Dans la frénésie des corps qui se consomment, les frémissements de peaux qui se touchent, l’excitation du plaisir est au rendez-vous mais le cœur n’y est pas.
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Les baisers se multiplient au rythme effréné d’un bouillonnement intérieur et de cette chair fébrile, difficile à contrôler. Ces êtres perdus s’offrent mil baisers, et fermant les yeux, se jettent comme des suicidés dans l’océan noir de l’illusion romantique. Ils ne sont plus dans le réel, mais dans la jouissance d’eux-mêmes à travers l’autre, dans l’évasion ridicule du passionnel et de l’amour-spectacle. Ces êtres tant élancés s’exposent malheureusement au risque d’une casse qui n’épargnera nullement leurs âmes respectives, car brouillés par de fausses conceptions de l’Amour, ils en font un produit de consommation dont on abuse pour mieux le jeter ensuite. L’Amour n’est pas l’expression de sensuels instincts, mais d’un commun dessein qui nécessite l’union des volontés.
Antoine de Saint Exupéry soulignait à juste titre que l’Amour ne tient pas au fait de se regarder dans le blanc de l’oeil, mais bien plutôt à ce regard commun tourné vers une seule et même direction.
De l’importance du corps dans l’expression de l’Amour
Que les puritains n’y voient pas là un soutien à leur élucubration, car il s’agit justement du contraire ! Mon propos ne s’adresse pas contre le corps humain, mais bien plutôt en sa faveur. Le corps n’est pas un instrument dont on fait usage au gré de nos petites envies libidineuses, il est le sanctuaire sacré qui permet d’exprimer l’Amour, ce mouvement intérieur qui provient des tréfonds de l’âme. L’Amour est une Divine Liturgie qui ne peut se déployer qu’à travers son langage d’exception !
Le corps est à l’âme, ce que l’écrin est à son trésor. Autrement dit, le corps est ce signe visible par laquelle se traduit une réalité intérieure. Si le corps est un sanctuaire, on veille alors à ce que ses portes ne soient nullement ouvertes aux brigands mal intentionnés – certes souvent aveugles – qui dès lors ne manqueraient pas de s’y précipiter pour le profaner.
Ainsi, lorsque l’esquisse d’un Amour se dessine, il convient ,avant toutes choses, de se rappeler que celui-ci s’exprime très souvent dans les petites attentions, et a fortiori, dans les gestes délicats qui disent bien plus que milles paroles, lesquelles très souvent, s’envolent. On ne manquera pas d’exprimer quelques tendresses, tout en veillant à ce que les actes posés traduisent toujours cet Amour caché dans le château de l’âme, et non quelques désirs excités en vue seule du plaisir.
L’Amour, plus qu’un idéal : une vérité qui se vit authentiquement
L’Amour n’est pas cet idéal, seulement présent dans l’imaginaire de nos poètes, réservé à quelques élites particulières, et que jamais personne ne peut atteindre, car si parfait, si loin des réalités de l’existence humaine, laquelle est arpentée par les souffrances, les blessures, et la mort.
L’Amour, cet idéal plus que parfait qui jamais ne pourrait se conjuguer au présent de nos vies.
Non ! l’Amour est bien plutôt la vérité, à laquelle tout être humain aspire, et sans laquelle le cœur humain se retrouve desséché, vidé de sa substance. Il est cette vérité, qui dévoile et accueille l’autre tel qu’il est, avec ses limites et ses épines.
L’Amour n’est pas cette fausse mystique, qui voudrait se soustraire à toutes les réalités du corps et de l’âme, fussent-elles les plus désagréables, les plus honteuses. L’Amour n’est pas même une évasion qui relèverait davantage du concept, de l’idée plutôt que du réel et du charnel. L’Amour ne peut être réduit à un simple contrat, qui voudrait que rien ne vibre et que tout soit exclusivement motivé par l’intelligence, la raison.
Gare aux pudibonds ! Nous ne sommes pas de purs esprits, mais des êtres composés d’esprit et de matière ; et il serait irrespectueux à l’égard de l’œuvre divine que d’empêcher l’Amour de traverser notre être tout entier, c’est-à-dire notre sensibilité et notre chair. L’Amour, c’est l’acceptation du don tel qu’IL EST, sans aucun masque, sans aucune comédie.
L’Amour, c’est se dévoiler dans toute notre nudité, tant corporelle que spirituelle, avec ce que nous sommes. L’Amour, c’est cette synthèse grandiose de tous ces éléments présents, cette osmose intérieure, qui exige d’être motivé par le cœur, éclairé par la raison, et soulevé par la Grâce.