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Centrafrique : “La voix du Pape a été entendue”

Pope Francis (C) waves as he visits the Koudoukou school, to meet people from the muslim community, after leaving the Central Mosque in the PK5 neighborhood on November 30, 2015 in Bangui. Pope Francis on November 30 said Christians and Muslims were "brothers", urging them to reject hatred and violence on a visit to a mosque in a flashpoint Muslim neighbourhood of the Central African Republic's capital Bangui. / AFP / GIANLUIGI GUERCIA

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 29/01/16
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Deux mois après la visite de François à Bangui, sans affrontements ni accrochages, le nonce apostolique décrit un vrai “miracle”.

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Les Centrafricains retourneront aux urnes le 14 février au lieu de dimanche prochain, mais pour des problèmes d’organisation et d’irrégularités au premier tour des législatives, et non de nouvelles tensions comme on pourrait le craindre après la guerre civile qui frappait le pays il y a encore quelques mois. Le nonce apostolique à Bangui, Mgr Franco Coppola, est très optimiste : “Les problèmes qui ont causé cette guerre sont toujours là (…), mais entre les parties il n’y a plus ni accrochages ni affrontements. La voix du Pape a été entendue”, rapporte-t-il au micro de Radio Vatican.

Après le blocage … le courage

Depuis la visite du pape François, fin novembre 2015, la situation a radicalement changé, assure le nonce. Pour Mgr Coppola, tous les mérites vont à la prise de conscience suscitée dans les cœurs tout au long de son voyage, en insistant sur un concept de paix fondamental : “S’aimer en frères, malgré les différentes confessions religieuses, les différentes ethnies”, parce que nous sommes réellement frères, frères d’un même pays, d’un même Père. Pour le nonce, la visite du Pape tombait au bon moment : “La population était prête, avait envie de paix”, assure-t-il, mais après trois ans de guerre, elle était “bloquée par la peur de l’autre”. François, en venant lui parler de miséricorde, de pardon, a soufflé sur la population et sur l’Église de nouveaux sentiments, un nouvel état d’esprit : “Le courage” d’annoncer ce “qu’elle devrait annoncer et qu’elle n’osait pas annoncer devant l’énormité des délits et des crimes : le courage d’être miséricordieux”, explique Mgr Coppola.

Comme … un vrai miracle ?

Les problèmes qui ont causé cette guerre sont toujours là et ce sont les autorités qui seront issues des élections qui devront régler ces problèmes – disputées entre Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra, deux anciens Premiers ministres arrivés en tête du premier tour des présidentielles le 30 décembre dernier. Le nonce en est bien conscient mais de voir qu’entre les parties, le cessez-le-feu informel accordé pour la visite du Pape, dure encore, lui donne de bonnes raisons d’être optimiste, d’oser l’hypothèse d’un vrai “miracle” : “Il n’y a plus eu d’accrochages ni affrontements depuis la visite du pape (…) oui, on peut vraiment parler de miracle, c’est-à-dire un changement complet de la situation (…) Avec la visite du Pape le climat a complètement changé et ça reste, ça dure”, insiste-t-il.

Le référendum sur la Constitution, le dimanche suivant la visite du Pape fut un vrai test : les deux milices – l’ex Seleka, milice à dominance musulmane et les anti-Balaka à dominance chrétienne – ont essayé de reprendre leurs vieille habitudes. Ils ont tiré en l’air pour sommer la population de ne pas aller voter, rapporte Mgr Coppola. Mais la population a désobéi, elle est allée au quartier général de la MINUSCA (casques bleus de l’Onu) pour lui demander de sécuriser et pouvoir ainsi voter. “C’était la première fois que la population se désolidarisait des milices”, commente le nonce à Bangui, la première fois que les milices percevaient que la population n’était plus de leurs côtés. “Depuis, ils n’ont plus tiré, même en l’air.”

La Porte sainte, un tournant décisif

Le Pape, en allant à Bangui, a posé tant de gestes symboliques mais l’ouverture de la première Porte sainte du jubilé de la Miséricorde à Bangui fut déterminante aux yeux de Mgr Coppola : “Cela a permis à la population de se poser une question qu’elle n’avait jamais été aidée à se poser jusqu’ici “comment dépasser les blessures de la crise ?”. Toutes les organisations internationales, les Nations unies, parlent de justice, mais parler de justice, cela signifie garder dans le cœur le souvenir de ce qu’on a subi et la revendication que le coupable soit puni, et dans ce conflit vraiment s’il y avait Jésus et demandait encore “celui qui est sans péché jette la première pierre” je crois que personne ne pourrait jeter la pierre. Il y a beaucoup de fautes de part et d’autre (…)”.

Bien sûr, il y a les instances qui devront faire leur travail, poursuit le nonce, mais il était important que la population sache que “le Seigneur regarde chaque cœur, chaque personne, avec un regard miséricordieux malgré tout ce qu’elle a fait, et que ce regard miséricordieux reçu du Seigneur lui permet à son tour de regarder aussi son prochain de façon miséricordieuse”.

“Cela a beaucoup changé la donne”, assure le nonce à Bangui. Il a pu le constater dans la réaction des évêques, des prêtres, la partie la plus engagée de l’Église qui “était bloquée”, confirme-t-il, “n’osait pas parler de pardon et miséricorde” et, à la suite de la venue du Pape et de l’ouverture de la Porte sainte a commencé à oser en parler.

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