Après la rencontre historique entre le Pape et le patriarche orthodoxe de Moscou, les réactions se multiplient, saluant “un geste audacieux” et “une obéissance évangélique” qui devrait “servir d’exemple”…
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“L’œcuménisme ne sera jamais plus comme avant !” Voici le cri du cœur du père Enzo Bianchi, fondateur et prieur de la Communauté œcuménique de Bosé, en Italie, au lendemain de la rencontre historique entre le pape François et le patriarche orthodoxe Cyrille de Moscou, le 12 février dernier.
Joie et émotion
Interrogé par Radio Vatican, le prieur de la communauté monastique réagit avec joie et émotion à une rencontre qu’il dit attendue par tous les chrétiens “depuis 50 ans” et s’est réalisée “tout d’un coup, dans un lieu anonyme, sans foule pour les applaudir”. Enzo Bianchi voit cet heureux aboutissement “un miracle” dû à “l’entêtement” et “l’audace” de deux hommes profondément “œcuméniques” et “obéissants à l’Évangile”. D’un côté un Pape qui souhaite avancer non plus en disant “quand l’Esprit le voudra” ou “comme l’Esprit voudra”, mais en se pliant docilement à Lui ; de l’autre un patriarche, bien connu des moines et moniales chrétiens de Bose, qui a beaucoup travaillé pour “la communion et pour des échanges fructueux entre l’Église orthodoxe et les Églises européennes”.
À tous ceux qui attribuent à leur déclaration commune des visées “plus sociologiques que pastorales”, voyant en cette rencontre comme une sainte alliance contre la société moderne, le prieur répond : “Non ! Le Pape – et nous l’avons vu – n’est pas un homme qui suit les lois de la politique ni se plie aux chemins tortueux de la diplomatie. C’est un homme évangélique. Il a tout simplement voulu tendre la main et dire : “Nous sommes frères, nous devons nous rencontrer”. Et il a dit à Cyrille : “Où tu veux, quand tu veux, comme tu veux…””.
Un exemple à suivre pour construire un dialogue
Le prieur est rejoint dans ses propos par le père Federico Lombardi, directeur du bureau de presse du Saint-Siège qui est revenu dimanche sur l’événement: “ce fut une rencontre vraiment pleine de joie, une joie évangélique, celle de disciples du Christ qui savent qu’ils répondent au désir que celui-ci a manifesté lors de la dernière Cène, après une très longue période de séparation et d’incompréhension”, a-t-il dit, “incroyable seulement qu’il leur ait fallu 1 000 ans pour se rencontrer !”. À ce propos, le porte-parole précise que cela fait deux ans que le patriarche et Cyrille manifestaient mutuellement leur désir de se rencontrer et qu’ils “ont tout fait l’un et l’autre pour y arriver”.
De son côté, le père Alexandre Volkov, porte-parole du patriarche Cyrille, espère que cette rencontre historique “servira d’exemple aux autres” dans la manière de “construire un dialogue”, montrant que “même dans les pires conditions, une voie pour trouver des actions communes et progresser est toujours possible”. Les deux chefs religieux se rencontraient pour la première fois, mais “on aurait qu’il se connaissait depuis longtemps”, confie le porte-parole sur le site orthodoxe russe Pravmir. Rien de “révolutionnaire” ni d’ “éclatant” lors des discussions entre les deux hommes, fait-il savoir. Les questions à caractère théologique ou dogmatique n’ont pas été abordées, et “ne devaient pas l’être”, commente-il, mais tous les points soulignés dans la déclaration commune sont le signe d’un dialogue “franc et sincère” ouvert entre Cyrille et François.
En Syrie, la rencontre entre le pape François et le patriarche Cyrille est perçue comme le fruit de la croix qu’ils vivent actuellement. “La souffrance de tous les chrétiens du Proche-Orient porte le fruit de l’unité et pourra en porter également d’autres. Ceci est pour nous source de grande consolation et nous aide à aller de l’avant, même si nous devons souffrir encore”, a confié Mgr Georges Abou Khazen OFM, Vicaire apostolique d’Alep pour les catholiques de rite latin, à l’Agence Fides.
Vers une réparation du grand schisme chrétien
Enfin, réaction du pasteur Olav Fykse Tveit, le secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE) qui salue “la portée œcuménique historique”, à un moment “particulièrement opportun dans le contexte de crises et de conflits qui afflige le monde”. Le COE, précise le pasteur dans un communiqué, “célèbre cette rencontre comme un grand pas vers une réparation du schisme entre le christianisme oriental et occidental”. L’ouverture du pape François au dialogue avec les responsables des Églises orthodoxes est un “signal fort”, motif d’espérance pour tous les chrétiens. Le pasteur espère que cette rencontre saura “inspirer” les Églises, les sociétés, et la communauté internationale dans leurs efforts et engagements visant à “résoudre les conflits et apporter à tous paix, justice, et dignité humaine”.