans une récente interview a dit que vous êtes un homme politique et peut-être même un pion à la solde du gouvernement mexicain pour les politiques de migration. Trump a promis, s’il est élu, de construire 2 500 km de mur le long de la frontière ; il veut déporter 11 millions d’immigrés illégaux, séparant ainsi les familles… Que pensez-vous de ces accusations contre vous et dites si un catholique, selon vous, peut voter pour ce genre de personne ?”.
Réponse du Pape : “Grâce à Dieu il a dit que je suis politique. Car Aristote a dit que “l’homme est un animal politique”, je suis donc au moins un homme ! Et que je suis un pion ? (…) Je vous laisse juger, je laisse les gens juger… Et puis, une personne qui ne pense qu’à faire des murs et non des ponts, peu importe où cela se passe, n’est pas un chrétien. On ne voit pas cela dans l’Évangile… s’il a vraiment dit ces choses-là, cet homme n’agit pas en chrétien, mais il faut savoir s’il a bien dit cela, je lui laisse donc le bénéfice du doute”.
Réaction de Donald Trump : “Qu’un leader religieux mette en doute la foi d’une personne est honteux. (…) Aucun dirigeant, notamment un responsable religieux, ne devrait avoir le droit de remettre en question la religion ou la foi d’un autre homme (…). Le gouvernement mexicain et ses dirigeants ont fait des déclarations désobligeantes à mon encontre auprès du Pape (…). Je suis fier d’être chrétien et, comme président, je ne laisserai pas la chrétienté être constamment attaquée et affaiblie, contrairement à ce qui se produit en ce moment avec notre actuel président”.
Pas d’ingérence, mais les paroles d’un homme de foi
La semaine dernière, Donald Trump avait déclaré sur la chaîne Fox Business : “Je pense que le Pape est quelqu’un de très politique (…). Je pense qu’il ne comprend pas les problèmes de notre pays. Je ne suis pas sûr qu’il mesure le danger que représente (pour nous) cette frontière ouverte avec le Mexique”. Le Vatican avait aussitôt réagi, expliquant que François ne parlait pas en homme politique mais en homme de foi : “La politique n’est pas le métier du Pape. C’est un homme de foi, il ne faut pas s’étonner que son message pastoral ait des répercussions politiques et sociales”, avait déclaré le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège.
On le sait le pape François, lui-même “fils d’immigré”, a fait de la défense des migrants et des plus vulnérables l’une des grandes priorités de son pontificat. Mercredi, dernier jour de son voyage, à Ciudad Juárez, devant plusieurs dizaines de milliers de personnes, il a de nouveau dénoncé la “tragédie humaine” des migrations forcées. À la veille de la messe, le Vatican avait rappelé la préoccupation “universelle” du Saint-Père pour tous les migrants et réfugiés : “Le Pape parle toujours des problèmes liés à l’immigration, du devoir de tous à résoudre ces problèmes de manière humaine, d’accueillir ceux qui viennent d’autres pays à la recherche d’une vie digne et paisible (…). Si M. Trump venait en Europe, il se rendrait compte que le Pape, sur l’immigration, tient le même langage à tous : Italiens, Allemands, Français ou Hongrois”, avait assuré le père Lombardi.